L’un est du matin et réputé de droite, l’autre du soir et réputé de gauche. Le Figaro apporte avec le Figarovox (souvent intéressant et non conformiste), un exutoire à son lectorat conservateur. Mais qu’en est il dans les autres pages du journal ? Les pages consacrées à l’international, à l’exception de Renaud Girard souvent isolé, sont pour la plupart très peu différentes de celles du rival du soir et épousent les poncifs libéraux libertaires. Un exemple avec un papier signé Richard Heuzé et consacré aux élections partielles municipales du printemps 2018 en Italie.
Une apparence d’honnêteté
Rien à dire sur le titre : Salvini fait gagner la Ligue en Toscane. En effet, Pise comme Sienne et d’autres, anciens bastions de gauche tombent dans l’escarcelle de la Ligue. Les chiffres sont justes et comme l’écrit le journaliste « En moins de quatre mois, le souverainiste Matteo Salvini a imprimé à la politique italienne un changement vertigineux ». Dont acte.
Une sémantique volontairement péjorative
Mais le diable se cache parfois dans le vocabulaire employé. Revue de détail.
La Ligue ? C’est un parti d’extrême droite tout comme son allié Fratelli d’Italia. Salvini utilise des thèmes simplificateurs et des provocations continues. Il conquiert ainsi un électorat désorienté (sans doute mieux orienté du temps de Renzi ou Berlusconi). Il mène une croisade contre l’Europe (deux fois, soulignons croisade), il exacerbe une insécurité plus ressentie que réelle (sous-entendu les migrants ne posent jamais de problèmes de sécurité, ça se saurait, demandez aux allemandes), et il a un style racoleur (contrairement à Renzi et Berlusconi, voir supra).
Cela ne suffit pas ? Ses campagnes flattent l’opinion publique, en accusant les ONG d’être complices des trafiquants. Richard Heuzé ne doit pas lire l’italien , ni l’anglais, ni le français, ni aucune autre langue, car la presse italophone comme internationale, regorge d’exemples où les ONG pseudo humanitaires deviennent de véritables organisateurs de migrations, parfois avec la complicité des passeurs. Voir notre revue de presse de juillet 2017 ici.
Mauvais accords avec les mauvais libyens
Au moment où le nouveau ministre de l’intérieur Matteo Salvini se trouve en Libye pour tarir une des sources de l’invasion, le papier du Figaro ne trouve rien de mieux que d’ironiser sur les gardes côtes libyens qui font bien leur travail (sous-entendu ce sont des brutes épaisses avec lesquelles l’Europe morale doit s’interdire de traiter) et prend un ton de reproche pour évoquer les propos du ministre qui déclare : Pour éviter les voyages de la mort il faut empêcher les barques de prendre le large. Pourtant une évidence de bon sens, aussi bien pour les européens que pour les candidats migrants. Même le Monde, pourtant peu tendre avec Salvini, ne parvient que rarement à accumuler autant de poncifs en aussi peu de phrases. Figaro ci, Figaro là, Figaro pas là du tout.