La publication en une de Closer de la photo de Florian Philippot avec un homme présenté comme son compagnon n’en finit pas de faire des vagues.
Dans une lettre ouverte publiée sur Rue89, l’homme qui accompagne Florian Philippot sur les photos diffusées par Closer interpelle la patronne du magazine, Laurence Pieau.
Présenté par l’hebdomadaire comme un « journaliste de télévision » et montré avec un visage légèrement flouté, celui-ci reproche au journal de l’avoir « utilisé pour illustrer l’homosexualité de monsieur Philippot, à grands coups de mains qui se chevauchent par jeu de perspectives », et d’avoir fait de lui, volontairement, une « victime collatérale ». « Victime non pas d’outing, mais d’amalgames que vous initiez », précise-t-il, car « en me présentant comme le petit ami du vice-président du Front national, il apparaissait évident que mes sensibilités politiques seraient associées avec celles de ce parti. Ce n’est pas le cas, et vous le saviez. »
« Quant à l’anonymat que vous m’avez offert, pour des raisons, je l’imagine, bien plus juridiques qu’altruistes, il est tout relatif. Et cela découle autant de la qualité des flous que de la nature même du corps de métier dans lequel j’évolue. Ça encore, vous le saviez », poursuit-il, se disant aujourd’hui victime de « menaces de mort ».
Moquant la défense de Laurence Pieau sur Europe 1, qui a justifié son article en invoquant l’égalité de traitement entre les couples homos et hétéros, le journaliste estime qu’il « était beau de voir une parole militante sortir de votre bouche, après avoir ébranlé de façon durable la vie d’un “défenseur des droits des homosexuels”, et ce, en toute connaissance de cause ».
Et celui-ci de conclure, sèchement : « Avant de retourner dans l’anonymat auquel j’aspire, j’ai une dernière chose à vous dire. La vie personnelle stable et rangée dont je bénéficie m’est indispensable pour surmonter une épreuve aussi lourde. Il vous faudra sans doute un suicide pour que vous compreniez. Par chance pour vous, ça ne sera pas le mien. »
Quant à Florian Philippot, il a décidé de poursuivre le magazine devant les tribunaux.
Le vice-président du Front National réclame ainsi 50 000 euros de dommages et intérêts, mais ne s’arrête pas là. Celui qui a dénoncé une « atteinte gravissime à sa vie privée », réclame aussi « 5 000 euros au titre des frais de justice, la publication du jugement en couverture, la suppression du sujet sur le site closermag.fr, l’interdiction de réexploiter les photos ainsi que l’injonction de communiquer le contrat et la facture pour l’achat des photos et la communication du tirage et de la diffusion », note Le Point.
L’audience se tiendra, en procédure d’urgence, au TGI de Paris le 22 décembre à 9h30, devant des juges référés. Et si Laurence Pieau, la directrice de la publication du magazine, se défend de toute malveillance en indiquant ne pas faire de différence entre les couples homosexuels et les couples hétérosexuels, ce ne sera pas la première (ni la dernière) fois que Closer risque une condamnation.
En mars, l’hebdomadaire a déjà été condamné à verser 10 000 euros à Arnaud Montebourg pour avoir publié des photos volées de l’ancien ministre en compagnie d’Aurélie Filippetti, ancienne ministre elle-aussi. En novembre encore, Closer avait versé 15 000 euros de dommages et intérêts à Julie Gayet pour avoir révélé sa liaison avec le président de la République, photos à l’appui.
Malgré toutes ces polémiques à répétition, Closer a pourtant trouvé un soutien inattendu en la personne de Jean-Luc Mélenchon. Le député européen du Front de Gauche a en effet jugé que le magazine people était « un espace de liberté ». Dans un long entretien paru hier dans les colonnes du magazine, il a expliqué que les médias traditionnels étaient « souvent le lieu d’un entre soi cruel et vaniteux ».
Et d’ajouter : « Je suis un rebelle. Je ne suis pas une sorte de Manuel Valls en plus âgé. Face à ce robot qui construit un mur de phrases toutes faites dans les médias officiels, je dois tout le temps trouver des failles dans le mur par lesquelles passer le message. A cet instant, vous êtes pour moi un espace de liberté. »
Ce qui intéresse Mélenchon chez Closer, « c’est le grand nombre, qui a des goûts simples, qui ne se prend pas trop au sérieux »… En revanche, interrogé sur le fait de savoir si la vie privée des hommes politiques pouvait dire quelque chose de leur personnalité publique, celui-ci a estimé que c’était une « illusion ».
« Est-ce que, pour mieux comprendre le métier des journalistes de Closer, il faudrait montrer leur vie privée ? Quelle blague ! », a‑t-il affirmé. Et de juger qu’il y avait « actuellement ce qu’on appelle la tyrannie de l’intimité. Et c’est d’abord une déroute idéologique pour nous, hommes politiques. Vous nous infligez un supplice horrible : la transparence. Tout le monde a besoin d’un jardin secret, de sa part d’ombre. Alors que personne ne peut être parfait… »
Jean-Luc Mélenchon conclut par une anecdote : « Autrefois, je pensais que vous étiez juste des inquisiteurs déplaisants. Et puis, un jour, un copain photographe m’a dit : « Parfois, ce sont certaines célébrités qui nous disent de venir. Ce ne sont pas des photos volées, mais voulues… »
Crédit photo : remijdn via Flickr (cc)
@closerfr : attaqué par @f_philippot, un “espace de liberté” pour @JLMelenchon #OutingPhilippot #closer #Philippot pic.twitter.com/ENcIzyfzNV
— Claude Chollet (@ClaudeChollet) 20 Décembre 2014