« Cam Clash », c’est la nouvelle trouvaille de France 4 qu’on jurerait faite dans le seul but de nous montrer à quel point notre pays est raciste, machiste, homophobe et intolérant.
Le concept : des situations de rues reproduites par des acteurs, sous les yeux des passants dans le but d’observer leur réaction face à des incivilités, des actes racistes ou homophobes. Le tout filmé en caméra cachée. Dans le premier épisode diffusé ce lundi 26 mai, trois thèmes étaient abordés :
- Une femme harcelée à un arrêt de bus
- Une femme faisant semblant de ne pas savoir se garer en voiture
- Deux hommes s’embrassant et se caressant à la terrasse d’un café
Pour la première expérience (sur les rats de laboratoires que sont les passants), l’homme qui harcèle une jolie femme pour obtenir un rencart est, service public oblige, un bon Français de souche avec un accent banlieusard tiré par les cheveux.
Dans la deuxième mise en scène, une femme malhabile au volant bloque la rue car elle feint de ne pas savoir se garer. Certains s’agacent, lui proposent même de garer la voiture à sa place, mais le ton reste correct. Insuffisant pour la production qui souhaite à tout prix montrer à quel point les Français sont machistes. Celle-ci décide donc de changer les règles : la femme au volant va se montrer méprisante et agressive, et un complice va s’immiscer dans le débat en lançant quelques pics misogynes du genre : « C’est toujours des bonnes femmes ! N’est-ce pas Monsieur ? » Cette fois, le ton monte d’un cran et, sous la pression de l’homme complice et du comportement insupportable de la femme au volant, des paroles plus violentes sont prononcées.
Quelle conclusion sérieuse donner à cette expérience ? Un aveu sous la torture est-il toujours un aveu ? Faut-il s’étonner que les gens perdent patience lorsqu’une rue est bloquée pendant dix minutes, en pleine journée, par une idiote mal élevée qui n’en fait qu’à sa tête ? France 4 semble satisfaite de son coup. Les Français sont anti-femmes au volant : c’est dans la boîte ! Aussi faut-il remarquer, mais la chaîne s’est bien gardée d’en tirer des conclusions, que certains hommes ont profité de cette situation pour draguer la jeune automobiliste… Et il n’est nullement besoin de préciser que les profils des aguicheurs étaient bien différents de celui mis en valeur dans la première expérience !
Troisième et dernière expérience : deux homosexuels s’embrassent et se caressent, plutôt discrètement, à une terrasse de café. Un serveur, complice, va leur faire remarquer que cela ne se fait pas parce qu’ils pourraient choquer les clients. Le serveur emploie un vocabulaire soutenu tout en confiant n’avoir aucun problème avec les « pédés ». Manque de chance pour France Télévisions, les personnes assises autour (sollicitées par le serveur lorsqu’elles n’intervenaient pas directement) ne sont pas de l’avis du serveur et trouvent presque toutes son comportement déplacé.
Le seul témoignage « hostile » que la chaîne a pu recueillir est celui d’une personne âgée qui trouve que « ce genre de choses ne se fait pas en public, qu’il s’agisse d’homosexuels ou d’hétérosexuels ». Pour l’homophobie primaire, il faudra donc repasser ! Pour autant, les personnes qui sont intervenues confient à la caméra, sans sourciller : « On vit dans un pays où les gens sont de moins en moins tolérants. » Dans un pays où, pourtant, l’union des homosexuels a été légalisée et où un serveur s’en prenant à deux personnes qui ne manifestent pas si ostensiblement leur amour est conspué par sa clientèle. Pour l’intolérance, il faudra, là-aussi, repasser…
Ce que ne va pas manquer de faire France 4, d’ailleurs, qui prépare pour le 2 juin un nouveau numéro où il sera, entres autres, question de racisme. Ça promet !