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Caricature de Danièle Obono : Valeurs actuelles renvoyé devant un tribunal

24 avril 2021

Temps de lecture : 4 minutes
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Caricature de Danièle Obono : Valeurs actuelles renvoyé devant un tribunal

Temps de lecture : 4 minutes

L’hebdomadaire conservateur ayant le plus pignon sur rue, Valeurs actuelles, n’est pas seulement combattu par le système sur le plan économique, son site ayant perdu ses rentrées publicitaires, mais aussi en justice. Le prétexte ? « L’affaire Obono ». Explications et piqure de rappel.

Politique fiction et tribunal

La nou­velle est tombée mi-avril : Valeurs actuelles sera jugé le 23 juin 2021 par le tri­bunal cor­rec­tion­nel de Paris pour « injure publique à car­ac­tère raciste ». Cette action en jus­tice fait suite à la paru­tion en août 2020 d’une « poli­tique fic­tion », comme Valeurs actuelles en a l’habitude chaque année, met­tant en scène des per­son­nal­ités poli­tiques ou autres. Des textes bour­rés d’humour trans­for­mant la vie des per­son­nes choisies en les con­duisant à vivre à d’autres épo­ques. C’est une sorte de feuil­leton de l’été, un diver­tisse­ment qui jusqu’à présent n’avait pas posé de prob­lèmes judi­ci­aires à Valeurs actuelles, la car­i­ca­ture et l’humour ayant table ouverte en France dans le cadre de la lib­erté de la presse.

Si cette poli­tique fic­tion con­duit l’hebdomadaire au tri­bunal, c’est parce qu’elle porte sur un inter­dit non-offi­ciel : celui de car­i­ca­tur­er des per­son­nal­ités appar­tenant à des minorités. Ici, le député La France Insoumise Danièle Obono. Le texte la car­i­cat­u­rait en esclave du 18e siè­cle, trans­posée en Afrique, ayant du mal à vivre con­crète­ment au coeur de ses pro­pres racines, con­traire­ment à ses reven­di­ca­tions con­tem­po­raines, ne sup­por­t­ant pas ce que ses ancêtres africains fai­saient subir aux femmes, oblig­ée d’obéir et finale­ment sauvée par un chré­tien après beau­coup de dif­fi­cultés et de souf­frances, en par­ti­c­uli­er les fers au cou. Le texte était accom­pa­g­né de dessins.

Une brochure sur le sujet

Pour de plus amples infor­ma­tions, nous vous invi­tons à lire le petit livre pub­lié par Bertrand Del­cas­sis aux édi­tions de La Nou­velle Libraire, en suiv­ant le lien ici. Ce petit livre expose de façon claire et pré­cise les événe­ments ain­si que ses impli­ca­tions poli­tiques, notam­ment celles con­cer­nant les théories décolo­niales et post-coloniales.

Con­crète­ment, le directeur de la pub­li­ca­tion de Valeurs actuelles, Erik Mon­t­jalous, le directeur de la rédac­tion, Geof­froy Leje­une, et l’auteur, dont le nom est gardé secret, c’est le principe de la série de poli­tiques fic­tions de l’hebdomadaire, com­para­îtront donc pour « injure publique à car­ac­tère raciste », pour le pre­mier, « com­plic­ité » pour Leje­une et l’auteur.

Les médias de grand chemin ont déjà prononcé la condamnation

L’ensemble des médias de grand-chemin con­sid­ère que le fait de juger Valeurs actuelles serait nor­mal. En soi, pourquoi pas ? Par con­tre, le fait de con­sid­ér­er unanime­ment, avant tout juge­ment, que la car­i­ca­ture de Valeurs actuelles serait « raciste », autrement dit de juger en lieu et place des tri­bunaux est dis­cutable. C’est pour­tant le cas : Le Monde, 20Minutes, Fran­ce­in­fo, Europe 1, TV5Monde, BFMTV… ont déjà porté leur pro­pre juge­ment : la poli­tique fic­tion de l’hebdomadaire « est » raciste pour cette sim­ple rai­son qu’elle a été pub­liée dans et par Valeurs actuelles.

Danièle Obono avait porté plainte et le texte avait provo­qué un tol­lé dans les médias de grand chemin. Pour Geof­froy Leje­une, ce procès est une bonne nou­velle : « Ce procès sera l’oc­ca­sion de démon­tr­er les pos­tures politi­ci­ennes de ceux qui nous ont attaqués à l’occasion de cette affaire, de prou­ver notre bonne foi à ceux qui ont été trou­blés, et d’expliquer enfin claire­ment nos inten­tions dans ce dossier : lut­ter con­tre le dis­cours des indigénistes et la guerre des mémoires qui con­duit à la frac­tura­tion de la France. »

Ce procès est un révéla­teur du poids des inter­dits et des cen­sures en France. Ce qui paraît nor­mal dans tous les cas de fig­ure, la car­i­ca­ture, ne l’est pas con­cer­nant une per­son­nal­ité poli­tique noire de gauche défen­dant des con­cep­tions racial­istes anti-européennes.  La lib­erté de la presse est donc une den­rée rare à défendre à chaque instant, ce que mon­tre aus­si le petit texte de Bertrand Del­cas­sis. Nous vous le recom­man­dons chaude­ment, tant pour con­naître les ten­ants et les aboutisse­ments de cette « affaire » que pour soutenir les lib­ertés, d’expression comme d’opinion.

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