Le groupe Bouygues a été débouté mercredi dernier, 28 mai, de ses poursuites contre Le Canard Enchaîné.
Dans un article du 7 décembre 2011, l’hebdomadaire satirique revenait sur la construction du projet Balard (appelé également « Pentagone français »), projet immobilier dont le chantier a été confié à Bouygues et qui permettrait de regrouper sur un même site les différents services du ministère de la Défense. « L’ami Bouygues a raflé un marché de 3,5 milliards pour construire et entretenir le nouveau ministère de la Défense. Mais de vilains soupçons de “corruption” et de “favoritisme” viennent gâcher la fête », écrivait le Canard.
Suite à ce papier, Bouygues réclamait 9 millions d’euros au journal. En mars 2012, le groupe industriel, propriétaire de TF1, avait été débouté et avait fait appel. Lors d’une audience en février 2014, le Canard Enchaîné a défendu son enquête qui n’évoquait que des « soupçons ». Dans son jugement, la cour a validé les sources du Canard et a estimé qu’il était normal, par « déduction logique », que les doutes portent sur Bouygues, seul attributaire du chantier.
Aussi, elle a conclu que l’information relevait de l’« intérêt général ». Bouygues a donc été débouté une seconde fois, condamné aux dépens et à payer 5 000 au journal pour autres frais. « La cour considère que nous sommes de bonne foi, que nous avons fait une enquête sérieuse », s’est félicité Me Comte, l’avocat de l’hebdomadaire satirique.
Il s’est également réjoui que la cour reconnaisse qu’il était « possible de ne pas citer ses sources mais qu’une enquête pouvait être sérieuse dès lors que d’autres éléments confirmaient ce que disent vos sources ».