Condamnation de CNews pour les propos d’Éric Zemmour sur les mineurs étrangers délinquants, l’impossible confrontation des idées pour le CSA : le Conseil Supérieur de l’Audiovisuel a condamné le 17 mars 2021 la chaine CNews à une lourde sanction pécuniaire — 200 000 euros — pour des propos sur les mineurs étrangers délinquants tenus par Éric Zemmour lors de l’émission Face à l’info du 29 septembre 2020. Cette sanction, très rare, est un modèle en matière de politiquement correct, étouffant tout débat non conforme. Alors que les premiers propos très généraux d’Éric Zemmour sur les mineurs non accompagnés, « tous délinquants », ont été vite rectifiés par Christine Kelly et par le journaliste lui-même, le CSA n’en a pas tenu compte. Au travers de la condamnation de CNews, n’est-ce pas la liberté de débattre sur l’immigration qui est visée par le CSA ?
Les vertus du débat pour passer des opinions aux faits
Dans le paysage médiatique, l’émission Face à l’info est l’un des rares endroits où l’on peut assister à de véritables confrontations d’opinions opposées. La liberté d’« opiner » était pour Spinoza un droit fondamental dans une démocratie. Il considérait que l’opinion était le plus bas degré de la connaissance. Mais la confrontation des idées doit selon Platon permettre aux interlocuteurs de s’interroger sur leurs opinions et de s’engager dans la recherche de la vérité.
Si le débat qui a eu lieu le 29 septembre 2020 sur le plateau de CNews illustre l’utilité de la confrontation d’opinions opposées, la suite qui y a été donnée par le CSA est un sérieux coup de canif à la liberté d’expression.
L’éditorial d’Éric Zemmour sur « les mineurs isolés : une naïveté française »
Le 29 septembre 2020, Éric Zemmour a consacré son éditorial quotidien aux « mineurs isolés ». D’une durée de 13 minutes, son intervention est dense. Le journaliste y aborde tour à tour de nombreux aspects de l’afflux de jeunes extra-Européens aux guichets de l’Aide Sociale à l’Enfance des départements français : leur nombre, toujours plus important, leur coût, faramineux pour le contribuable français, les filières d’immigration clandestine, une aubaine pour les passeurs, l’aberration qui consiste à ne pas renvoyer les jeunes étrangers dans leurs pays auprès de leurs parents, le droit au service de l’immigration, qu’il est urgent de changer, etc.
Tous ces éléments purement factuels n’intéressent pas le CSA, qui n’a retenu que le bref passage sorti de son contexte où les propos d’Éric Zemmour ont été excessifs. Il est utile de les reprendre en détail.
L’objet de la controverse
Les propos incriminés viennent à l’issue d’un long développement d’Éric Zemmour sur les mineurs isolés, que nous invitons nos lecteurs à voir ou revoir. Les arguments du journaliste sont loin de la caricature qui en est faite fréquemment.
Éric Zemmour : il faut renvoyer ces jeunes, ils n’ont rien à faire ici, ils sont voleurs, ils sont assassins, il ne faut même pas qu’ils viennent. Et pour cela il faut sortir de la convention européenne des droits de l’homme, qui je vous le rappelle, est l’origine du mal. La convention européenne des droits de l’homme et la convention internationale des droits de l’enfant nous obligent à n’expulser personne. Il faudra sortir de la convention européenne des droits de l’homme.
Christine Kelly : ceux qui sont violeurs
Éric Zemmour : non, il ne faut pas donner le choix, il ne faut laisser entrer personne. Vous savez Christine, vous pensez à ces enfants qui sont en souffrance. Moi je pense aux femmes qui sont violées par ces gens-là, aux gens qui sont assassinés par ces gens-là, aux Français qui sont brutalisés et traumatisés par ces gamins-là. Il faut penser aux Français avant les autres, il faut reconnaitre que la France et les nations en général ont le droit de défendre leur identité.
Christine Kelly : et c’est votre droit, et on vous laisse la responsabilité de vos propos.
Éric Zemmour : j’espère bien, je prends toujours la responsabilité de mes propos, et ça me coûte parfois cher.
Christine Kelly : tous les mineurs ne sont pas des voleurs.
Éric Zemmour : vous avez raison, tous les mineurs isolés ne sont pas des voleurs et des violeurs, mais la responsabilité de la France, c’est de ne pas prendre le risque. Et tant qu’il y en aura un, il ne faut pas les laisser rentrer, parce que ça veut dire un voleur, un violeur, un assassin qui persécute les Français.
Christine Kelly : potentiel !
Éric Zemmour : potentiel, mais statistiquement c’est la vérité.
Christine Kelly : ces propos vous appartiennent, ce n’est pas CNews
Éric Zemmour : la responsabilité ce n’est pas l’humanisme pour les étrangers, c’est la protection des Français. Et tous les mineurs isolés ne sont pas des voleurs, des violeurs et des assassins. Mais dans le doute, il ne faut laisser rentrer personne.
C’est donc à deux reprises qu’Éric Zemmour est revenu sur la généralisation sur les mineurs isolés « tous voleurs et violeurs ». Mais dans sa décision totalement à charge, le CSA n’en a pas tenu compte…Comme si le débat contradictoire n’avait pas fait évoluer la position du journaliste.
La décision de sanction à l’encontre de CNews
Le CSA a mis en ligne la décision de sanction prise à l’encontre de CNews le 17 mars. Comme toute décision administrative, les visas listent sa base juridique et les éléments de l’enquête (documents, auditions, etc.). Viennent ensuite les développements juridiques ayant abouti à la décision de sanction.
Les griefs retenus contre la Société d’Exploitation d’un Service d’Information (propriétaire de CNews) sont de deux ordres :
Le non-respect de l’obligation de ne pas inciter à la haine et d’encourager des comportements discriminatoires
« Le caractère violent et répété du vocabulaire employé par le chroniqueur, stigmatisant les mineurs étrangers isolés, en insistant sur les dangers qu’ils représenteraient en termes d’actes criminels, traduit l’expression d’un vif rejet à leur égard. (…) Ces propos véhiculent de nombreux stéréotypes particulièrement infamants (…) de nature à encourager des comportements discriminatoires à leur égard ».
On remarquera que les arguments retenus par les conseillers du CSA sont uniquement à charge. Tout ce qui pouvait les affaiblir est évacué, en particulier le fait qu’Éric Zemmour ait indiqué à deux reprises que tous les mineurs isolés ne sont pas des voleurs et des violeurs, qu’ils devaient être remis sous la protection de leurs parents, dans leurs pays d’origine.
Les circonstances de l’emportement d’Éric Zemmour sont également totalement passées sous silence. Le fait que l’émotion ait pu momentanément altérer le jugement du journaliste n’est évidemment pas évoqué. Or, que venait-il de se passer quelques jours avant l’émission ?
Le 25 septembre, un jeune Pakistanais, entré en France par la filière des mineurs isolés étrangers, blessait grièvement deux personnes au hachoir près des anciens locaux de Charlie Hebdo, en représailles à une couverture du journal représentant une nouvelle fois le prophète de l’islam.
On aura compris qu’il faut garder la tête froide en toutes circonstances. Et les attentats sanglants commis par des extra-Européens ont continué après celui près des locaux de Charlie hebdo : décapitation de Samuel Paty par un jeune Tchétchène, égorgement de trois personnes dans une basilique à Nice par un Tunisien en situation irrégulière, etc. Si l’actualité nous montre que des étrangers délinquants en situation irrégulière ne sont souvent pas expulsés, aucun débordement verbal à ce sujet ne sera accepté…On trace la ligne rouge que l’on veut…
Le non-respect de l’obligation de maîtrise d’antenne
Les conseillers du CSA balaient d’un revers de main les interventions répétées de Christine Kelley face à l’exagération de certains propos d’Éric Zemmour. Pourtant, ces interventions ont amené le journaliste à modérer ses affirmations. Que nenni : la réaction n’a « pas été suffisamment marquée » ! Le CSA pointe l’absence de coupures à l’émission initiale, en dépit de sa diffusion avec un léger différé. On y vient : CNews devait donc censurer préventivement l’éditorial Éric Zemmour.
C’est au final une sanction très lourde qui a été prise par le CSA à l’encontre de CNews, une sanction qui écarte tant les circonstances post attentats des propos d’Éric Zemmour que celles de la montée de la délinquance de jeunes africains qui se prétendent mineurs.
La délinquance des mineurs étrangers, un phénomène exponentiel
Par un curieux hasard du calendrier, quelques jours avant la décision du CSA, deux parlementaires rendaient public le 10 mars 2021 un rapport soulignant « la multiplication et (de) l’aggravation des faits de délinquance commis par certains mineurs non accompagnés ».
Les rapporteurs y déplorent le manque de suivi statistique de ce phénomène au niveau national et donnent – enfin — une évaluation de la proportion des délinquants parmi les MNA, 10%, ce qui n’est pas négligeable.
Et les constats ne sont pas joyeux. Morceaux choisis :
Le nombre de MNA déférés au parquet de Paris est passé de 1 557 en 2015 à 2 958 en 2019, soit une progression de +87 %.
Ce phénomène se développe dans les agglomérations, « principalement les grandes villes comme Paris et la couronne parisienne, Bordeaux, Rennes, Montpellier, Nantes, Toulouse, etc. ».
La direction centrale de la sécurité publique observe que « les MNA qui commettent [les vols avec violence] sont « particulièrement belliqueux [et] recourent aisément à la violence lors de leurs méfaits, sans aucune considération de la faiblesse des victimes. Des personnes âgées ont notamment été attaquées sous la menace d’une hache. Ils sont souvent porteurs d’armes blanches, voire d’armes de poing ».
Dans un article paru en septembre 2020 sur le site Polémia, il était souligné que « le gouvernement se montre incapable de changer son logiciel obsolète » pour prendre à bras le corps le phénomène des mineurs étrangers délinquants. La réponse préconisée par les rapporteurs semble du même acabit.
Au-delà des propos incriminés, Éric Zemmour a au cours du débat commis une entorse au politiquement correct, en invoquant la nécessité de sortir du cadre juridique actuel pour arrêter cette forme d’immigration hors de contrôle.
À la lecture du rapport parlementaire, certains de ses propos lors de Face à l’info semblent pourtant trouver tout leur sens : « vous avez raison, tous les mineurs isolés ne sont pas des voleurs et des violeurs, mais la responsabilité de la France, c’est de ne pas prendre le risque ».