Première diffusion le 23/09/2022.
Callac est un petit village des Côtes d’Armor de 2 200 habitants comme il y en a tant en France. Le projet de riches mécènes d’y financer l’installation de nombreux migrants a braqué les projecteurs sur ce qui pourrait préfigurer une politique plus vaste de peuplement des campagnes françaises.
Dans la couverture de ce projet, on peut compter sur les médias de grand chemin pour vanter les joies du vivre-ensemble, qui risquent désormais de concerner d’autres territoires que les villes et banlieues de l’immigration.
Callac, laboratoire des Diafoirus
Dans le malade imaginaire, Molière met en scène les Diafoirus père et fils, deux médecins charlatans, toujours prompts aux expérimentations les plus hasardeuses. Selon des organisateurs d’une manifestation organisée contre le projet de peuplement de Callac par des migrants, interviewés par un journaliste du site Breizh Info, « cette initiative est un véritable laboratoire breton du Grand Remplacement, qui, après avoir transformé nos grandes villes, va maintenant s’attaquer à nos villages ».
On connaissait déjà les nombreux échecs de l’intégration — ne parlons même plus de l’assimilation — dans les banlieues de l’immigration. Nos Diafoirus aux commandes veulent désormais transplanter ces expériences malheureuses dans la France profonde.
Le journal Le Télégramme se veut positif et nous apprend plus précisément qu’il s’agit d’« une première en France, le projet permettrait d’accueillir une centaine de réfugiés à Callac et de rénover plusieurs sites vacants de la commune. Il est porté à la fois par la municipalité de Callac et le fonds de dotation privé Merci. Ce dernier a été, selon son site officiel, crée en 2009 par un couple d’entrepreneurs, Marie-France et Bernard Cohen ».
Cette volonté de peuplement par des extra-Européens n’est pas une première à Callac. Dès 2017, Breizh Info nous apprenait l’attribution de 5 logements vides à des migrants clandestins. Le projet des riches mécènes et de la mairie marque un saut quantitatif : il s’agit désormais d’accueillir une centaine de migrants, voire bien plus, « un chiffre qui n’a pas été avancé par la mairie ou le Fonds de dotation », selon BFMTV.
Les médias de grand chemin, chevilles ouvrières du grand remplacement
Bien évidemment, ce projet bénéficie d’un accueil très favorable de la part des médias de grand chemin pour lesquels l’immigration extra-européenne n’est jamais un problème.
Aujourd’hui en France est formel le 15 août : « Dans un centre de la Bretagne vieillissant, le renouvellement de la population est crucial ». Et sans transition d’annoncer : « Il est prévu d’accueillir une quinzaine de familles de réfugiés politiques dans les dix ans à venir ».
Un journaliste du site Actu.fr est allé enquêter sur place. Parmi toutes les personnes interrogées dont les témoignages sont reproduits dans un article publié le 15 septembre, une seule est réticente à ce projet. La conclusion de l’article est laissée à un ancien député enthousiaste : « C’est une véritable chance, nous sommes en train de tourner une page de notre territoire. Sans arrivées, sans nouvelles populations, je ne suis pas certain qu’on retrouvera cette vitalité que l’on attend ».
À la télévision, TF1 a mis ses lunettes roses pour couvrir cette actualité : « Accueil de réfugiés : comment un village breton entend faciliter l’intégration de familles ».
Sur Twitter, un internaute fait après avoir vu un reportage de la chaîne de télévision sur l’implantation de migrants dans ce village de centre Bretagne un constat que l’on peut faire pour de nombreux autres médias :
Au JT de TF1, reportage sur le village de #Callac (repeuplement d’un village par des réfugiés).
-95% du temps de parole donné aux gens favorables au projet.
-Le mot “extrême” est employé pour la droite mais pas pour la gauche.
Un modèle du genre ! pic.twitter.com/6kQC5aNQZ8
— David Dobsky (@dobsky33) September 18, 2022
Sur RMC le 17 septembre, Périco Légasse, à l’instar de nombreux autres people, s’enthousiasme ;
Des étrangers pour repeupler les campagnes ? « C’est une formidable idée, on peut leur allouer un lopin de terre et en faire des paysans. C’est l’avenir de notre ruralité ».
Un discours qui a trouvé un écho favorable dans les plus hauts sommets de l’État : le 15 septembre, Emmanuel Macron annonçait la répartition prochaine de migrants dans les campagnes française, pour faire face à la « transition démographique » et améliorer leur insertion, nous apprenait un article de Breizh Info.
Parmi les médias de grand chemin qui essaient de donner un point de vue « équilibré » sur le sujet, Stéphane Kovacs évoque dans un article paru le 17 septembre dans Le Figaro « la greffe forcée de réfugiés cabre les villageois ».
On y apprend qu’« une convention de partenariat a été signée, en avril dernier, entre le fonds Merci et le maire (DVG) Jean-Yves Rolland ». Autre information importante : « Au milieu des années 1960, Callac comptait 3 500 habitants. Mais les abattoirs ont fermé, des exploitations agricoles ont disparu, des commerces ont baissé le rideau : aujourd’hui, « de nombreux jeunes sont partis travailler en ville » et l’on compte 18 % de chômeurs ».
Même si la conclusion de l’article est donnée à un élu LR de la commune « Il nous faut accepter que Callac soit un laboratoire », il ressort des informations factuelles contenues dans l’article que, finalement, transplanter des migrants dans un village en voie de désertification n’est peut-être pas une bonne idée.
À l’écart des médias de grand chemin, des critiques frontales
Nous apprenons que Marie France Cohen, la Présidente du Fonds de dotation “Merci” qui veut installer des migrants à Callac a rendu lors d’une soirée de gala un hommage à Cédric Herrou, le passeur compulsif de clandestins. « Cédric, c’est un exemple », commente ‑elle.
On se dit qu’effectivement, Callac a de fortes chances d’être un laboratoire pour les partisans de l’éradication des frontières et de l’accueil inconditionnel de la misère du monde.
D’ailleurs, le twittos Jon nous apprend que le rapport d’activité 2021 du fond de dotation “Merci ” à l’origine du projet village Horizon mentionne d’autres villages potentiels qui devraient suivre.
Sur CNews, David Bigot estime que « traiter un problème démographique en démontrant aux Français qu’ils ont moins de valeur que des arrivants fraichement débarqués va, à coup sûr, créer un problème politique! ». Car effectivement, une remarque revient en boucle parmi les opposants au projet : pourquoi avoir attendu ce projet d’implantation de migrants pour soulager la misère locale et déverser des dizaines, voire des centaines, de milliers d’euros, voire plus ?
L’écrivain Jean-Paul Pelras a écrit une « lettre à Périco Légasse, qui veut installer des migrants dans nos campagnes » parue dans Le Point le 19 septembre. Mais au-delà de Périco Léguasse, c’est aussi au président de la République que s’adresse celui qui se définit comme « de la campagne depuis bientôt 59 ans » :
« En évoquant « les espaces ruraux qui sont en train de perdre de la population » le président de la République a implicitement reconnu l’abandon de ces territoires isolés où plus personne ne veut venir soigner, investir, enseigner, commercer ou tout simplement s’établir et se reposer car il n’y a pas une seule barre pour téléphoner, pas de réseau pour se connecter, plus de clinique pour accoucher, plus de spécialiste pour diagnostiquer, plus de paysans, d’artisans ou d’industriels pour embaucher et depuis que, confinement oblige, un certain gouvernement les a poussés à plier boutique, plus de bistrot pour se désaltérer, plus de resto pour se sustenter. La liste est longue des causes et conséquences ayant précipité la déprise champêtre ».
On est loin du récit héroïque d’Emmanuel Macron, tout à son ardeur à accueillir et à répartir dans les coins les plus reculés de France tous les « réfugiés » qui demandent l’hospitalité, ou plus prosaïquement l’assistance sociale en France.
Une note de lueur vient d’un reportage du site Boulevard Voltaire consacré à la manifestation organisée le 17 septembre contre ce projet de peuplement d’un village breton. Parmi les manifestants qui récusent tout racisme, l’un d’entre eux rappelle que la pression des habitants a permis d’éviter l’implantation d’un centre d’accueil pour migrants dans un commissariat rénové à Arzano, une autre commune bretonne. Affaire à suivre, donc.