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Censures en série sur les réseaux sociaux

17 septembre 2019

Temps de lecture : 6 minutes
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Censures en série sur les réseaux sociaux

Temps de lecture : 6 minutes

Pendant une dizaine d’années, les réseaux sociaux ont joué le rôle de contre-poids aux médias de grand chemin et nombre de médias alternatifs se sont développés. Les médias dominants ont réagi en développant leurs versions digitales et en développant une campagne « anti fakenews », véritable rideau de fumée pour camoufler leurs insuffisances et surtout avant-garde des nouvelles censures. Tous les réseaux sociaux sont maintenant affectés et ce n’est qu’un début.

Facebook en tête

Quel respon­s­able de site inter­net n’a pas reçu un jour un char­mant mes­sage libel­lé comme suit : « Votre pub­li­ca­tion va à l’encontre de nos stan­dards de la com­mu­nauté. Ces stan­dards sont appliqués à l’échelle mon­di­ale et con­tribuent à faire de Face­book un lieu sûr et accueil­lant (sic) ». Stan­dards de la com­mu­nauté, quid ? Réponse, le bon vouloir d’un des trente mille (vous avez bien lu 30000) mod­éra­teurs de Face­book ou celui de son super­viseur ou du chef du super­viseur ou du chef du chef en l’espèce pour la France l’ex Sarko boy Lau­rent Sol­ly, ex directeur général de TF1, ancien directeur adjoint de la cam­pagne de Sarkozy en 2007, immor­tel pour sa déc­la­ra­tion (rap­pelée par Le Point) « La réal­ité n’a aucune impor­tance, il n’y a que la per­cep­tion qui compte » (Les Médias en servi­tude, Polemia ed). Le cama­rade Sol­ly et ses employés ont le coup de ciseau facile comme quelques exem­ples tout frais de l’été 2019 le démontrent.

Votre Obser­va­toire a été vic­time du zèle des employés de Lau­rent Sol­ly. Résumons : nous pub­lions le 6 juil­let 2019 une tri­bune libre de lecteur sur Alain Duhamel ; le 22 juil­let, Face­book sup­prime tous les partages vers l’article et les rétablit 8 jours plus tard, le tout sans expli­ca­tions. Entretemps le site subit une attaque qui le paral­yse pen­dant 17 heures, sans plus de dom­mages. Un blogueur d’Ago­ravox qui avait relayé l’affaire le 1er août est à son tour vic­time de la cen­sure de Face­book le 24 août et il lui est impos­si­ble de partager son arti­cle sur le réseau social. Sim­ple avertissement ?

Mais nous ne sommes pas les seuls. Le quo­ti­di­en Présent a été exposé par deux fois, directe­ment et à tra­vers un de ses col­lab­o­ra­teurs. Les mil­i­tants de Généra­tion iden­ti­taire (voir notre revue de presse sur le sujet ici) ont été con­damnés à de lour­des peines de prison suite à leur action inti­t­ulée « Defend Europe » dans les Alpes en mai 2018. Sans compter la pri­va­tion de leurs droits civiques et même famil­i­aux pour cinq ans. Ils iront en appel. Le 17 juil­let Présent fait sa Une sur le sujet en man­i­fes­tant son indig­na­tion pour une action menée sans vio­lences ni dépré­da­tions. Que pensez-vous qu’il arri­va ? Deux jours plus tard le réseau social sup­prime les liens vers l’article. Sans être cer­tain qu’il y ait une rela­tion entre les faits, deux semaines plus tard le compte Face­book de David Miège un des dessi­na­teurs de Présent est car­ré­ment sup­primé. Les deman­des d’explication sont suiv­ies d’une réponse admin­is­tra­tive et la plainte classée sans suite. Une cat­a­stro­phe pour un artiste qui perd un accès numérique à des cen­taines de ces dessins. Il a recréé un compte mais le mal est fait. De manière plus récréa­tive Face­book a cen­suré la cou­ver­ture du numéro de sep­tem­bre du men­su­el Causeur d’Élis­a­beth Lévy. La cou­ver­ture représen­tait une évo­lu­tion amu­sante de l’homme de Néan­derthal à l’homo fes­tivus sur sa trot­tinette, en pas­sant par un homo sapi­ens in nat­u­ral­ibus, donc tout nu. L’employé de Lau­rent Sol­ly a été choqué par une représen­ta­tion « de par­ties nues »…

La gauche rad­i­cale n’est pas épargnée. Un arti­cle très doc­u­men­té de Médi­a­part fin août 2019 sig­nale que de nom­breux sites d’extrême gauche (Lille insurgée, Bre­tagne noire, Cerveaux non disponibles, etc) sont vic­times des change­ments d’algorithme et per­dent de très nom­breux lecteurs. Tout se passe comme si le nou­veau pou­voir macronien et ses amis cal­i­forniens avaient décidé de couper toute dif­fu­sion de pen­sée non con­forme pou­vant s’exercer à leurs dépens.

Twitter et Google aussi

Que dire de la mésaven­ture arrivée à Emmanuelle Ménard, députée de l’Hérault ? Déjà vic­time de la créa­tion d’un faux compte Twit­ter en 2018, elle tweete de manière humoris­tique sur la pasion­ar­ia éco­lo Gre­ta Thun­berg, idole des médias, « Dom­mage que la fes­sée soit inter­dite, elle en mérit­erait une bonne ». Indig­na­tion du camp du Bien, men­aces de « cas­sage de gueule », men­aces de mort, sig­nale­ments et… Twit­ter sus­pend le compte. Elle en recrée un autre qui est sup­primé, et Twit­ter la fait chanter :

« Twit­ter me pro­pose un véri­ta­ble chan­tage : soit je sup­prime défini­tive­ment mon tweet sur Gre­ta Thun­berg et il appa­raî­tra sur mon fil que je recon­nais « avoir enfreint les règles de la com­mu­nauté », soit je fais appel et mon compte est totale­ment sus­pendu pen­dant l’examen dudit appel. Cela peut dur­er longtemps ! »

 Aux dernières nou­velles le compte Twit­ter de la députée est tou­jours sus­pendu. Et du côté de nos amis de Google, sont-ils plus ami­caux ? Le site bre­ton d’informations générales Breizh Info n’est pas de cet avis. Créé en 2013, le droiti­er Breizh Info a su se ménag­er une place envi­able dans un univers médi­a­tique bre­ton dom­iné par le géant macro­niste Ouest-France pour les médias dom­i­nants et par la gauche rad­i­cale sur la toile. Le site est con­sulté par près de 30000 vis­i­teurs chaque jour et est bien infor­mé sur la vie bre­tonne, poli­tique, économique et cul­turelle. Google actu­al­ités relayait le site (comme il le fait à ce jour pour votre Obser­va­toire). Jusqu’au 10 août 2019, jour où Google sus­pend le ser­vice sans expli­ca­tions. Le site s’informe, réponse « prob­lème tech­nique lié à votre évo­lu­tion de http à https » (les ini­tiés com­pren­dront). Puis deux­ième réponse après enquête « non-con­for­mité avec la charte de Google, vous avez 60 jours pour faire appel ». Entretemps la chute d’audience est significative.

Loi Avia, le pire est à venir

Toutes ces cen­sures parais­sent « douces », il n’y a pas de mise en prison, pas de tor­tures, mais elles pavent le chemin à un total­i­tarisme mou qui atteint tous les étages de la société : édu­ca­tion nationale, uni­ver­sité, économie, médias, vie poli­tique. Petit à petit toute pen­sée non con­forme est mise avec soin sous le bois­seau du monde libéral lib­er­taire. Le tout au nom de la lib­erté bien sûr. La loi Avia dont nous vous par­lions le 15 juil­let 2019 prévoit de lour­des peines pour les réseaux soci­aux qui ne sup­primeraient pas dans les 24h les « dis­cours extrêmes ou de haine ». Au 15 sep­tem­bre 2019 la loi n’a pas encore été votée en deux­ième lec­ture, elle n’est donc pas encore appliquée. À ceci près que les réseaux soci­aux améri­cains s’entraînent un peu avant. Qu’en sera-t-il lorsque la loi sera pleine­ment en vigueur ? On le devine…

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