Alors que la concentration des médias aux mains de plusieurs grandes fortunes fait l’objet d’attaques récurrentes des partis de gauche, le ministre de la Culture a dénié l’importance d’une telle concentration, déclarant : « Notre paysage médiatique […] est moins concentré qu’il y a quarante ans ».
C’est dans le cadre de l’examen pour avis des crédits accordés à plusieurs missions du Projet de loi de Finances 2024 que Rima Abdul Malak s’est exprimée, mercredi 25 octobre, sur un sujet adoré des partis de gauche : la concentration des médias aux mains de grandes fortunes.
Une moins grande concentration qu’autrefois ?
Après avoir égrainé les différents types d’aides à la presse, le Ministre a déploré les nombreuses confusions autour des notions de la concentration et de l’indépendance. Le ministre de la Culture a ainsi rappelé qu’il pouvait « y avoir concentration sans atteinte à l’indépendance des journalistes et inversement, l’indépendance [pouvait] être menacée en l’absence de concentration. […] Notre paysage médiatique est moins concentré qu’il y a quarante ans », a ainsi souligné le ministre. « Il n’y avait que six chaînes de télé analogique dans les années 2000 […] il y en a 30 avec la TNT ».
Une concentration non dérangeante par essence
Pour le ministre, « le fait que des groupes industriels […] investissent dans des médias » n’est pour le ministre pas un problème, tant que ces derniers n’interfèrent pas. Aujourd’hui, a‑t-elle souligné ensuite, « il y a au moins dix gros éditeurs de presse qui représentent 30 % des tirages », a‑t-elle déclaré devant les membres de la commission des affaires culturelles. Le ministre a ensuite déclaré que 60 % des aides à la presse étaient versées à des groupes qui n’étaient pas la propriété de grandes fortunes.
Une question en passe de revenir
Indiquant à son auditoire de députés que cette question précise nourrirait les débats des États généraux de l’information, Rima Abdul Malak a indiqué qu’il y avait déjà eu un rapport IGAC (Inspection générale des affaires culturelles) – IGF (inspection générale des finances) sur la question des concentrations qui pourraient inspirer les discussions de ces mêmes États généraux. Un rapport qui appuie le propos du ministre : « En tout état de cause, peut-on y lire, le degré de pluralisme des contenus apparaît bien plus élevé aujourd’hui qu’il ne l’était au début des années 2000 et à plus forte raison en 1986, du fait de la multiplication des canaux de diffusion, de la numérisation et de l’arrivée de nouveaux acteurs (par exemple les acteurs « tout en ligne », ou « pure players »). Pour autant, il brandissait la menace d’un « risque potentiel s’agissant de l’influence disproportionnée qu’une même personne, physique ou morale, pourrait exercer sur la formation de l’opinion ». Les rapporteurs en appelaient enfin à la création d’un outil qui permettrait à l’ARCOM « d’apprécier au cas par cas l’impact des opérations sur le pluralisme » sur le modèle de l’autorité de régulation des télécommunications britanniques (Ofcom).
L’OJIM propose un outil de déconcentration simple et efficace
Nous en avons déjà parlé plusieurs fois, nous avons l’outil simple pour desserrer le bâillon tenu d’un côté par les milliardaires et de l’autre par le service public : rétablir la redevance avec pour liberté à chacun de l’attribuer au média de son choix. La suppression de la redevance fut une opération de passe-passe, les crédits correspondants sont pris sur les ressources assurées par la TVA.
- La redevance de 135 € par foyer est rétablie.
- Chaque foyer l’attribue à son média préféré, il peut moduler en deux ou en trois parties avec un minimum de 40 €.
- Pour ceux qui n’indiquent pas de préférence, la redevance est attribuée par défaut au service public de l’audiovisuel.
Exemples :
- Un foyer de gauche donnera 50 € à L’Humanité, 45€ à L’Obs, 40 € à Médiapart.
- Un foyer plus conservateur donnera 50 € à TVL, 45€ à l’Ojim (quand même) et 40 € à la revue Éléments.
- Un foyer plutôt macroniste donnera 70 € à BFMTV et 65 € à Franc-tireur.
- Un foyer aimant la télévision donnera 75 € à France Télévisions et 60 € à TF1.
- Un foyer orienté radio donnera 70 € à Radio France et 65 € à Radio Courtoisie.
- Un foyer catholique donnera 70 € à La Croix et 65 € à Radio Notre Dame.
- Un foyer hésitant ne donnera pas d’indication et le tout ira au service public.
Messieurs les députés, à vous de saisir cette opportunité via une proposition de loi.