Nous avions déjà parlé du rachat des Cahiers du cinéma par des fortunes des médias et de la production cinématographique. La suite de l’histoire n’est pas un chemin parsemé de roses.
Démission collective
Lors de la reprise, la rédaction avait démissionné collectivement pour protester contre la composition du nouvel actionnariat, qui mêle à la fois des investisseurs très présents dans la sphère médiatique et des producteurs de cinéma influents.
Covid, fermeture des salles, chute de la diffusion
La revue mythique, créée par Lo Duca, Doniol-Valcroze et André Bazin existe depuis 1951 et fête donc son soixante-dixième anniversaire en 2021 sous de sombres auspices.
Les Cahiers annoncent (source Lettre A) 8.500 abonnés en 2020, chiffre invérifiable et une diffusion de moins de 10.000 exemplaires par numéro, ce qui laisse un petit millier de ventes directes, chiffre lui-même non vérifié. Le titre ne compte plus que six salariés et son chiffre d’affaires a diminué de 30% entre 2019 et 2020. L’année 2021, au moment où les cinémas rouvrent à peine, devrait être pire.
3M€ sur la table et perte d’indépendance
Les investisseurs initiaux avaient mis 2,5M€ dans l’affaire. De nouveaux entrants ont apporté un peu plus de 600K€, portant l’investissement total à plus de 3,1M€. La revue envisage une nouvelle formule pour se relancer avec traduction d’une partie de ses articles en anglais.
Cet afflux d’argent sera-t-il suffisant ? Les fortunes qui soutiennent l’affaire se sont offerts une danseuse culturelle. Marc Simoncini (fondateur du site de rencontres Meetic), Xavier Niel, Alain Weill ont les poches assez profondes pour s’offrir un petit plaisir culturel. Plus inquiétant, huit des vingt investisseurs initiaux sont des producteurs de films ou de séries. L’un d’entre eux est propriétaire de Première ou du Film français qui sont plutôt des port-folios publicitaires dithyrambiques sur n’importe quel nanar sorti en salle. Les Cahiers du cinéma sous leur forme première sont bien morts, les conflits d’intérêt bien trop nombreux. Les amateurs peuvent consulter la collection antérieure à 2020, des numéros parfois injustes, discutables, mais animés d’une vraie passion.