Depuis qu’il a renoncé à vendre Marianne, le groupe propriétaire, CMI France de Daniel Křetínsky, organise le nouveau départ de son titre.
C’était le 19 décembre 2024 : après moult tergiversations sur le rachat de Marianne, le groupe CMI France avait annoncé renoncer à vendre son titre. Natacha Polony avait dans la foulée annoncer « ne pas s’inscrire dans la suite de la direction du journal » et sa place fut rapidement pourvue par Frédéric Taddeï. Denis Olivennes, président du conseil de surveillance de CMI France, avait aussitôt salué « son originalité, son goût du pluralisme et son amour du débat » et indiqué que l’ancien présentateur de France Télévisions (puis la chaîne RT France) avait été adoubé par le co-fondateur du titre, Jean-François Kahn.
Une directrice de la rédaction sauce « gauche laïcarde »
Le 8 janvier, Denis Olivennes a annoncé quelques noms qui composeront l’équipe s’apprêtant à entourer le nouveau directeur. Ève Szeftel a ainsi quitté le quotidien Libération, où elle couvrait depuis 2021 les sujets de société, pour diriger la rédaction de Marianne. Produit de Sciences-Po Paris, Szeftel a été vingt ans journaliste à l’AFP ; elle a aussi été l’auteur d’un ouvrage intitulé Le Maire et les barbares et revenant sur les affaires pas toujours très claires du député de Seine-Saint-Denis et ancien maire de Drancy Jean-Christophe Lagarde. Attachée « à la question de la mémoire collective du nazisme en Europe et à l’histoire de la Seconde guerre mondiale », elle a aussi animé pendant dix ans l’émission de la Fondation pour la mémoire de la Shoah sur Radio de la communauté juive (RCJ).
Choisie pour manifester la « détermination [du groupe CMI] à progresser rapidement dans la transformation de Marianne », Ève Szeftel apportera donc, si l’on en croit La Lettre, la caution de « gauche laïcarde » (Daniel Křetínsky) en « contrepoids à « Frédéric Taddeï passé par la chaîne russe RT France et CNews ». C’est d’ailleurs cette lettre confidentielle qui révèle le ton que souhaite donner sa nouvelle directrice de la rédaction du titre: adressé à ses collègues de Libération, son mail d’adieux annonçait son souhaite d’incarner à Marianne une ligne « de gauche, non bourgeoise, populaire sans être populiste, critique des pouvoirs sans être antisystème. Une ligne républicaine et sociale, universaliste et laïque, aussi intraitable avec l’antisémitisme qu’avec le racisme ».
Une rédaction plus verticale
Pour épauler Szeftel, la rédaction ne pourra plus compter sur quatre directeurs adjoints mais sur … un seul ; en l’occurrence, il s’agit de Hadrien Mathoux, ancien rédacteur-en-chef du service politique soutenu par Natacha Polony, ex-directrice de la rédaction. Ce dernier est notamment intervenu au Comité Laïcité République pour évoquer son dossier de Marianne sur la propagation de « l’intersectionnalité » au sein des universités. L’ancien directeur adjoint de la rédaction, Gérald Andrieu, voit son poste supprimé au même titre que Franck Dedieu. La nouvelle directrice de la rédaction devra leur attribuer de nouvelles fonctions, tandis que Jack Dion, le dernier d’entre eux, sera « invité à partir à la retraite », si l’on en croit La Lettre.