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Charlie Hebdo : les médias en cause

13 janvier 2015

Temps de lecture : 4 minutes
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Charlie Hebdo : les médias en cause

Temps de lecture : 4 minutes

En couvrant les événements tragiques survenus à Charlie Hebdo, ainsi que les deux prises d’otages qui ont suivi, les journaux télévisés et les médias d’information en continu ont réalisé des scores historiques qui ne vont pas sans leurs revers.

Dimanche soir en direct sur BFMTV, une femme présente porte de Vin­cennes a en effet grave­ment mis en cause la chaîne d’in­for­ma­tion pour son traite­ment de la prise d’o­tages menée par Ame­dy Coulibaly dans l’Hy­per Cacher de la porte de Vin­cennes. « Vous avez fail­li faire une grosse erreur BFMTV », a‑t-elle com­men­té. Et de dévelop­per : « Vous étiez en direct avec les gens qui étaient (réfugiés) dans la cham­bre froide. Ils vous ont dit qu’ils étaient 6 en bas avec un bébé. Et 2 min­utes après, c’est passé sur BFMTV, et le ter­ror­iste a regardé BFMTV. »

« Heureuse­ment qu’il n’a pas vu la bande qui pas­sait en bas, sinon mon mari et les cinq autres étaient morts, parce qu’il descendait et il les mitrail­lait tous parce qu’il était per­suadé qu’il n’y avait plus per­son­ne en bas », s’est-elle indignée avant de con­clure que « trop d’in­for­ma­tion tue l’in­for­ma­tion ». Une ver­sion qui fait débat sur la toile, cer­tains affir­mant caté­gorique­ment avoir vu le ban­deau en ques­tion quand d’autres par­lent d’er­reur voire de mensonge.

De son côté Hervé Béroud, directeur de la rédac­tion de BFMTV, a assuré au Monde n’avoir « jamais été en con­tact avec les gens retenus en otage dans la cham­bre froide. Nous étions au courant de leur exis­tence, de source poli­cière, mais nous n’avons pas été en con­tact avec eux. » Et d’a­jouter, sans remet­tre en cause sa « bonne foi », que « la dame dit aus­si que nous avons écrit que des otages étaient cachés dans notre ban­deau écrit en bas de l’écran. Or, nous n’avons, pen­dant l’opéra­tion, jamais écrit aucun ban­deau men­tion­nant des gens cachés. »

Il ajoute même : « À une occa­sion, le jour­nal­iste Dominique Rizet, en plateau, a évo­qué une femme qui se serait cachée dans une cham­bre froide. Mais il l’a fait parce qu’il était en con­tact avec une per­son­ne du RAID sur place, qui lui avait dit que ces per­son­nes-là n’é­taient plus en dan­ger car les forces d’in­ter­ven­tion avaient pris posi­tion près de la cham­bre froide. Pour­tant, M. Rizet s’est ensuite dit que ce n’é­tait pas la peine de redire cette infor­ma­tion, par prudence. »

BFMTV n’est pas la seule chaîne con­cernée par les cri­tiques. Si la chaîne d’in­fo est accusée d’en avoir trop fait, France 3 s’est vue reprocher exacte­ment le con­traire. Dans un com­mu­niqué pub­lié mer­cre­di dernier, le Syn­di­cat nation­al des jour­nal­istes (SNJ) et le SNJ-CGT de France Télévi­sions ont dénon­cé l’« impens­able hiérar­chie de l’in­fo » du 12/13 de France 3 le jour de l’attaque de Char­lie Hebdo.

Dans son jour­nal télévisé, Samuel Éti­enne a en effet choisi de ne pas ouvrir sur la tuerie mais sur des sujets bien plus banals tels que l’ou­ver­ture des sol­des, la fraude aux allo­ca­tions ou encore le débat sur la fin de vie… Une minute trente seule­ment a été con­sacrée à l’événe­ment alors qu’au même moment, toutes les chaînes d’in­for­ma­tion étaient sur le coup, dont le JT de France 2 qui y con­sacrait une édi­tion spé­ciale de plus d’une heure.

Devant cet état de fait, le SNJ demande à la chaîne de tir­er « toutes les con­séquences édi­to­ri­ales et struc­turelles pour ne pas laiss­er ces erreurs se répéter ». De son côté, le SDJ-CGT estime que la chaîne s’est « ridi­culisée » et a demandé une expli­ca­tion devant les salariés.

En par­al­lèle, le Con­seil supérieur de l’au­dio­vi­suel s’est réu­ni lun­di 12 jan­vi­er pour exam­in­er d’éventuels « man­que­ments » des médias au sujet du traite­ment de cette actu­al­ité sen­si­ble. « Le CSA a mis en place un suivi de leur traite­ment par les médias audio­vi­suels. Il exam­ine, dans le cadre de ses pou­voirs de con­trôle, con­tra­dic­toire­ment, les man­que­ments qu’auraient pu com­met­tre cer­tains de ces médias », explique le Con­seil.

Les chaînes de télévi­sion et les sta­tions de radio vont ain­si être con­viées prochaine­ment à « une réflex­ion com­mune sur les ques­tions et les dif­fi­cultés qui ont pu être soulevées par l’ac­com­plisse­ment de leur mission ».

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