L’hebdomadaire conservateur ayant le plus pignon sur rue, Valeurs actuelles, n’est pas seulement combattu par le système sur le plan économique, son site ayant perdu ses rentrées publicitaires, mais aussi en justice. Le prétexte ? « L’affaire Obono ». Explications et piqure de rappel.
Politique fiction et tribunal
La nouvelle est tombée mi-avril : Valeurs actuelles sera jugé le 23 juin 2021 par le tribunal correctionnel de Paris pour « injure publique à caractère raciste ». Cette action en justice fait suite à la parution en août 2020 d’une « politique fiction », comme Valeurs actuelles en a l’habitude chaque année, mettant en scène des personnalités politiques ou autres. Des textes bourrés d’humour transformant la vie des personnes choisies en les conduisant à vivre à d’autres époques. C’est une sorte de feuilleton de l’été, un divertissement qui jusqu’à présent n’avait pas posé de problèmes judiciaires à Valeurs actuelles, la caricature et l’humour ayant table ouverte en France dans le cadre de la liberté de la presse.
Si cette politique fiction conduit l’hebdomadaire au tribunal, c’est parce qu’elle porte sur un interdit non-officiel : celui de caricaturer des personnalités appartenant à des minorités. Ici, le député La France Insoumise Danièle Obono. Le texte la caricaturait en esclave du 18e siècle, transposée en Afrique, ayant du mal à vivre concrètement au coeur de ses propres racines, contrairement à ses revendications contemporaines, ne supportant pas ce que ses ancêtres africains faisaient subir aux femmes, obligée d’obéir et finalement sauvée par un chrétien après beaucoup de difficultés et de souffrances, en particulier les fers au cou. Le texte était accompagné de dessins.
Une brochure sur le sujet
Pour de plus amples informations, nous vous invitons à lire le petit livre publié par Bertrand Delcassis aux éditions de La Nouvelle Libraire, en suivant le lien ici. Ce petit livre expose de façon claire et précise les événements ainsi que ses implications politiques, notamment celles concernant les théories décoloniales et post-coloniales.
Concrètement, le directeur de la publication de Valeurs actuelles, Erik Montjalous, le directeur de la rédaction, Geoffroy Lejeune, et l’auteur, dont le nom est gardé secret, c’est le principe de la série de politiques fictions de l’hebdomadaire, comparaîtront donc pour « injure publique à caractère raciste », pour le premier, « complicité » pour Lejeune et l’auteur.
Les médias de grand chemin ont déjà prononcé la condamnation
L’ensemble des médias de grand-chemin considère que le fait de juger Valeurs actuelles serait normal. En soi, pourquoi pas ? Par contre, le fait de considérer unanimement, avant tout jugement, que la caricature de Valeurs actuelles serait « raciste », autrement dit de juger en lieu et place des tribunaux est discutable. C’est pourtant le cas : Le Monde, 20Minutes, Franceinfo, Europe 1, TV5Monde, BFMTV… ont déjà porté leur propre jugement : la politique fiction de l’hebdomadaire « est » raciste pour cette simple raison qu’elle a été publiée dans et par Valeurs actuelles.
Danièle Obono avait porté plainte et le texte avait provoqué un tollé dans les médias de grand chemin. Pour Geoffroy Lejeune, ce procès est une bonne nouvelle : « Ce procès sera l’occasion de démontrer les postures politiciennes de ceux qui nous ont attaqués à l’occasion de cette affaire, de prouver notre bonne foi à ceux qui ont été troublés, et d’expliquer enfin clairement nos intentions dans ce dossier : lutter contre le discours des indigénistes et la guerre des mémoires qui conduit à la fracturation de la France. »
Ce procès est un révélateur du poids des interdits et des censures en France. Ce qui paraît normal dans tous les cas de figure, la caricature, ne l’est pas concernant une personnalité politique noire de gauche défendant des conceptions racialistes anti-européennes. La liberté de la presse est donc une denrée rare à défendre à chaque instant, ce que montre aussi le petit texte de Bertrand Delcassis. Nous vous le recommandons chaudement, tant pour connaître les tenants et les aboutissements de cette « affaire » que pour soutenir les libertés, d’expression comme d’opinion.