Monika Maron est une personnalité de la gauche libérale culturelle allemande. Née hors mariage en 1941 dans la partie de ce qui deviendra la RDA, car sa mère est considérée comme demi-juive. Sa mère se mariera ensuite avec un haut fonctionnaire est-allemand. D’abord séduite par le communisme, Monika Maron deviendra hypercritique du régime et sera interdite de publication. Son éditeur allemand vient de se séparer d’elle pour ses opinions devenues non conformes à la doxa dominante. Un article paru chez notre confrère Junge Freiheit.
Après 40 ans de collaboration, les éditions S. Fischer se séparent de Monika Maron
Berlin : les éditions S. Fischer ont mis fin à leur collaboration avec l’un de leurs auteurs réguliers, Monika Maron, après 40 ans de travail commun. Ses déclarations sur l’islam et la politique des réfugiés en seraient la raison, a déclaré l’auteur de 79 ans au journal Die Welt. Ses opinions suffiraient “pour être considérée comme de la « nouvelle droite » ou même « raciste »”.
Les éditeurs de Maron avaient auparavant critiqué la publication de son essai chez Exil, un éditeur « nouvelle droite » et distribué par un libraire de Dresde. Fischer s’était plaint par ailleurs que l’éditeur Götz Kubitschek vendait également le volume des essais de Monika Maron. La libraire est une amie chez qui elle présente ses livres depuis plus de vingt ans, a déclaré Maron. « Pour moi, elle n’est pas « nouvelle droite » mais une opposante qui dépasse parfois sa cible ». Par contre, elle ignorait que Kubitschek vendait ses livres. Mais comme il distribue également ses romans édités chez Fischer, son ancien éditeur ne pouvait rien y faire.
Monika Maron critique le langage dégenré
Les éditions S.Fischer s’étaient déjà plaintes d’un de ses livres en 2018, Munin ou chaos dans la tête, qui aurait donné « toutes sortes de soucis ». À ce moment-là, il lui a été dit qu’ils voulaient la protéger d’elle-même, a déclaré Maron.
Elle n’est pas d’accord avec certains développements politiques et se défend, par exemple, contre le langage « dégenré » parce que ce « charabia » la met à rude épreuve. Par ailleurs, le foulard islamique, qu’elle considère comme un signe d’oppression et non comme un symbole de liberté religieuse, la dérange.
Les “nouvelles féministes” s’attaquent aux personnes qui les dérangent avec agressivité
Ce qui a provoqué l’indignation des « nouvelles féministes ». Elles attaquent avec agressivité ceux qui les dérangent, une lutte pour le pouvoir d’interprétation, selon Maron. Pour beaucoup, argumenter serait trop difficile, mais l’exclusion morale raccourcit le débat, met en garde Monika Maron. Lors de ses conférences, elle a souligné trois inquiétudes liées au fait de dire quelque chose de potentiellement considéré comme faux (sous-entendu par les néo-féministes, NDR) : la peur de l’exclusion, la peur des disputes avec la famille ou la peur de la perte de l’emploi.
L’esprit soixante-huitard est devenu de bon ton.
À son avis, les changements survenus depuis 1968 ont modifié la culture prétendument inconciliable du débat. « Les soixante-huitards ont commencé leur marche à travers les institutions et occupent désormais des postes importants dans les médias, l’enseignement, les universités et dans une certaine mesure, en politique. Ils sont devenus le « haut du panier » tout en se considérant toujours comme une opposition », explique Maron. En conséquence, toute attaque contre eux est considérée comme réactionnaire.
Les puissants s’opposent à toute conviction divergente. Ce faisant, ils ont créé « un climat dans lequel chacun réfléchit trois fois à ce qu’il est autorisé à dire sans risquer d’être pris pour cible ». « Aucune répression n’est nécessaire », a souligné l’auteur. Ce à quoi les militants des droits civiques de l’ex-RDA, sont particulièrement sensibles. “Ceux qui ne pouvaient pas supporter cela à l’époque, ne peuvent pas le supporter et ne le supporteront pas aujourd’hui, surtout dans une société libre.”
Relents d’Allemagne de l’est
Maron a passé près de la moitié de sa vie en RDA. Son premier roman, Flugasche, y a été publié en 1981. Après l’interdiction de l’ouvrage en RDA, les éditions Fischer avaient publié le livre en Allemagne de l’ouest. Le fait que son éditeur la mette maintenant dans la situation où elle se trouvait il y a quarante ans avec son premier roman, « l’attriste et la stupéfie ».
Monika Maron a publié de nombreux livres chez Fischer Verlag, y compris son dernier travail, Artur Lanz, qui parle d’un homme qui aspire à être un héros.
Source : Junge Freiheit, 19/10 2020, traduction AC.
Certains livres de Monika Maron ont été publiés en français
Animal triste, Albin Michel, 1998
Le Malentendu, Éditions du Rocher, 2001