L’information et son contrôle sont redevenus des enjeux essentiels, comme au siècle passé, depuis que les gouvernants transformés en « élites mondialisées » se refusent à toute forme de critique personnelle ou d’acception de conceptions différentes du monde que la leur. En conséquence, les médias cherchent à développer une position unique à toutes les échelles, du contrôle de l’information dissidente par le « fact checking » aux médias plus traditionnels. Un exemple récent avec le quotidien La Provence.
La Provence, La Pravda ?
La Provence n’est pas n’importe quel quotidien, outre le fait qu’il appartienne à Bernard Tapie, mais celui qui exerce un véritable quasi monopole sur l’information de la deuxième plus grande métropole française, Marseille, et de sa région, et pas seulement en ce qui concerne les informations locales ou régionales. En PACA, on lit La Provence et le quotidien joue un rôle important quand approchent les élections. Or, en ce mois d’août 2019, le quotidien a été pris en flagrant délit de manipulation et de falsification d’un événement. Ceci à l’occasion des cérémonies mariales du 15 août dans la cathédrale de la Major où s’étaient rassemblés les catholiques pratiquants pour célébrer la Madone.
Procédés staliniens
Comme chaque année, La Provence a fait un reportage, cette fois illustré d’une photographie montrant la foule rassemblée. Le souci ? On peut reconnaître un drôle d’individu sur la photographie… Le sénateur Rassemblement National des Bouches-du-Rhône Stéphane Ravier ! Inquiets de faire de la publicité à un élu de la République, issu d’un parti légal et légitime, la rédaction (?) de La Provence décide (?) alors de flouter la figure de Ravier, autrement dit d’appliquer à l’information française les pratiques de l’URSS de Staline et de la Chine de Mao, cette tendre époque où l’on faisait disparaître ses adversaires politiques des photographies avant de les faire disparaître physiquement.
Le sénateur Ravier s’est évidemment fendu d’un message à l’intention de la rédaction du quotidien qui, comme tous ses pareils, affirme parfois vouloir combattre les diffuseurs de fausses informations et les dangereux pratiquants de l’anti-démocratie. Evidemment, La Provence trafiquant une photographie, Ravier fait remarquer dans son message que cela ressemble en effet aux pratiques de « la Pravda de Staline ». Il demande aussi des excuses publiques. Viendront-elles ?
Comme il est d’usage au sein du parti des médias quand un cas de censure est avéré (mais combien passent inaperçus ?), des « accidents », « erreurs humaines » et autres sont invoquées, comme lors des manifestations des gilets jaunes quand telle ou telle journaliste locale affirmait inconsciemment le contraire des dogmes officiels des plateaux de télévision. Dans le cas de La Provence et de Ravier, Franceinfo ayant relayé (rapidement) l’affaire, le journal a évoqué une « cause obscure » et le « fait d’un salarié ».
Peut-être existe-t-il un « bug » mondialisé, accidentel, qui touche régulièrement des personnes pensant autrement que la façon dont on nous demande de penser ? On bien quelque chose ayant trait à de la pensée magique ? Notons qu’il fallait avoir de bons yeux pour repérer le sénateur Ravier priant sur cette photographie, une acuité du regard qui s’explique peut-être par l’engagement assez clair de ce quotidien en faveur du gouvernement Macron ? Nos lecteurs provençaux doivent avoir une idée sur la question…
Je prends acte des excuses et de la rectification de @laprovence.
Une presse libre, indépendante et honnête est un élément essentiel pour la démocratie française, si souvent mise à mal. pic.twitter.com/2KDLP1RSiV— Stéphane Ravier (@Stephane_Ravier) August 18, 2019