Comment vivre avec un homme d’affaires qui gagne des fortunes mais a également la réputation de ne pas gaspiller son argent, c’est ce que va devoir apprendre la rédaction de La Provence avec le patron de CMA CGM, Rodolphe Saadé.
Déjà plus de 160M€ dépensés pour le journal par Saadé
Faisons les additions : Saadé a dépensé 80M€ pour racheter le titre, plus 30M€ pour payer les salaires (la trésorerie étant insuffisante à un moment) et rembourser un prêt de l’État, plus 53M€ pour acheter un superbe immeuble dans le centre de Marseille où la rédaction devrait s’installer en 2024, l’addition dépasse déjà les 163M€. Et ce n’est pas fini, des investissements dans le numérique et dans une nouvelle imprimerie sont annoncés.
Gestion au plus juste et garde prétorienne
Les syndicats, qui avaient appuyé Saadé contre Niel, déchantent. Les négociations salariales pour 2023 ont donné un maigre 2,5% d’augmentation, en-dessous de l’inflation. D’un autre côté, Saadé s’entoure d’une équipe de poids lourds. Laurent Guimier, qui va diriger son pôle médias (La Provence, Corse-Matin, 8% de M6, une participation dans Brut). Le directeur général du quotidien, Gabriel d’Harcourt, venu de La Voix du Nord. Aurélien Viers, nouveau directeur des rédactions, venu du pôle web du Parisien où il a connu une belle réussite. Les trente journalistes qui ont saisi la clause de cession pour quitter l’entreprise seraient remplacés poste pour poste.
D’autres changements sont annoncés, une nouvelle maquette pour marquer la nouvelle ère, le lancement d’un format tabloïd à l’horizon 2024 ou début 2025, peut-être un nouveau partenariat avec l’Olympique de Marseille qui va arborer le sigle CMA CGM sur son maillot. Saadé est déjà le roi de Marseille, mais ses moyens lui permettent de voir plus loin et plus grand.
Pour l’anecdote, certaines éditions locales du 14 mars n’ont pu être imprimées en raison d’une coupure de courant déclenchée par l’union départementale de la CGT. L’action a été revendiquée par la CGT Marseille.