Dans un article publié par le site d’investigation Bellingcat et l’hebdomadaire allemand Der Spiegel, l’agence Frontex a récemment été mise en cause pour avoir pratiqué des refoulements de clandestins en mer Méditerranée. Ces critiques contre Frontex s’inscrivent dans une campagne d’opinion menée depuis plusieurs années par des O.N.G. no-border qui bénéficient de puissants relais parmi les médias de grand chemin.
Frontex, l’agence européenne de garde-frontières et de garde-côtes, a un rôle particulièrement important dans la période actuelle, tant la pression de l’immigration clandestine est forte en Europe. Mais le travail de Frontex n’est pas un long fleuve tranquille. L’agence fait l’objet depuis plusieurs années d’une campagne de dénigrement quasi permanente venant d’associations et d’O.N.G. immigrationnistes. Les médias de grand chemin en sont fréquemment le relais.
Entre Frontex et les O.N.G., des critiques de part et d’autre par médias interposés
Les relations entre Frontex et de nombreuses O.N.G. immigrationnistes sont exécrables depuis de nombreuses années. Les critiques pleuvent d’un côté comme de l’autre par médias interposés.
Début 2017, le patron de l’agence, Fabrice Leggeri, affirmait dans une interview au journal allemand Die Welt que des O.N.G. encourageaient le trafic de migrants en Méditerranée et coopéraient insuffisamment avec la police. La publication du rapport de Frontex sur l’analyse des risques en 2017 n’a fait que détériorer ces relations. Sur la base d’observations de terrain, l’agence y soulignait que des opérations de « sauvetage » de bateaux chargés de clandestins ont été effectuées par des O.N.G. sans appel de détresse et sans information des autorités sur le lieu de sauvetage. L’activité de sauvetage et de recherche à proximité et parfois dans les eaux territoriales libyenne y est décrite comme un puissant facteur d’attraction pour les passeurs de migrants (« pull factor »).
De leur côté, plusieurs O.N.G. et des associations immigrationnistes mènent un véritable travail de sape contre l’activité de Frontex visant à juguler l’immigration clandestine, en particulier en mer Méditerranée. A partir de 2012, le réseau Migreurop a organisé une campagne auprès de l’opinion publique visant rien de moins que la suppression de Frontex. Peu après, un campagne appelée « Frontexit » a été lancée à partir de mars 2013 pour recenser les « violations des droits humains » par certains de ses agents.
Les médias de grand chemin sont fréquemment des relais efficaces de ces campagnes d’opinion, nombre de leurs journalistes partageant les convictions des no-border. On ne compte plus les articles accusant dès 2007 Frontex de pratiquer une « chasse à l’homme » (Le Monde diplomatique), de bénéficier d’un « océan d’impunité » (Politis en mars 2019), etc.
L’enquête du Spiegel et de Bellingcat
Dernier épisode en date, l’hebdomadaire allemand Der Spiegel et le site d’investigation Bellingcat ont mené une enquête sur les refoulements « illégaux » de clandestins par Frontex en mer Egée, entre la Turquie et la Grèce. Se basant sur l’exploitation d’informations en accès libre et sur des témoignages d’O.N.G., Bellingcat accuse dans un article mis en ligne l’agence Frontex d’avoir pratiqué plusieurs refoulements de clandestins entre le mois d’avril et d’août 2020. Ces accusations ont été reprises par Der Spiegel dans un article du 22 octobre 2020. A la suite de la publication de ces articles, l’Office européen de lutte antifraude (OLAF) a diligenté une enquête au sein de l’agence. Et les tracas de Frontex et de son directeur ne sont pas terminés…
Interdiction du refoulement ou protection de l’intégrité du territoire, il faut choisir
L’argument central des accusations du Spiegel et de Bellingcat dans leurs articles est que Frontex aurait pratiqué des refoulements en mer, entre la Turquie et la Grèce, sans que les migrants soient informés de leurs droits ou aient pu les faire valoir (demande d’asile, etc.). Le principe du non refoulement a dans l’Union européenne plusieurs fondements juridiques : Code frontières Schengen, Charte des droits fondamentaux de l’UE, TFUE, Convention de Genève de 1951. Mais il ne s’applique que quand un risque existe qu’un individu soit soumis à une persécution, à de la torture ou à des traitements dégradants.
Ce droit peut, par une interprétation excessivement favorable aux clandestins, s’opposer à celui de protéger l’intégrité du territoire d’un pays contre des entrées clandestines. Alors qu’à l’origine, il s’agissait d’éviter qu’un réfugié subisse des sévices s’il était refoulé, cette disposition est désormais utilisée comme un moyen de prendre pied dans l’Union Européenne et plus largement dans l’espace Schengen. Aucun média de grand chemin ne s’interroge dans les articles à ce sujet sur la raison pour laquelle les migrants venant de Turquie n’ont pas fait une demande d’asile dans ce pays dans l’un des nombreux consulats ou ambassades de pays européens. Le droit imprescriptible de faire une demande d’asile, même dans un bateau clandestin en haute mer, est érigé sans débat en principe absolu.
L’Open Society de Soros en embuscade
Les journalistes du Spiegel précisent à la fin de leur article que leur enquête a été financée par l’Investigative Journalism for Europe (IJFO), une fondation qui soutient le journalisme d’investigation dans l’Union européenne. L’IJFO ne cache pas sur son site avoir comme co-financeur l’Open Society Foundations et… la commission européenne.
Le site d’investigation Bellingcat a quant à lui reçu entre 2016 et 2018 383 000 dollars de l’Open Society Foundations. Il fait partie du « Global Investigative Journalism Network », dont la vocation est la formation et l’échange d’informations entre journalistes d’investigation. Cette association a reçu entre 2017 et 2019 1,1 million de dollars de l’Open Society Foundations.
Le créateur de l’Open Society Foundations n’est autre que le milliardaire américain George Soros, qui a abondé selon le New York Times sa trésorerie de la modique somme de 18 milliards de dollars en 2017. Le Project Syndicate fait partie de la même galaxie.
George Soros a de grands projets pour l’Europe : dans une tribune parue en 2015, il exposait sa vision du système européen de demande d’asile. Il préconisait l’accueil dans l’Union Européenne d’au moins un million de demandeurs d’asile par an. Si George Soros n’a probablement pas été à l’initiative de l’enquête de Bellingcat et du Spiegel ni n’est intervenu sur son contenu éditorial, on ne peut pas écarter que les journalistes aient cherché, par le choix du sujet et son traitement, à s’inscrire dans l’orientation idéologique de l’Open Society et de son mécène. L’influence de l’Open Society est également notable dans le « conseil de surveillance » mondial de Facebook. Sans compter ses complicités à la Cour Européenne des droits de l’homme.
Premiers résultats
L’accumulation de critiques contre les agents de Frontex qui ont la difficile mission de protéger les frontières extérieures de l’Europe et la campagne d’opinion que les O.N.G. ont su transformer en campagne de presse ont des résultats d’ores et déjà tangibles :
- Le 13 janvier, Le Figaro annonçait que « l’Office européen de lutte antifraude a confirmé lundi 11 janvier mener une enquête et avoir perquisitionné les locaux de l’agence durant le mois de décembre ».
- Ouest-France nous informe le 29 janvier que « des eurodéputés vont enquêter sur Frontex, l’agence étant accusée d’avoir pratiqué des refoulements illégaux ».
- Peut-être pour donner des gages au puissant lobby immigrationniste en Europe, Frontex annonçait le même jour suspendre ses opérations en Hongrie « pour dénoncer son système d’asile » selon 20 Minutes.
Dans ce concert de préoccupations humanitaires et de beaux principes, aucun média de grand chemin ne souligne la contradiction entre la mission de Frontex d’éviter les entrées clandestines dans les pays européens et l’interdiction qui lui est faite de refouler des clandestins qui tentent d’arriver illégalement sur les côtes européennes. Quant au signal que ces annonces envoient aux millions d’Africains sur le point d’émigrer, n’en parlons pas. Une affaire rondement menée.