Anaphores, antithèses, périphrases, des procédés rhétoriques et verbaux que dissèque chaque soir sur France Info Clément Viktorovitch afin, dit-il, d’éviter au citoyen de tomber dans les pièges tendus par nos dirigeants et leurs concurrents. Nous avons suivi, durant une semaine (du 21 au 24 février 2022), sa chronique. Intitulée Entre les lignes, diffusée chaque soir vers 19h45. Où on retrouve bien la ligne éditoriale du service public.
Un parrainage « moral »
Viktorovitch se contente le plus souvent d’évoquer la forme plutôt que le fond. Certes, il n’a jamais prétendu faire autre chose. Néanmoins, le jeudi 24 février, il se posait la question « parrainer est-ce soutenir ? ». Cette chronique faisait suite à la vidéo de David Lisnard, président de l’Association des maires de France, qui justement disait que parrainer n’est pas soutenir. Réponse de Viktorovitch : Lisnard a raison sur le plan juridique, mais pas moral. En effet le Petit Robert définit le parrainage comme une caution morale. Conclusion : changeons le mot, mais pas le système. Si certains éléments de contexte sont évoqués, jamais il ne pointe du doigt la réforme de 2016, faite par François Hollande, qui met fin à l’anonymat des parrainages.
Il y a « guerre » et « guerre »
Le jeudi 24 février, l’Histoire toque à nos portes. Vladimir Poutine envahit l’Ukraine, notre rhéteur se penche alors sur le mot guerre, utilisé selon lui à tort et à travers. Il se dit donc « très content » que le président l’emploie dans ce contexte et rappelle les usages, selon lui maladroits, de ce mot auparavant. Il cite l’exemple de Georges.W.Bush qui disait, après le 11 septembre, être en guerre contre la barbarie. Il cite ensuite Manuel Valls au soir du 13 novembre 2015, déclarant la guerre à l’islamisme. Il termine enfin par reprendre Emmanuel Macron le 17 mars 2020, déclarant la guerre au COVID 19. Bien évidemment, pour Clément Viktorovitch, la guerre contre l’islamisme n’est pas une vraie guerre. Bien qu’elle ait des morts et ses martyrs, le mot est trop fort. Idem pour le COVID. Ici, notre analyste pourrait se demander pourquoi le chef de l’État avait employé un tel mot. Peut-être pour justifier, par avance, un état d’exception bafouant une grande partie des libertés individuelles ? Finalement, Clément conclut à un retour du sens originel du mot guerre. Tout ça pour ça diront certains.
Saint Michel belliciste
Un cas fait exception : lorsqu’il s’agit de thèmes d’ « extrême droite ». Par exemple, le lundi 21 février, lorsque la chronique porte sur le discours d’Éric Zemmour au Mont-Saint-Michel. Dans ce cas, le chroniqueur n’hésite pas à dire qu’Éric Zemmour, au-delà de prévoir un conflit religieux, l’appelle de ses vœux. Pourquoi ? Car il cite Saint-Michel et amène donc le religieux en politique et donc la possibilité d’une guerre de religion. Un raisonnement qu’il étoffe en expliquant que la France est laïque et que Zemmour rompt avec la tradition républicaine. Comment ? En proposant un retour au roi ? En promouvant Maurras ? Non, juste en disant « Vive la République et SURTOUT vive la France ! ». La République en tremble. Dans ce cas, le chroniqueur ne se prive pas de sortir allègrement du contexte qui d’habitude lui est cher.Idem en janvier 2022, lorsqu’il se penche sur la prestation de Zemmour devant les syndicats de police. Il revient sur la phrase où le candidat explique qu’il n’existe pas de violence policière. Et conclut, après une longue explication que Zemmour légitime (sic) par avance les violences à l’égard d’une partie de la population et conclut : « Nous ne pourrons pas dire que nous ne savions pas. ».
Une conclusion digne des belles heures de l’antifascisme de pacotille, ou encore du service public français de l’audiovisuel, et qui montre les limites de la neutralité du jeune professeur de Sciences Po Paris, on échappe difficilement à son milieu.
Voir aussi : Clément Viktorovitch, portrait