Les téléspectateurs de l’émission de Laurent Ruquier, On n’est pas couchés, sont de drôles de privilégiés. Samedi 30 septembre 2017, ils ont assisté à une émission dont ils savaient à l’avance qu’ils ne verraient pas le clou du spectacle : « le clash entre Christine Angot et Sandrine Rousseau », ainsi que le rapporte la majorité des médias ce même samedi.
Surprenante formule car de vrai clash il n’y a pas eu. Seulement l’habituelle colère d’une enfant gâtée du monde de la culture libérale-libertaire. France 2 a donc décidé de ne pas donner à voir cette séquence lors de la diffusion de l’émission. Ce qui a été diffusé, clash en moins, peut se voir ici.
Cachez donc ce caprice que je ne saurai voir
À lire les médias qui rapportent les faits, comme 20 Minutes, Le Huffington Post, RTL, Le Figaro, L’Express, CNews…, le plateau d’ONPC a connu 30 minutes de gamineries capricieuses. Un « vif échange » oppose Christine Angot à l’invitée Sandrine Rousseau, ancienne cadre l’EELV maintenant engagée dans la lutte contre les agressions sexuelles. Sandrine Rousseau a publié un témoignage racontant la manière dont elle a été traitée par Denis Baupin. Des fuites de téléspectateurs disent que l’ancienne responsable écologiste a terminé l’émission en larmes, suite à ce qui ne fut pas en réalité un « vif échange » mais bien une agression — laquelle eut valu exclusion du PAF pour toute personne moins politiquement intégrée. Christine Angot aurait prononcé ces mots : « Je vous interdis de dire ce que vous dites ! Vous ne pouvez pas parler au nom de toutes les femmes, vous auriez dû dire “je”. On ne peut parler que de son viol ». Nous n’aurons donc pas le ton avec lequel ces mots ont été prononcés. Un ton sans doute violent, on peut l’imaginer si l’on se souvient de l’agressivité gênante qui avait été celle de l’écrivain à l’égard de François Fillon, alors candidat à la présidence de la République. Lors de l’enregistrement d’ONPC, Angot aurait jeté tout ce qui traînait devant elle, après avoir attaqué une Sandrine Rousseau qui était, rappelons-le, l’invitée d’une émission dont l’écrivain est devenu chroniqueuse en septembre, en récompense de ses invectives contre Fillon.
Christine, au nom de quelle secte parles-tu ?
François Fillon avait laissé entendre que son interlocutrice était sectaire, conservant cependant une certaine retenue devant une personne l’accusant sur la base d’attaques non confirmées par la justice. Il est vrai que le choix des mots est signifiant. Lors de la séquence retirée de l’émission ONPC du samedi 30 septembre 2017, Angot dit : « Je vous interdis de dire ce que vous dîtes », niant ainsi la liberté d’expression de son interlocutrice. Puis elle affirme « vous auriez dû dire ». Interdiction et obligation, les deux formules traduisent autant l’état d’esprit de l’écrivain que celui des milieux bobos parisiens auxquels elle appartient, de plus en plus habitués à intimer, interdire et obliger autrui. Au nom de la « liberté » et de la « tolérance ». Cela a été analysé par nombre d’observateurs, dont les philosophes Alain Finkielkraut et Jean-Claude Michéa.
Christine n’en est pas à son coup d’essai
Cette agressivité en forme de volonté d’interdire à l’autre d’être ce qu’il est n’est pas une première de la part de Christine Angot. Il y avait eu clash avec Zemmour, puis avec Natacha Polony. Dans chacun de ces cas, l’écrivain avait une actualité personnelle, tout comme lors de son offensive anti Fillon – elle mettait alors en scène l’un de ses romans au théâtre, ce que David Pujadas n’a pas manqué de signaler tandis qu’elle quittait le studio. Récemment, Alexis Corbière, député de la France Insoumise, a aussi été soumis à la vindicte dogmatique de l’écrivain, éructant « Je suis une artiste ! Je suis une artiste ! » quand l’homme politique venait d’utiliser le mot « d’intellectuelle » à son égard. Pourquoi cette violence ? Angot prétendait convaincre les téléspectateurs que le mouvement de Corbière aurait été soutenu par Dieudonné, uniquement parce que l’une de ses candidates aurait « accueilli » ses voix. Ce qui ne fut d’ailleurs aucunement le cas. Corbière parle d’amalgame. Angot dit « Il faut être clair ». Corbière l’informe qu’il ira vérifier « si elle s’est un jour prononcée contre Dieudonné ». Clash mal préparé, Alexis Corbière est un anti Dieudonné historique, militant de l’interdiction des spectacles de l’humoriste. Le clash se termine donc plutôt calmement : on est entre parisiens de gauche.
Christine ou Je Suis vraiment Partout ?
Bien sûr, de mauvaises langues remarqueront que le clash du samedi 30 septembre 2017 survient la semaine où sort sur les écrans le dernier film de Claire Denis, avec Juliette Binoche en égérie du tout Paris végan-bobo-bonzaïo-révolutionnaro-macroniste en tête d’affiche. « Un beau soleil intérieur », film dont le scénario a justement été écrit par Christine Angot. Ces mêmes mauvaises langues auront beau jeu de souligner qu’un peu de buzz ne pouvait guère mieux tomber. Ce qui ne sera évidemment pas le cas de l’OJIM. Reste que face à de tels moments médiatiques, où la vulgarité de Ruquier comme de Christine Angot éclate au grand jour, une personnalité influente du PAF nous disait devant une telle palinodie, — en souriant et sous couvert d’anonymat — être maintenant « convaincue qu’interdire la fessée sera une énorme ânerie ».