Ce n’est pas encore un jugement définitif, mais la mesure provisoire prise par un juge fédéral de Louisiane pour protéger la liberté d’expression aux États-Unis laisse présager un verdict défavorable à l’administration Biden. Le 4 juillet, le juge Terry Doughty (nommé par Donald Trump, comme le soulignent à l’envi les médias libéraux), délivrait à titre conservatoire une ordonnance provisoire interdisant à l’administration Biden tout contact avec les gestionnaires des réseaux sociaux.
Parmi les administrations interdites de contact, on trouve l’Agence de cybersécurité et de sécurité des infrastructures (CISA) et sa directrice Jen Easterly, nommée à ce poste par le président Biden.
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Soupçon de censure généralisée
Jen Easterly fait partie d’une douzaine d’officiels nommément interdits de contacts avec les médias sociaux, aux côtés de son chef qui dirige le département de la sécurité intérieure (Department of Homeland Security), le « secrétaire » (équivalent d’un ministre en France) Alejandro Mayorkas. Les autres « départements » (ministères) interdits de contacts avec les médias sociaux par ce juge fédéral de Louisiane sont le département de la Justice, le département d’État, le département de la Santé et des Services humains ainsi que les Centres pour le contrôle et la prévention des maladies.
Eh oui, le soupçon de censure centralisée, coordonnée par toutes ces administrations est en grande partie (mais pas uniquement, loin de là) alimenté par leurs pratiques pendant la pandémie de Covid-19.
Dans son ordonnance provisoire, le juge a également interdit toute forme de collaboration du gouvernement américain, de ses agences et de ses officiels avec des groupes de recherche s’intéressant aux médias sociaux, tel le Partenariat pour l’intégrité des élections (Election Integrity Partnership), un groupe de chercheurs travaillant sous l’égide de l’Observatoire de l’Internet de Stanford et le Centre pour un Public informé de l’Université de Washington.
Les membres républicains de la Chambre des Représentants soupçonnent qu’il y a eu collusion entre ce groupe et l’administration Biden pour limiter la parole conservatrice sur les médias sociaux.
En fait, ce n’est pas toute communication avec les médias sociaux qui reste donc pour le moment interdite à l’administration Biden, qui a fait appel de cette décision, mais toute tentative « d’exhorter, d’encourager, de faire pression ou d’induire de quelque manière que ce soit le retrait, l’effacement, la suppression ou la réduction d’un contenu relevant de la liberté d’expression ». Le juge a précisé que les agences du gouvernement fédéral ne pouvaient pas indiquer aux plateformes de réseaux sociaux des posts (messages) à passer en revue autres que ceux en rapport avec des crimes ou délits, des menaces pour la sécurité nationale ou des tentatives étrangères pour exercer une influence sur les élections.
« Si les allégations des plaignants sont vraies, ce cas concerne sans doute l’attaque la plus massive contre la liberté d’expression dans l’histoire des États-Unis », a déclaré le juge pour expliquer la mesure conservatoire, en précisant, aux regards des éléments à sa disposition, qu’« il est probable que les plaignants parviendront à établir que le gouvernement a utilisé son pouvoir pour réduire l’opposition au silence. »
L’administration démocrate se défend
L’attachée de presse de la Maison Blanche, Karine Jean-Pierre, a déclaré le 5 juillet aux journalistes que l’administration Biden « n’est pas du tout d’accord avec cette décision » et qu’elle « continuera à promouvoir des actions responsables pour protéger la santé, la sécurité et la sûreté publique face aux défis tels qu’une pandémie mortelle ou des attaques étrangères contre nos élections ».
Les plaignants, dans cette affaire, sont les procureurs généraux du Missouri et de la Louisiane (ensuite rejoints par d’autres plaignants, tels Jim Hoft, propriétaire du site conservateur Gateway Pundit) qui accusent notamment l’administration fédérale d’avoir poussé les médias sociaux à « supprimer les intervenants, les points de vue et les contenus défavorables » ou ce qu’ils considéraient comme étant de la « désinformation » concernant la pandémie de Covid-19.
« Le dossier des républicains repose sur des dizaines de milliers de communications, y compris des courriels et des messages, entre des fonctionnaires de l’administration Biden et des entreprises de médias sociaux, qui ont eu lieu en grande partie entre 2020 et 2021 », expliquait le Washington Post le 4 juillet. « Les procureurs généraux des États ont fait valoir qu’à partir de 2017 – quatre ans avant que M. Biden ne devienne président – des fonctionnaires du gouvernement ont commencé à jeter les bases d’une “campagne systémique et systématique” visant à contrôler la liberté d’expression sur les médias sociaux. Ces efforts se sont accélérés en 2020, alors que M. Trump était encore président, dans le cadre de la réponse à l’épidémie de coronavirus et des efforts visant à protéger les élections de 2020, ont fait valoir les procureurs généraux devant le tribunal. Ils ont ajouté que ces efforts ont fait un “bond en avant” après l’accession de M. Biden à la présidence, car la Maison-Blanche a exercé des pressions publiques et privées sur les grandes entreprises technologiques pour qu’elles suppriment les messages susceptibles de contribuer à l’hésitation vaccinale, tout en menaçant de réglementer les entreprises de médias sociaux. »
New York Post versus New York Times
Le chroniqueur James Bovard du New York Post (journal de droite à ne pas confondre avec les journaux de gauche Washington Post ou New York Times, le New York Post étant le journal qui a le premier révélé le contenu compromettant de l’ordinateur portable du fils de Joe Biden, tandis que les deux prestigieux journaux libéraux parlaient – à tort – de désinformation russe) a dressé le 5 juillet, sous le titre « L’administration Biden pense avoir un droit divin d’empêcher les conservateurs d’exercer leur liberté d’expression », un rappel des efforts de censure sans précédent déployés par l’administration présidentielle depuis l’entrée en fonction du successeur de Donald Trump.
Tandis que l’on s’inquiétait de cette décision de justice dans les colonnes du New York Times et du Washington Post (où l’on continue de s’appuyer sur les supposées ingérences russes dans la campagne qui avaient conduit à l’élection de Donald Trump en 2016), dans le New York Post on exposait les réactions très satisfaites chez les conservateurs et les républicains.
Pour le Washington Post en revanche, « la décision de ce juge nommé par Donald Trump pourrait réduire à néant des années d’efforts visant à renforcer la coordination entre le gouvernement et les entreprises de médias sociaux. Depuis plus de dix ans, le gouvernement fédéral tente de collaborer avec les entreprises de médias sociaux pour lutter contre les activités criminelles, notamment les images d’abus sexuels sur des enfants et le terrorisme. »
Pour le New York Times qui commentait cette décision de justice, « son impact pourrait contraindre les fonctionnaires, y compris les forces de l’ordre, à s’abstenir d’informer les plateformes de la présence de contenus gênants ». Le journal s’inquiète en outre du fait que les procureurs généraux du Texas et de la Floride défendent avec acharnement devant la justice les lois de leur États respectifs qui, pour la première fois aux États-Unis, interdisent aux plateformes Internet de supprimer certains contenus à caractère politique. Le NYT s’inquiète aussi d’une décision de la Cour suprême qui a refusé cette année d’interdire ou restreindre une loi permettant aux plateformes Internet d’être dégagées de la responsabilité légale des contenus publiés par leurs utilisateurs.
C’est tout le contraire de l’évolution actuelle en Europe ou en Australie, où l’on assiste à un « recalibrage de la liberté d’expression » comme en rêve l’administration Biden.