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Comment le MuCEM, institution publique, pratique la censure des ouvrages mis en vente

14 juillet 2018

Temps de lecture : 3 minutes
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Comment le MuCEM, institution publique, pratique la censure des ouvrages mis en vente

Temps de lecture : 3 minutes

Ceux qui habitent le midi connaissent le MuCEM, le Musée des Civilisations de l’Europe et de la Méditerranée, ouvert en 2013 à Marseille. L’écrivain Jean-Paul Gourevitch, qui a publié en 2018 un savant ouvrage sur La Méditerranée : conquête, puissance, déclin chez Desclée de Brouwer, a contacté le musée pour y référencer son livre, voire y faire une conférence sur un sujet qui intéresse directement l’institution. Il nous a communiqué son expérience et les réponses du musée.

Réponse écrite des libraires

Nous avons bien reçu hier votre propo­si­tion et votre présen­ta­tion du livre de M. Goure­vitch. Néan­moins, nous ne souhaitions pas com­man­der ce livre pour notre fonds. Les col­lab­o­ra­tions très régulières de l’auteur avec divers­es com­posantes d’extrême droite nous sem­blent incom­pat­i­bles avec nos valeurs. Bien enten­du, nous pro­poserons de com­man­der le livre aux clients qui le souhaitent.

Visite de courtoisie à la librairie

De pas­sage à Mar­seille, l’auteur décide de ren­dre vis­ite à la librairie, nous citons par­tielle­ment sa lettre :

« J’ai prof­ité d’un pas­sage à Mar­seille pour avoir une brève expli­ca­tion que je croy­ais pou­voir être cour­toise avec Gilles, celui des libraires qui était là, d’au­tant plus qu’il n’y avait per­son­ne dans la petite bou­tique qu’il tient au sec­ond étage et que son col­lègue Alexan­dre avait accep­té il y a trois ans de met­tre en dépôt mon précé­dent ouvrage sur la Méditer­ranée. Et je me suis heurté à un mur de haine contenue.
Le libraire a recon­nu qu’il n’avait jamais ouvert un de mes 72 ouvrages…
Il a vu — et je ne m’en cache pas- que j’in­ter­viens par­mi d’autres sta­tions pour Radio Cour­toisie qui est selon lui “le lieu de ren­con­tre de toutes les com­posantes de l’ex­trême droite française”. En con­séquence une per­son­ne qui inter­vient pour Radio Cour­toisie même si elle est aus­si inter­viewée par d’autres médias d’ori­en­ta­tion très dif­férente ne peut avoir des ouvrages en dépôt au MuCEM. Et là ‑dessus il a immé­di­ate­ment appelé la sécu­rité pour me faire expulser… Ques­tion sim­ple au-delà de toute polémique : un libraire d’une insti­tu­tion publique financée par les con­tribuables peut-il pour des posi­tions poli­tiques qui lui sont per­son­nelles et qui témoignent d’une con­cep­tion très par­ti­c­ulière de la démoc­ra­tie et de la lib­erté d’ex­pres­sion refuser d’ac­cueil­lir un ouvrage his­torique non engagé con­cer­nant le thème cen­tral de cette insti­tu­tion ? La librairie du MuCEM en revanche a mis en valeur l’ou­vrage SOS Méditer­ranée, et pro­pose des tas d’ou­vrages con­cer­nant la sol­i­dar­ité avec les migrants, ce que je ne lui reproche pas. »

Un inci­dent exem­plaire et une nou­velle illus­tra­tion de la pen­sée unique qui sévit dans nom­bre de médias et aus­si dans nos musées, payés avec les impôts de tous les contribuables.

Pho­to : MuCEM via Instagram

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