Les magazines du monde libéral libertaire sont structurellement en crise. L’Obs accumule les pertes qui sont renflouées par son actionnaire du groupe Le Monde. L’Express rhabillé façon mode à l’anglaise ne va pas beaucoup mieux.
The Economist en français toujours en perte
Quand Alain Weill a racheté l’Express en 2019 à Patrick Drahi (qui en conserve 49% mais n’y intervient plus) il avait l’ambition d’en faire un The Economist à la française. Le journal est d’ailleurs une copie du magazine anglais dans sa présentation et dans son style. Pas dans sa diffusion ni dans ses résultats financiers.
Une perte de 13M€ (source Lettre A) en 2018 qui était montée à 32M€ en 2019 pour faire face au plan social qui avait vu 120 collaborateurs remerciés et au lancement de la nouvelle formule. La perte était encore de 6M€ en 2020 et pourrait avoisiner les 3M€ en 2021. De quoi lasser un peu les heureux (?) actionnaires Weill/Drahi.
Encore un effort pour les salariés
La nouvelle formule est un demi-succès, ce qui est proche d’un demi-échec. Si l’hebdomadaire a gagné en qualité, la diffusion payée (dont une bonne partie de « ventes aux tiers » à prix coûtant ou à perte) a perdu 40% de ses ventes entre 2017 et 2020 et l’audience a encore fléchi d’environ 10% à la mi 2021. Comme le levier des ventes est celui qui est le plus difficile à contrôler, reste celui des dépenses, économies locatives par un déménagement moins coûteux et économies de personne où le secrétariat de rédaction est sur la sellette. Weill comme tout le monde veut mettre l’accent sur le numérique et embauche pour cela Diane Lemoine venue du Huffpost et de Télérama, le petit monde libéral libertaire américanophile. Les lecteurs suivront-ils un magazine devenu quasi anglo-saxon dans sa forme et son esprit ?