Après des années de superbe, le réseau social est l’objet de multiples critiques. L’affaire Cambridge Analytica (montée en épingle dans le cadre du Russiagate construit pour mener à l’impeachment de Trump, et l’affaire en prend bien le chemin), le non respect des données privées (qui n’étonnera que les naïfs pour employer une expression polie), la chute du cours de Bourse, la comparution de Zuckerberg devant les sénateurs américains, tout concourt à fragiliser un des empereurs de la Silicon valley. Toutes ces pressions ne visent qu’à un seul objectif : encourager voire contraindre le réseau social à mettre en place sa propre censure privée, en plus de la censure publique. Il en est de même sur les autres réseaux sociaux, Twitter, Instagram, Youtube etc. Un exemple concret venu des États-Unis.
Voice of Europe censuré
Disons le d’emblée, nous ne connaissons pas le site Voice of Europe, publié en anglais. Notre analyse ne marque ni avis favorable ou défavorable sur son contenu, mais plus simplement vise à démonter le mécanisme de la censure dont ils sont victimes de la part de Facebook. Leur mésaventure complète en anglais se trouve ici.
Mais analysons pour les lecteurs francophones. Voice of Europe poste une photo représentant des manifestants polonais défilant derrière une banderole « Mohamed, not welcome » (« Mohamed n’est pas le bienvenu »). Leur modérateur est suspendu 24h (il ne peut plus poster) et ils doivent supprimer le billet. Plus tard ils publient un nouveau billet citant Vaclav Klaus, l’ancien Président de la République tchèque qui déclarait, nous citons « Le flux migratoire est comparable aux invasions barbares en Europe », fermez les guillemets. L’article fût supprimé et ils reçurent à la fois une suspension de 30 jours et la menace directe de la suppression de leur page.
Informations et opinions interdites
Résumons : la photo des manifestants polonais est une information, certains Polonais semblent peu enthousiastes par l’immigration arabo-musulmane. C’est un fait. Pour l’ancien Président tchèque, ce que Vaclav Klaus exprime c’est une opinion que l’on peut approuver ou condamner, c’est selon. Ce n’est pas un discours de haine pour reprendre les termes de Facebook.
Dans le premier cas Facebook veut dissimuler un fait qui lui semble pour des raisons idéologiques préférable de taire. Censure par étouffement. Dans le deuxième cas Facebook dénie son droit d’expression, non pas seulement à un site, mais à l’ancien Président de la République tchèque dont l’opinion ne doit pas avoir valeur d’opinion, une non-opinion en quelque sorte. Une non-opinion ne doit pas pouvoir être exprimée car elle est contraire aux « valeurs » de Facebook.
Devant les menaces le site a décidé… de s’autocensurer lui-même. Certains posts mis sur le site ne le seront pas sur le réseau social. Et c’est bien là le but de la manœuvre. Certains mots, certains sujets, certaines expressions, certaines images, certaines opinions ne doivent pas avoir droit de cité. Une entreprise que l’on doit bien appeler totalitaire, si les mots ont encore un sens.