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Comment Mediapart fabrique ses scoops

6 juin 2016

Temps de lecture : 2 minutes
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Comment Mediapart fabrique ses scoops

Temps de lecture : 2 minutes

Depuis quelques jours, le licenciement fin mai de la directrice adjointe de L’Obs, Aude Lancelin, fait l’objet d’une couverture détaillée, précise et abondante de la part de Mediapart.

Plusieurs arti­cles du pure play­er forte­ment mar­qué à gauche sont venus jeter un pavé dans le marig­ot des petites com­bines du monde politi­co-médi­a­tique parisien. Bra­vo ! Alors que la direc­tion de L’Obs s’évertue à expli­quer que l’évic­tion d’Aude Lancelin ‑elle est la com­pagne de Frédéric Lor­don, l’an­i­ma­teur de Nuit debout !- est stricte­ment dic­tée par des ques­tions man­agéri­ales, un SMS de Claude Per­driel adressée à la jour­nal­iste dit claire­ment le con­traire. Tou­jours action­naire du news­magazine ‑qu’il a ven­du en 2014 au Monde-l’oc­togé­naire affirme dans son mes­sage à Lancelin respecter ses con­vic­tions, tout en déplo­rant qu’elles aient pu influ­encer son tra­vail. De fait, les pages “débats-idée” du très social-démoc­rate Obs, sont dev­enues en quelques mois l’ago­ra per­ma­nente de l’ul­tra-gauche. Ain­si, Yanis Varo­ufakis, le sul­fureux ex min­istre de l’é­conomie, en a été l’in­vité réguli­er au même titre que nom­bre de penseurs et de soci­o­logues mar­qués rouge vif. Sans compter les reportages bien­veil­lants sur les députés fron­deurs à l’assem­blée et le mou­ve­ment Nuit débout. De quoi agac­er, out­re Per­driel, le trio Bergé, Niel, Pigasse, pro­prié­taire du Monde et proche de la gauche social­iste classique.

Voilà pour le con­texte, la suite est savoureuse. Virée de toute évi­dence pour des raisons poli­tiques (mais après tout, chaque jour­nal décide de sa ligne édi­to­ri­ale et a le droit de s’y tenir), Aude Lancelin compte à présent envoy­er L’Obs aux Prud’hommes. Pour lancer la procé­dure, elle a choisi comme avo­cat… William Bour­don. Ce ténor du bar­reau de Paris a fait de la défense des caus­es mar­quées à gauche ou ant­i­cap­i­tal­istes — SOS racisme, les syn­di­cal­istes SUD PTT, etc… —, son fonds de com­merce. Un tro­pisme qui l’a poussé à soutenir Medi­a­part depuis sa créa­tion en 2007. Bour­don y tient même un blog au vit­ri­ol con­tre les grandes puis­sances d’ar­gent, etc. La boucle est bouclée. Le fameux SMS de Per­driel s’est tout naturelle­ment retrou­vé par hasard dans la mes­sagerie de l’au­teur du scoop, Lau­rent Mauduit, au mépris des règles les plus élé­men­taires de con­fi­den­tial­ité de la procé­dure en cours.

Tou­jours prompt à don­ner des leçons de déon­tolo­gie aux autres jour­nal­istes et de moral­ité aux élites en général, Medi­a­part s’ap­pli­querait-il à lui-même le fameux adage : “Faites ce que je dis mais pas ce que je fais” ?

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