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Comment Facebook pratique la censure sélective : un exemple pratique

12 avril 2018

Temps de lecture : 3 minutes
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Comment Facebook pratique la censure sélective : un exemple pratique

Temps de lecture : 3 minutes

Après des années de superbe, le réseau social est l’objet de multiples critiques. L’affaire Cambridge Analytica (montée en épingle dans le cadre du Russiagate construit pour mener à l’impeachment de Trump, et l’affaire en prend bien le chemin), le non respect des données privées (qui n’étonnera que les naïfs pour employer une expression polie), la chute du cours de Bourse, la comparution de Zuckerberg devant les sénateurs américains, tout concourt à fragiliser un des empereurs de la Silicon valley. Toutes ces pressions ne visent qu’à un seul objectif : encourager voire contraindre le réseau social à mettre en place sa propre censure privée, en plus de la censure publique. Il en est de même sur les autres réseaux sociaux, Twitter, Instagram, Youtube etc. Un exemple concret venu des États-Unis.

Voice of Europe censuré

Dis­ons le d’emblée, nous ne con­nais­sons pas le site Voice of Europe, pub­lié en anglais. Notre analyse ne mar­que ni avis favor­able ou défa­vor­able sur son con­tenu, mais plus sim­ple­ment vise à démon­ter le mécan­isme de la cen­sure dont ils sont vic­times de la part de Face­book. Leur mésaven­ture com­plète en anglais se trou­ve ici.

Mais analysons pour les lecteurs fran­coph­o­nes. Voice of Europe poste une pho­to représen­tant des man­i­fes­tants polon­ais défi­lant der­rière une ban­de­role « Mohamed, not wel­come » (« Mohamed n’est pas le bien­venu »). Leur mod­éra­teur est sus­pendu 24h (il ne peut plus poster) et ils doivent sup­primer le bil­let. Plus tard ils pub­lient un nou­veau bil­let citant Vaclav Klaus, l’ancien Prési­dent de la République tchèque qui déclarait, nous citons « Le flux migra­toire est com­pa­ra­ble aux inva­sions bar­bares en Europe », fer­mez les guillemets. L’article fût sup­primé et ils reçurent à la fois une sus­pen­sion de 30 jours et la men­ace directe de la sup­pres­sion de leur page.

Informations et opinions interdites

Résumons : la pho­to des man­i­fes­tants polon­ais est une infor­ma­tion, cer­tains Polon­ais sem­blent peu ent­hou­si­astes par l’immigration arabo-musul­mane. C’est un fait. Pour l’ancien Prési­dent tchèque, ce que Vaclav Klaus exprime c’est une opin­ion que l’on peut approu­ver ou con­damn­er, c’est selon. Ce n’est pas un dis­cours de haine pour repren­dre les ter­mes de Facebook.

Dans le pre­mier cas Face­book veut dis­simuler un fait qui lui sem­ble pour des raisons idéologiques préférable de taire. Cen­sure par étouf­fe­ment. Dans le deux­ième cas Face­book dénie son droit d’expression, non pas seule­ment à un site, mais à l’ancien Prési­dent de la République tchèque dont l’opinion ne doit pas avoir valeur d’opinion, une non-opin­ion en quelque sorte. Une non-opin­ion ne doit pas pou­voir être exprimée car elle est con­traire aux « valeurs » de Facebook.

Devant les men­aces le site a décidé… de s’autocensurer lui-même. Cer­tains posts mis sur le site ne le seront pas sur le réseau social. Et c’est bien là le but de la manœu­vre. Cer­tains mots, cer­tains sujets, cer­taines expres­sions, cer­taines images, cer­taines opin­ions ne doivent pas avoir droit de cité. Une entre­prise que l’on doit bien appel­er total­i­taire, si les mots ont encore un sens.

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