Après le pactole touché suite à l’attaque subie le 7 janvier denier, Charlie Hebdo connaît ses premières tensions internes à propos de l’avenir du journal.
Réunis en collectif, une quinzaine de membres de la rédaction dont le dessinateur Luz, Laurent Léger et Patrick Pelloux, ont dénoncé dans Le Monde les desseins de la direction quant à l’avenir du nouveau Charlie. Ces derniers craignent que leur journal, « devenu une proie tentante, fasse l’objet de manipulations politiques et/ou financières ».
Ainsi dénoncent-ils le « poison des millions » et refusent-ils « qu’une poignée d’individus prenne le contrôle » de l’hebdomadaire. Ils réclament un statut d’« actionnaires salariés à part égale » qui leur permettrait « d’être impliqué dans la reconstruction de ce qui est pour [eux] aujourd’hui bien plus qu’un employeur ».
En ligne de mire, les actuels dirigeants du journal : le dessinateur Riss (directeur de publication), le directeur général Éric Portheault, le rédacteur en chef Gérard Biard, et l’avocat du journal Richard Malka. Quant au pactole de 30 millions d’euros gagné après le drame, il est détenu à 40 % par la famille de Charb, à 40 % par Riss et à 20 % par Éric Portheault.
Dans leur tribune, les contestataires se disent « exclus » d’une nouvelle formule en préparation. Contacté par l’AFP, Laurent Léger, porte-parole du collectif, assure qu’il « n’est pas question de guerre » et qu’il poursuit une « cause juste et morale […) en rien financière ». Pour preuve, « les parts sociales dévolues ne donneront aucun droit à dividendes », explique-t-il.
Malgré ses 200 000 nouveaux abonnés, il faudra sans doute encore du temps pour que Charlie Hebdo puisse se remette sur pied. Cependant, il convient de rappeler qu’avant la catastrophe, le journal était en grande difficulté avec seulement 30 000 exemplaires vendus par semaine. Pas sûr qu’une fois le « pactole » et l’émotion épuisés, l’hebdomadaire ne retourne pas dans les oubliettes de la presse d’où il était sorti.