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Quand certains progressistes veulent faire table rase de la culture russe

9 mars 2022

Temps de lecture : 5 minutes
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Quand certains progressistes veulent faire table rase de la culture russe

Temps de lecture : 5 minutes

Le 24 février 2022, Vladimir Poutine annonçait que la Russie entrait en guerre contre l’Ukraine. Rapidement, les premières troupes russes pénétraient en territoire ukrainien. Nous n’épiloguerons pas sur l’enchaînement des événements, leurs causes et leurs conséquences dramatiques pour les populations. Le débat à ce sujet est marqué par une lecture en noir et blanc, où toute recherche d’informations dans la zone de « gris » semble suspecte. La paix succédera tôt ou tard à la guerre, et le plus tôt sera le mieux. Le conflit qui oppose les deux États n’est pas circonscrit au champ de bataille. Il prend d’autres formes, parfois empruntées à la « cancel culture ». Plusieurs médias de grand chemin s’en font l’écho. Nous vous en livrons un recensement non exhaustif.

La cancel culture

Par­ler de can­cel cul­ture dans le con­texte de la guerre en cours en Ukraine peut paraître déplacé. Nous sommes en France loin des cam­pus améri­cains et des comités de cen­sure qui sévis­sent aux USA. Pour­tant, la déf­i­ni­tion de la can­cel cul­ture don­née par Judith Lussier, qui a con­sacré un essai à ce mou­ve­ment, paraît adap­tée aux pra­tiques qui sévis­sent actuelle­ment en France et plus large­ment en Europe de l’ouest « le fait d’éjecter des gens, des œuvres, des idées ou des mon­u­ments his­toriques de l’espace pub­lic parce qu’ils ne cor­re­spon­dent pas à cer­taines valeurs ». Nous vous pro­posons d’en juger.

RT France et Sputnik bâillonnés

Depuis quelques années, RT France et Sput­nik sont des médias très act­ifs en France. En s’écartant du con­formisme de nom­breux médias français de grand chemin, ils ont acquis une audi­ence non nég­lige­able. Rapi­de­ment après le début du con­flit entre la Russie et l’Ukraine, la Com­mis­sion européenne a annon­cé son inten­tion de cen­sur­er ces deux médias.

Le jour­nal Libéra­tion a ten­té de façon plus que laborieuse de démon­tr­er la con­for­mité de cette déci­sion au droit com­mu­nau­taire. Les réseaux soci­aux ont tiré les pre­mières salves. Les comptes Face­book et Twit­ter des deux antennes français­es de ces médias ont été rapi­de­ment désactivés.

Didi­er Mais­to souligne le 1er mars à ce sujet :

Plus incisif, François Asse­lin­eau réag­it à la sup­pres­sion par YouTube d’une inter­view don­née au média Sputnik :

Mais cen­sur­er les comptes sur les réseaux soci­aux des deux médias financés par le gou­verne­ment russe ne sem­blait pas suff­isant. Le syn­di­cat SNJ de RT France nous donne le 28 févri­er une infor­ma­tion pour le moins étonnante :

https://twitter.com/SNJ_RTFrance/status/1498363913372672000

Jonathan Moadab en témoigne :

La Direc­trice de RT France réag­it le 27 févri­er sur Twit­ter  à l’annonce de la prési­dente de la Com­mis­sion européenne de la fer­me­ture prochaine de la chaine:

Sur les réseaux soci­aux, les com­men­taires vont bon train. Cer­tains soulig­nent que la chaine améri­caine CNN n’a aucune­ment été cen­surée alors que sa présen­ta­tion de l’opération « Desert storm » (tem­pête du désert) en Irak en 1991 a été pour le moins « par­tiale » et a reposé sur une intox (les armes chim­iques) éven­tée par la suite. D’autres évo­quent les liens au-dessus de tout soupçon et de toutes men­aces entre la chaine AJ+ et les Frères musulmans.

Elies rap­pelle sur Twit­ter avec mal­ice la réac­tion du min­istère français des affaires étrangères quand l’Algérie a retiré son accrédi­ta­tion à la chaine de ser­vice pub­lic France 24 en juin 2021. Cela l’amène à commenter :

https://twitter.com/FouLibre/status/1498368714911145984

Quand j’entends le mot « culture russe »…

Mais la volon­té de punir le monde de la cul­ture russe dans son ensem­ble, et non les seuls dirigeants de ce pays, n’allait pas s’arrêter en si bon chemin.

Le 28 févri­er, le jour­nal Le Monde, à la pointe du mou­ve­ment « woke » ou de l’atlantisme (faites votre choix), inter­pelle les respon­s­ables de pro­gram­ma­tion d’œuvres culturelles :

https://twitter.com/EmilieBchaderg1/status/1499463006362783751/photo/1

Cha­cun aura com­pris que les « artistes » qui remet­tent en ques­tion leurs engage­ments auprès de la Russie sont des directeurs de pro­gram­ma­tion de struc­tures très large­ment sub­ven­tion­nées par l’État français.

C’est en creux un nou­veau con­formisme antirusse qui se profile.

Le 28 févri­er, le site inter­net de Radio France nous informe que « Partout dans le monde, des insti­tu­tions et artistes russ­es (sont) mis au ban ». On apprend à la lec­ture de l’article que « les salles de con­cert pren­nent des mesures de boy­cott con­tre des artistes et for­ma­tions musi­cales russ­es, en réponse à la guerre déclarée à l’Ukraine par Vladimir Pou­tine ».

Le même jour, Kon­bi­ni Arts souligne dans un arti­cle écrit à l’aide d’informations de l’AFP que « des mesures con­tre la présence cul­turelle russe ont été pris­es égale­ment dans plusieurs pays d’Europe de l’Est ».

Et les exem­ples com­men­cent à tomber :

France Info nous apprend le 2 mars que « La Scala de Milan et le Théâtre des Champs-Elysées évin­cent à leur tour le chef d’orchestre pro-Pou­tine Valery Gergiev ».

Éric Anceau souligne le 3 mars que :

On pour­rait mul­ti­pli­er les exemples.

Dans ce ciel si som­bre, une éclair­cie plus que fugace se dessine :

Thier­ry Tex Souc­car nous informe le 2 mars, en joignant le lien vers un arti­cle du quo­ti­di­en ital­ien La Stam­pa :

« Après avoir annulé un cours sur Dos­toïevs­ki, l’université de Milan a fait marche arrière. La cen­sure mon­tante de la cul­ture russe nous rend moins humains et plus pau­vres. Dos­toïevs­ki a passé 4 ans en Sibérie pour sa cri­tique de la cen­sure tsariste ».

Nous lais­serons la con­clu­sion de cet arti­cle à Jo Zefca :

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