Caroline Fourest est décidément indécrottable. On se souvient de sa chronique (aujourd’hui culte) dans laquelle elle affirmait, après avoir vu sur Internet une photo de trois militaires ukrainiens aux yeux bandés, que des militaires pro-russes leur avaient « arrachés au couteau les globes oculaires ». Cela lui avait valu un rappel à l’ordre du CSA qui lui demandait de « faire preuve de davantage de vigilance et de rigueur » dans son travail.
Quelques mois plus tard, elle n’hésitait pas à tronquer le témoignage de Sigolène Vinson, chroniqueuse judiciaire à Charlie Hebdo et rescapée de la tuerie du 7 janvier, en racontant qu’un des frères Kouachi lui avait fait réciter le coran, ce que s’était empressée de démentir l’intéressée. Ensuite, elle a carrément menti sur le plateau de Laurent Ruquier, affirmant avoir gagné un procès… qu’elle avait perdu, ce qui avait provoqué la colère de l’animateur qui avait juré de ne plus jamais inviter la menteuse. Malgré ce C.V. déjà bien chargée (et on en passe !), Caroline Fourest ne compte visiblement pas s’arrêter en si bon chemin et la voilà qui réitère aujourd’hui ses mensonges et ses approximations visant à salir ceux qui ne pensent pas comme elle.
Le 14 septembre, c’est au nouveau chef du parti travailliste anglais, Jeremy Corbyn, qu’elle s’en est prise au cours de sa chronique sur France Culture, l’accusant pêle-mêle d’avoir « ses bureaux » à la mosquée des Frères musulmans de Finsbury ; de donner des interviews à la télé iranienne et à Russia Today qu’il considèrerait comme « la chaîne la plus objective » du paysage audiovisuel ; de soutenir une association (CAGE) de soutien aux victimes de l’antiterrorisme ; de considérer les cadres du Hamas et du Hezbollah comme « ses amis » ; d’avoir manifesté en 2006 contre la publication des dessins sur Mahomet « en compagnie d’intégristes anglais et à côté de qui nos islamistes à nous ont l’air de soixante-huitards débridés », et enfin, cerise sur le gâteau, d’avoir des « fréquentations complotistes et antisémites », son dada. Bref, d’un homme non aligné sur les positions américaines et israéliennes, elle tente de faire un complice du djihad doublé d’un antisémite. C’était sans compter sur le site @rrêt sur images qui dans une enquête aussi précise que convaincante, reprend une à une les affirmations de Fourest pour en montrer les raccourcis et les mensonges.
Des bureaux à la mosquée de Finsbury ? Ils sont à un demi-mile de la mosquée et si Corbyn y a tenu des réunions, c’est parce que celle-ci fait partie de sa circonscription.
Russia Today, chaîne la plus objective ? En 2011, alors que les médias britanniques ne parlaient que du mariage royal, Corbyn conseillait dans un tweet de regarder la chaîne russe, « sans mariage royal, et plus objective sur la Libye que la plupart » des autres médias (c’est nous qui soulignons).
Sur le soutien à CAGE ? Le député a signé une lettre dans le Guardian pour se féliciter de la libération de Moazzam Beg, directeur de CAGE détenu sept mois par la justice anglaise pour délit de terrorisme avant d’être blanchi.
Ses « amis » du Hezbollah et du Hamas ? Corbyn a employé ce terme au cours d’une réunion publique au Moyen-Orient et l’a justifié par une nécessité de « langage diplomatique dans un contexte de dialogue ». Il a par ailleurs précisé à la télévision anglaise qu’il était en désaccord avec ces deux mouvements, ce dont le procureur Fourest ne souffle mot.
Manifestation contre les caricatures avec des intégristes anglais ? Ce n’était pas le sentiment du journaliste de la BBC qui décrivait au contraire des musulmans modérés voulant précisément se dissocier des extrémistes…
Fréquentations complotistes et antisémites enfin ? Corbyn a été l’ami il y a quinze ans d’un écrivain anglais, Paul Eisen, qui est devenu négationniste entre-temps et qui ne l’était pas à l’époque de cette amitié…
Bref, tout faux pour Fourest qui a décidément l’art de tronquer la vérité et de faire du « journalisme » dans l’unique but d’imposer ses idées et de salir celles qui ne sont pas les siennes, sans rien vérifier de ce qu’elle avance. Pour lire l’article d’@rrêt sur images, c’est ici (payant).
Crédit photo : Montage Ojim (DR)