Visegrad Post, site web d’actualité/média, est un nouveau venu sur le web. Il a été lancé le 31 mars 2016, par une équipe francophone qui a le mérite d’accéder aux informations des pays du groupe de Visegrad (Hongrie, Pologne, République tchèque, Slovaquie) dans leurs langues et de les restituer en français.
Son but : porter « l’information d’Europe centrale, du groupe de Visegrád et des Balkans » et traiter « l’actualité d’Europe centrale d’un point de vue centre-européen ».
Une nouvelle voix permettant d’avoir un accès direct à des nouvelles qui jusqu’à présent étaient triées et interprétées par les correspondants des médias français dont l’angle d’analyse souffre souvent d’occidentalo-centrisme. Ce nouveau site veut ainsi nourrir le pluralisme de l’information à propos de cette Europe centrale si méconnue, et souvent caricaturée par la presse parisienne.
Le groupe de Visegrad
Pour situer ce nouveau « news », qui affiche une maquette soignée, fruit évident d’un vrai travail de professionnels de la presse web, il convient de préciser ce qu’est le « groupe de Visegrad », dont se réclame ce journal, dans l’histoire européenne récente.
Il s’agit d’un groupe informel réunissant les quatre pays d’Europe centrale cités ci-dessus. Il est né lors d’un sommet des chefs d’État ou de gouvernement de Tchécoslovaquie, Hongrie et Pologne dans la ville de Visegrád le 15 février 1991, pour mettre en place des coopérations entre ces trois États, en vue de favoriser le processus d’intégration européenne. De là vient le premier nom du groupe : Triangle de Visegrád. La partition de la Tchécoslovaquie débouchant sur la création de la République tchèque et de la Slovaquie a porté le nombre d’états membres du groupe à quatre. Il traduit une conception politique de l’Europe centrale dans le cadre de l’Union européenne et de l’OTAN après la disparition de l’URSS et du « bloc de l’Est ». Il a permis à ses quatre membres d’exister mieux au sein de l’ensemble européen, le passé de membre du « camp socialiste » n’y ayant apparemment pas toujours été pour certains d’entre eux un atout majeur dans leur légitime quête de reconnaissance.
Nouvelle donne
Or, les développements de la politique européenne, notamment en faveur de l’accueil des « réfugiés », a changé la donne dans ces pays où le fait national et culturel n’est en rien une variable d’ajustement à la mondialisation. On rappellera le refus des quotas de réfugiés voulus à Bruxelles par les partenaires du groupe de Visegrad dès le 4 septembre 2015 et la proposition de M. Orban d’organiser un référendum sur le sujet en Hongrie.
Cette opposition aux décisions de Bruxelles a politiquement donné au groupe de Visegrad une importance nouvelle, fragilisant significativement la légitimité des décisions de l’UE qui, on le sait, devraient en principe être prises à l’unanimité, ce qui n’a pas été le cas en l’occurrence.
L’UE à vocation fédéraliste se retrouve donc face au fait national, brandi par des états dont la souveraineté et l’indépendance ont été foulées aux pieds par l’empire soviétique et qui restent très vigilants sur ces sujets. Certains observateurs craignent même que le problème des réfugiés ne soit l’une des causes d’une possible implosion de l’UE, dont le « mondialisme » à l’ombre des États-Unis suscite de plus en plus de critiques de la droite à la gauche de l’éventail politique européen, sans parler de ce qu’il est convenu d’appeler l’extrême droite, dont l’un des premiers soucis, quels que soient les pays, reste la revendication nationale contre les empiétements grandissants de l’UE dans la vie de ces Etats.
La naissance de ce nouveau média bilingue français/anglais est un signal de plus du malaise qui à présent affecte très officiellement l’UE, alors que le futur vote aux Royaume Uni sur un éventuel Brexit et le résultat du récent référendum en Hollande illustrent la tempête qui souffle sur le projet de construction européenne.
La rédaction, qui affirme sa liberté, veut apporter un éclairage différent sur la réalité politique et sociale des États d’Europe centrale qui actuellement ne sont pas vraiment les chouchous de nos grands médias. Les bases économiques (inconnues à cette heure) de cette aventure seront sans doute déterminantes, mais moins que le sérieux du travail accompli.