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Chasse aux sorcières, en Allemagne aussi

13 novembre 2020

Temps de lecture : 4 minutes
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Chasse aux sorcières, en Allemagne aussi

Temps de lecture : 4 minutes

Monika Maron est une personnalité de la gauche libérale culturelle allemande. Née hors mariage en 1941 dans la partie de ce qui deviendra la RDA, car sa mère est considérée comme demi-juive. Sa mère se mariera ensuite avec un haut fonctionnaire est-allemand. D’abord séduite par le communisme, Monika Maron deviendra hypercritique du régime et sera interdite de publication. Son éditeur allemand vient de se séparer d’elle pour ses opinions devenues non conformes à la doxa dominante. Un article paru chez notre confrère Junge Freiheit.

Après 40 ans de collaboration, les éditions S. Fischer se séparent de Monika Maron

Berlin : les édi­tions S. Fis­ch­er ont mis fin à leur col­lab­o­ra­tion avec l’un de leurs auteurs réguliers, Moni­ka Maron, après 40 ans de tra­vail com­mun. Ses déc­la­ra­tions sur l’is­lam et la poli­tique des réfugiés en seraient la rai­son, a déclaré l’au­teur de 79 ans au jour­nal Die Welt. Ses opin­ions suf­fi­raient “pour être con­sid­érée comme de la « nou­velle droite » ou même « raciste »”.

Les édi­teurs de Maron avaient aupar­a­vant cri­tiqué la pub­li­ca­tion de son essai chez Exil, un édi­teur « nou­velle droite » et dis­tribué par un libraire de Dres­de. Fis­ch­er s’é­tait plaint par ailleurs que l’édi­teur Götz Kubitschek vendait égale­ment le vol­ume des essais de Moni­ka Maron. La libraire est une amie chez qui elle présente ses livres depuis plus de vingt ans, a déclaré Maron. « Pour moi, elle n’est pas « nou­velle droite » mais une opposante qui dépasse par­fois sa cible ». Par con­tre, elle igno­rait que Kubitschek vendait ses livres. Mais comme il dis­tribue égale­ment ses romans édités chez Fis­ch­er, son ancien édi­teur ne pou­vait rien y faire.

Monika Maron critique le langage dégenré

Les édi­tions S.Fischer s’é­taient déjà plaintes d’un de ses livres en 2018, Munin ou chaos dans la tête, qui aurait don­né « toutes sortes de soucis ». À ce moment-là, il lui a été dit qu’ils voulaient la pro­téger d’elle-même, a déclaré Maron.

Elle n’est pas d’ac­cord avec cer­tains développe­ments poli­tiques et se défend, par exem­ple, con­tre le lan­gage « dégen­ré » parce que ce « chara­bia » la met à rude épreuve. Par ailleurs, le foulard islamique, qu’elle con­sid­ère comme un signe d’op­pres­sion et non comme un sym­bole de lib­erté religieuse, la dérange.

Les “nouvelles féministes” s’attaquent aux personnes qui les dérangent avec agressivité

Ce qui a provo­qué l’indig­na­tion des « nou­velles fémin­istes ». Elles attaque­nt avec agres­siv­ité ceux qui les dérangent, une lutte pour le pou­voir d’in­ter­pré­ta­tion, selon Maron. Pour beau­coup, argu­menter serait trop dif­fi­cile, mais l’ex­clu­sion morale rac­courcit le débat, met en garde Moni­ka Maron. Lors de ses con­férences, elle a souligné trois inquié­tudes liées au fait de dire quelque chose de poten­tielle­ment con­sid­éré comme faux (sous-enten­du par les néo-fémin­istes, NDR) : la peur de l’ex­clu­sion, la peur des dis­putes avec la famille ou la peur de la perte de l’emploi.

L’esprit soixante-huitard est devenu de bon ton.

À son avis, les change­ments sur­venus depuis 1968 ont mod­i­fié la cul­ture pré­ten­du­ment inc­on­cil­i­able du débat. « Les soix­ante-huitards ont com­mencé leur marche à tra­vers les insti­tu­tions et occu­pent désor­mais des postes impor­tants dans les médias, l’en­seigne­ment, les uni­ver­sités et dans une cer­taine mesure, en poli­tique. Ils sont devenus le « haut du panier » tout en se con­sid­érant tou­jours comme une oppo­si­tion », explique Maron. En con­séquence, toute attaque con­tre eux est con­sid­érée comme réactionnaire.

Les puis­sants s’op­posent à toute con­vic­tion diver­gente. Ce faisant, ils ont créé « un cli­mat dans lequel cha­cun réflé­chit trois fois à ce qu’il est autorisé à dire sans ris­quer d’être pris pour cible ». « Aucune répres­sion n’est néces­saire », a souligné l’au­teur. Ce à quoi les mil­i­tants des droits civiques de l’ex-RDA, sont par­ti­c­ulière­ment sen­si­bles. “Ceux qui ne pou­vaient pas sup­port­er cela à l’époque, ne peu­vent pas le sup­port­er et ne le sup­port­eront pas aujour­d’hui, surtout dans une société libre.”

Relents d’Allemagne de l’est

Maron a passé près de la moitié de sa vie en RDA. Son pre­mier roman, Flu­gasche, y a été pub­lié en 1981. Après l’in­ter­dic­tion de l’ou­vrage en RDA, les édi­tions Fis­ch­er avaient pub­lié le livre en Alle­magne de l’ouest. Le fait que son édi­teur la mette main­tenant dans la sit­u­a­tion où elle se trou­vait il y a quar­ante ans avec son pre­mier roman, « l’at­triste et la stupé­fie ».

Moni­ka Maron a pub­lié de nom­breux livres chez Fis­ch­er Ver­lag, y com­pris son dernier tra­vail, Artur Lanz, qui par­le d’un homme qui aspire à être un héros.
Source : Junge Frei­heit, 19/10 2020, tra­duc­tion AC.

Cer­tains livres de Moni­ka Maron ont été pub­liés en français
Ani­mal triste, Albin Michel, 1998
Le Malen­ten­du, Édi­tions du Rocher, 2001

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