François Dubout, instituteur, artiste et ancien candidat FN aux législatives de 2007, réclame 10 000 euros au journal nordiste.
En septembre 2014, il avait été grimé en Waffen SS dans le quotidien après avoir été vu à une manifestation du collectif « Sauvons Calais », qui réclame le départ des clandestins.
Le dessin montrait l’instituteur dans un cercueil, tenant une casquette de SS avec un grand sourire. Pour son avocat, Me Ludovic Sartiaux, « même si on est dans le registre humoristique, il y a une barrière au-delà de laquelle on tombe dans l’injure. L’importance de cette somme de 10 000 euros est motivée par le caractère particulièrement offensant du dessin avec mon client représenté en uniforme nazi ».
À la barre, M. Dubout a évoqué un « blocage de sa carrière », dans l’éducation nationale comme dans la musique (en tant que chanteur, il a vendu 2 millions d’album en 40 ans de carrière). « Lors du rassemblement, j’étais là pour écouter et me faire un avis et pas pour participer », précise ce fils de résistant.
Concernant le dessinateur incriminé, Jean-Michel Renault, celui-ci a dit « ne pas comprendre sa présence à un tribunal ». « Je relate l’actualité et je traduis ça en image. Je suis obligé de faire des raccourcis visuels, car c’est ça la caricature », a‑t-il plaidé. Pour son avocat, Me Emmanuel Riglaire, « la décision serait dans tous les manuels du droit de la presse. Il n’y pas de neutralité dans l’humour et il n’y a pas eu d’injure ». Le jugement sera rendu le 26 avril.
Nord Littoral n’en est pas à son coup d’essai. Dans les derniers mois, le quotidien s’est déjà illustré à de nombreuses reprises en qualifiant les deux Calaisiens agressés par une manifestation pro-migrants de « fachos », en pratiquant la délation des internautes, en tentant de masquer un lynchage commis par des clandestins ou encore en faisant ouvertement campagne contre le FN.