Première diffusion le 09/10/2022.
Au moment où le Tchèque Daniel Křetínský passe la corde au cou de Libération avec une prise de contrôle à terme, il est intéressant de revenir sur les mécanismes financiers qui ont permis à Patrick Drahi de financer le quotidien.
Comment faire du mécénat avec des réductions d’impôt
On résume : en 2020 Drahi apporte Libération à un fonds de dotation FDPI, le Fonds de dotation pour une presse indépendante (sic). Bonne surprise, les sommes apportées à un fonds de dotation sont déduites à hauteur de 60% de l’impôt sur les sociétés jusqu’à 2M€, à hauteur de 40% au-delà.
Voir aussi : La pseudo-indépendance de Libération
Mais les sommes déductibles sont plafonnées à hauteur de 0,5% du chiffre d’affaires annuel. Problème, la société SFR Presse de Drahi ne réalise que 10M€ de revenus annuels soit au maximum un très maigre avantage fiscal de 50K€. Eureka ! Drahi loge le FDPI dans sa plus grosse société, les télécoms de SFR qui réalisent 9 milliards d’euros de chiffre d’affaires, même si l’activité n’a rien à voir avec la presse. Ascenseur fiscal : la déduction peut remonter jusqu’à 45M€ de dons par an.
Tour de passe-passe financier et 30M€ de bonus
Plus joli encore : Libération en pertes chroniques devait de l’argent à SFR. Si SFR avait purement et simplement abandonné ses créances ou cédé ses parts pour un euro symbolique, il n’aurait jamais bénéficié de crédit d’impôt. En injectant 55M€ en 2020 pour effacer les dettes il bénéficie d’un abattement fiscal maximal. Pour que le journal dispose d’un fonds de roulement il rajoute 20M€ en 2021, total 75M€ engendrant un peu plus de 30M€ de crédit d’impôts. Chapeau l’artiste… et merci au généreux mécène !
Voir aussi : Libération, infographie