Une cérémonie d’hommage à Jean-Marie Le Pen a eu lieu le jeudi 16 janvier, à Notre-Dame du Val-de-Grâce.
Ce fut l’occasion pour certains médias de vitupérer une dernière fois sur un homme qui les a tenus en échec pendant près de trois quarts de siècle.
Une assistance nombreuse et masculine
L’église du Val-de-Grâce a beau être imposante, nul doute qu’elle n’aurait pu accueillir toutes les personnes souhaitant rendre hommage à Jean-Marie Le Pen. Les organisateurs ont donc dû faire un tri, et cela semble offusquer les médias. Le Monde par exemple, fait état de personnes « en grande majorité des hommes » qui « étaient cantonnés sur le parvis ». A croire que le journaliste lui-même aurait voulu un siège pour rendre hommage au fondateur du Front national.
Une dernière épitaphe
Jean-Marie Le Pen ne défraiera plus la chronique. Les médias se devaient de lui attribuer une dernière fois les divers qualificatifs dont ils ont pris l’habitude de l’affubler Le Monde le décrit comme un « Tribun provocateur, qui a réitéré et assumé tout au long de sa vie ses sorties racistes, homophobes et antisémites », qui « a utilisé la torture ». Chez Challenges, on trouve un article qui rappelle les péripéties vécues par la famille Le Pen, entre divorces, disputes filiales, etc. StreetPress publie une vidéo rappelant les « actes de torture qu’auraient commis Jean-Marie Le Pen ». Pendant la guerre d’Algérie, les militaires français dont a été Jean-Marie Le Pen torturaient parfois des terroristes du FLN pour savoir où ils avaient posé des bombes avant qu’elles n’explosent. La torture a d’ailleurs fait les choux gras de bien des journalistes, comme Edwy Plenel, qui ont saisi cette occasion d’exhumer leurs articles et autres contenus sur les méfaits dont Jean-Marie Le Pen aurait été l’auteur.
Jean-Marie Le Pen le millionnaire
D’autres articles tentent de faire passer Jean-Marie Le Pen pour « riche ». Tout se fonde sur un documentaire du service public diffusé le 12 janvier sur France 5. On y apprend qu’en 1976, à 48 ans, Jean-Marie Le Pen reçoit le domaine de Montretout, à Saint-Cloud, légué par Hubert Lambert. Pourquoi Hubert Lambert, un célibataire sans enfants à la santé fragile donateur du Front national, a‑t-il fait de Jean-Marie Le Pen, qui avait dix ans de plus que lui, son unique légataire ? Pour la famille Lambert, c’est-à-dire les cousins du défunt, il a été manipulé, voire tué. Pour Jacques Peyrat, élu UMP basé à Nice et alentours, Pierrette Le Pen, l’épouse de Jean-Marie, aurait d’une manière ou d’une autre usé de ses charmes.
Dieudonné et Soral, les bons éléments
Dieudonné, humoriste condamné par la justice pour antisémitisme, et Alain Soral, écrivain affligé du même mal et ancien conseiller de Jean-Marie Le Pen, ont souhaité se rendre à la cérémonie d’hommage à Jean-Marie Le Pen. Bien que ces « personnalités sulfureuses » (Libération) n’aient pas reçu des proches du défunt l’autorisation d’entrer dans l’église, une partie des médias ont trouvé là un bon sujet d’article. 20 Minutes et Libération s’en sont notamment saisis. La fille de Dieudonné est par ailleurs présentée comme la filleule de Jean-Marie Le Pen. Point étrange toutefois : pour obtenir le droit de se rendre à la cérémonie d’hommages malgré son bracelet électronique, Dieudonné a dû fournir des preuves de cette relation. Or, il n’a pas fourni un livret de famille ou un certificat de baptême, mais des articles de presse.
Une cérémonie trop select
20 Minutes précise que la cérémonie d’hommage « sera ouverte à tous. Enfin, à presque tous. » Ainsi, Dieudonné « devrait se contenter de rester sur le parvis de l’église… » L’article n’en dit pas plus et laisse le lecteur trancher. Le Rassemblement National est-il abominablement snob de refuser à Dieudonné l’entrée dans l’église ? Libération note ainsi que « toute l’extrême droite défile » à la cérémonie en l’hommage de Jean-Marie Le Pen, en citant Dieudonné. Le journaliste, semblant se prendre pour Sherlock Holmes, explique que « Libération a reconnu des dizaines de personnalité de la mouvance radicale », et que certains se sont fait « refouler par le DPS, le service d’ordre musclé du RN ». France Info décrit une messe « théoriquement ouverte au public » en ajoutant que « pour le Rassemblement national, hors de question de laisser n’importe qui s’incruster sur la photo de famille ».
Certains médias furieux d’avoir été privés de leur os
On ne sait décidément pas à quel saint se vouer. Fallait-il accueillir tout le monde et braver les foudres des médias, ou assurer une certaine sélection et être pointé pour une ouverture insuffisante ? En réalité, quoi qu’il fasse, le Rassemblement National avait perdu. Il le savait peut-être, lui qui a passé tant de temps à rechercher la dédiabolisation des médias, notamment en bannissant à un moment Jean-Marie Le Pen. Libération expliquera qu’après avoir été refoulé, Jérôme Bourbon, directeur de l’hebdomadaire Rivarol, distribue des exemplaires de ce titre aux participants à la cérémonie. Le numéro est « évidemment consacré à Jean-Marie Le Pen ». La précision a de quoi faire sourire. Rares sont les médias qui n’ont pas consacré leur Une au menhir disparu. Libé ne fait pas exception. Quant à France info, il admet à demi-mot le problème : « aucune image ne montrera un de ces indésirables aux côtés de Marine Le Pen. La photo de famille est réussie ». Ces médias regrettent simplement que la cérémonie d’hommage à Jean-Marie Le Pen leur ait donné si peu de grain à moudre.