Le développement des chaînes d’information en continu et la dictature du sensationnalisme pousse les rédactions à tout commenter tout le temps. Résultat, certaines interventions tournent au ridicule comme celle de Nelson Getten, journaliste de BFMTV qui a confondu le logo d’un syndicat étudiant avec celui d’une marque de vêtement canadienne.
Quand « l’ultra droite » met des doudounes
Le 31 mars 2023 Nelson Getten commente des affrontements entre groupes politisés de jeunes. D’un côté la gauche qui bloque des facultés contre la réforme des retraites, de l’autre la droite qui refuse ces blocages illégaux.
Toute la narration du journaliste dénonce son parti pris. Il est ainsi question de jeunes qui attaquent « violement les blocus des universités »… Des blocus pourtant souvent eux-mêmes orchestré avec une certaine violence. Il est question du déblocage de l’université parisienne Assas, le journaliste évoque alors les « jeunes » qui bloquent la faculté qui se font déloger par des « hommes »… En réalité, comme le montre la photo qui suit dans le « reportage » il s’agit aussi de jeunes.
Sont opposés dans la bouche du journaliste une « jeunesse de gauche » et des « mouvements d’extrême droite », on humanise le militant de gauche, on réduit celui de droite à un groupe, une organisation. L’un est de gauche, l’autre d’extrême droite.
S’en suit le témoignage d’un militant de gauche mais la parole n’est pas donné à des jeunes de droite. Nelson Getten a « froid dans le dos » en évoquant le surnom potache que se sont donnés les assaillants (Waffen Assas) et évoque la Croix celtique comme le symbole de la suprématie de la race blanche ce qui demeure très approximatif… Et c’est là qu’arrive le dérapage de la séquence avec l’expert Getten qui décrit une photo de militants nationalistes en affirmant voir dessus un logo de la Cocarde étudiante… Pas de chance il s’agissait en réalité de la marque canadienne Canada Goose.
Bonjour @NelsonGetten voici un petit jeu pour vous. Retrouvez le plus de différences ! Sinon la prochaine fois soyez plus sérieux dans votre enquête. https://t.co/KJv209Wo34 pic.twitter.com/3104kMtyk3
— Limongi Quentin (@LQuentin_) April 1, 2023
Misère du plateau
Un fausse information qui rappelle les âneries de Michel Wieviorka qui assimilait le « A » cerclé de Anarchiste à un « symbole de d’extrême droite » lors de manifestations de Gilets Jaunes. Un manque de travail qui se double d’une volonté du journaliste de dénigrer un camp plus qu’un autre. Dans le même extrait, le plateau de BFM consulte une vidéo de lynchage d’un militant nationaliste sans qu’aucun commentaire ne soit fait sur cette scène.
Un ancien président du syndicat La Cocarde étudiante indument mis en cause par le journaliste réagit sur les réseaux sociaux suscitant les moqueries à l’endroit du journaliste de BFM.
Le principal intéressé et sa chaîne n’ont pas cru nécessaire de corriger dans un premier temps mais ont fini par s’exécuter possiblement après les menaces de poursuites judiciaires. Pas très fier, Nelson Getten a dû se corriger à l’antenne.
Le journalisme de la paresse
Au-delà de ce raté, c’est la méthode BFMTV qui interroge. Il est ainsi dit que ce journaliste réalise des « enquêtes ». En réalité la plupart du temps il pioche quelques vidéos sur internet, consulte quelques pages wikipedia et interroge une personne « engagée » et propose une petite chronique. Il l’a fait pour les poubelles mais aussi pour les opérations des Robins des bois. Et passons sur les erreurs du type « la république islamiste » pour parler de la république islamique… Ou encore les séances flatteries à l’endroit de la majorité. Pas franchement le couteau le plus affuté du tiroir, Nelson Getten ne produit pas que des sujets sans intérêts, il synthétise le travail des autres et fait quelques recherches mais on est souvent loin d’une « enquête ».