L’ambiance à Charlie Hebdo est désormais pire qu’à Wall Street ! Trois mois après l’immense succès du « numéro des survivants » du 25 février dernier, la rédaction succombe au « poison des millions » et se déchire, chacun voulant sa part du grisbi.
Ainsi la journaliste Zineb El Rhazoui, membre du collectif contestataire récemment crée au sein de la rédaction, a‑t-elle été convoquée le 13 mai pour un entretien préalable à un licenciement pour faute grave, sans que l’on sache pour le moment quelle est la nature exacte de cette faute grave. D’ici là, elle est mise à pied.
La journaliste s’est déclarée « choquée et scandalisée qu’une direction qui a bénéficié d’autant de soutien après les attentats de janvier fasse preuve d’aussi peu de soutien envers un de ses salariés, qui est sous pression comme tous dans l’équipe et fait l’objet de menaces ». Elle a reçu le soutien de l’urgentiste Patrick Pellous, chroniqueur à Charlie, qui a estimé que « convoquer des membres de l’équipe qui sont encore dans des souffrances incroyables, c’est méchant et déloyal ».
Sociologue des religions, ancienne militante de « Ni pute ni soumise », la journaliste franco-marocaine a pris des positions contre l’islamisme qui lui ont récemment valu d’être l’objet de menaces de mort de la part d’islamistes. Elle vit depuis les attentats sous protection policière. Une situation qui explique selon elle le fait qu’elle ne puisse effectuer son travail normalement.
« Bravo Charlie », a ironisé celle qui s’estime victime d’une « mesure punitive » pour avoir ouvertement contesté la direction actuelle de Charlie Hebdo. Mme El Rhazoui a en effet signé à la fin du mois de mars une tribune dans Le Monde s’insurgeant qu’une « poignée d’individus » ait pris le contrôle du journal, dénonçant le « poison des millions » et réclamant enfin une « refondation » du journal, ainsi qu’un statut d’« actionnaires salariés à part égale », le capital de hebdo étant détenu à 60% par le directeur de la publication Riss et le directeur financier Éric Portheault. Une tribune qui n’avait pas plu à la direction, celle-ci ayant demandé par mail aux signataires de cesser d’émettre des critiques de l’extérieur du journal.
Au bord de la faillite juste avant les attentats, Charlie Hebdo a vendu plus de 7 millions d’exemplaires du « numéro des survivants » et a vu affluer dons et abonnements. L’hebdo satirique est désormais à la tête d’un pactole qui aura ainsi eu raison en quelques semaines de la bande de copains libertaires et cool.
Par ailleurs l’ancienne ministre Jeannette Bougrab, qui fut un temps la compagne de Charb, a violemment attaqué le dessinateur Luz dans Valeurs Actuelles, le qualifiant notamment de « médiocre » et d’« usurpateur ». Le dessinateur ayant récemment annoncé qu’il renonçait à dessiner le prophète Mahomet, Jeannette Bougrab estime ni plus ni moins qu’il « finit le job » des terroristes. « La greffe qui marche le moins bien, c’est la greffe de couilles », ajoute l’ancienne ministre à son encontre…
On est décidément loin de l’esprit du 11 janvier.
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