La presse papier est en crise. Se lancer dans une aventure éditoriale en la matière s’apparente de plus en plus à du suicide ou requiert le renfort d’un aimable mécène. Et pourtant, certains tentent encore l’aventure. C’est le cas de l’équipe du trimestriel Capital Social, menée par le syndicaliste CFTC Joseph Thouvenel, 64 ans, membre du CESE de 2015 à 2021.
Une revue en filiation directe avec le syndicalisme chrétien
Capital Social « et vice et versa ! » Le ton du nouveau venu des trimestriels est vite donné, il s’agit d’un journal qui ne choisira pas entre le capital et le social. Dans la plus pure tradition du syndicalisme chrétien initié en France par la Confédération française de Travailleurs Chrétiens, la CFTC, ce journal ne choisira pas entre le social et le capital mais envisagera la complémentarité des deux au service de « l’humain ». Le bandeau inférieur de la revue indique d’ailleurs cette voie : on peut y lire la formule « ni finance folle, ni lutte des classes, l’humain ! ». Le fondateur, actionnaire, directeur de publication et directeur de la rédaction n’est autre que l’ancien vice-président de la CFTC Joseph Thouvenel. Le rédacteur-en-chef de la revue est Guillaume de Prémare, directeur général de l’association catholique Ichtus et premier président de l’association pro-famille « La Manif pour tous ». L’éditorial de Joseph Thouvenel affiche un ton déterminé ; loin d’être provocateur ou mollasson, on y retrouve un rejet de la fatalité et une certaine culture de l’équilibre qui ne berce pas dans la niaiserie centriste.
Économie, patron et jours de congés
La revue, pour ce premier numéro, se découpe en quatre parties : des chroniques, un dossier, un grand entretien et une grande rubrique “découvrir” consacrée à des sujets variés (économie du Liban, associations familiales…). La parole est donnée à des professeurs, des chefs d’entreprises mais aussi des journalistes. Sans trop de polémique, le journal propose des informations non sans intérêts, parfois très brèves, sur des sujets aussi variés que le travail dissimulé, le coût de l’Assemblée nationale ou encore l’état des ports français ou les dérives “woke” de Disney. Pour ce premier opus, le dossier principal a fait la part belle à un sujet qui tient à cœur au syndicaliste CFTC qu’est Joseph Thouvenel : le travail du dimanche. Sur cette question économique et social la revue parvient à attirer l’intérêt du lecteur par une mise en page légère et des graphiques et illustrations bien vues (qui détonnent avec l’image en une, sans grand intérêt). Notion d’histoires, d’économies mais aussi statistiques, le dossier est bien ficelé. Un article sur les “préfets hors-la-loi” complète avantageusement cette rubrique.
Une première réussie, mais après…
Capital Social étonne et la revue ne ressemble à aucune autre aujourd’hui en kiosque par son aspect ni provocateur, ni modéré, plutôt réaliste et enthousiasmant. On attendrait presque le prochain numéro pour voir comment la rédaction parviendra à capter l’attention du lecteur deux fois de suite. Le projet peut-il être viable ? Selon La Croix, un « mystérieux donateur » aurait rendu le projet possible…
La publicité, elle, ne cache pas la filiation chrétienne de la revue avec de la réclame pour les Confédération nationale de associations familiales catholiques (AFC) ou encore pour la fondation Raoul Follereau. Des réseaux qui peuvent compter au moment d’engranger des abonnements puisque les AFC représentent plus de 25 000 familles adhérentes. C’est peut-être là que la revue parviendra d’ailleurs à assurer sa pérennité : en s’imposant dans un segment qui lui assure sa survie économique… Une survie qui ne passe tout de même pas par un journal à 9 euros pièce… Mais si cela permet de payer les travailleurs à leur juste valeur, pourquoi pas !