Nous avons déjà évoqué le programme de la conférence tenue à Budapest sur la « liberté d’expression à l’âge digital ». Claude Chollet a répondu à quelques questions du site d’information Breizh Info sur le sujet le 21 novembre 2021.
De retour du colloque sur la liberté d’expression à l’âge digital organisé par le MCC de Budapest, nous avons fait le point avec Claude Chollet, patron de l’OJIM, qui est intervenu lors de plusieurs ateliers à cette occasion.
Breizh-info.com : Sous quel motif avez-vous été convié à Budapest la semaine passée ? Quels étaient les enjeux du colloque ?
Claude Chollet (OJIM) : Je m’étais déjà rendu en Hongrie pour des conférences sur les médias. Le thème de la conférence « liberté d’expression à l’âge digital » m’est apparu fondamental. Pas de démocratie sans liberté d’expression, pas de liberté d’expression sans liberté tout court sur tous les moyens de communication digitaux. Réunir une trentaine de spécialistes, éditeurs, journalistes, universitaires, écrivains venus de neuf pays a permis d’obtenir un tableau contrasté mais dont l’image dominante reste celle d’atteintes croissantes à la liberté en particulier de la part des GAFAM américains qui sont devenus de véritables médias voulant imposer leur vue du monde libérale libertaire.
Breizh-info.com : Pouvez-vous nous expliquer ce qu’est le MCC et quelle est son importance en Hongrie ?
Claude Chollet (OJIM) : Le Mathias Corvinus Collegium (MCC) est nommé d’après le nom de Mathias Corvin (1443/1490), un des plus grands rois de Hongrie. Mort sans descendant son royaume fut partagé entre la couronne d’Autriche et l’occupation ottomane. Le MCC est une université privée fonctionnant à la fois en internat et en externat, accueillant plusieurs centaines d’étudiants et délivrant un enseignement classique mais en conservant une volonté de transmission des valeurs traditionnelles sans renoncer à toutes les technologies les plus pointues. Ils sont en train de construire un campus dans le centre de Budapest qui pourra accueillir plusieurs milliers d’étudiants dans trois ans.
Breizh-info.com : Il a été question également de la presse en France, et notamment de la presse alternative (avec notre intervention). Pourquoi est-ce que cela intéresse la Hongrie ?
Claude Chollet (OJIM) : Si les français connaissent mal la Hongrie, les hongrois aiment la France et même l’admirent, parfois mal à propos. Budapest est surnommé « le petit Paris », mais les hongrois qui jouissent d’une liberté d’expression plus large que la nôtre et d’un pluralisme infiniment plus grand, ont du mal à s’imaginer la partialité des médias de grand chemin français, en particulier lorsqu’ils traitent de leur pays. Nous leur avons ouvert les yeux en soulignant le rôle de pionnier de la presse alternative et celui plus récent de la galaxie Bolloré, deux mouvements qui apportent un peu d’air frais dans le marigot médiatique en France.
Breizh-info.com : Parlez nous de l’OJIM hongrois, que vous avez lancé et qui marche fort là bas ? Y’a‑t-il aussi, en Hongrie, un besoin de réinformation ?
Claude Chollet (OJIM) : L’Observatoire du journalisme compte depuis 2020 une entreprise sœur en Hongrie, la fondation pour un journalisme transparent (TUA en hongrois) qui fonctionne dans le même esprit avec une indépendance éditoriale complète. Comme nous ils publient des portraits de journalistes, mais leurs reportages sont plus longs et comportent à la fois infographies, entretiens et vidéos. Ils sont également plus actifs que nous sur les réseaux sociaux, Instagram en particulier.
Breizh-info.com : Pourriez vous revenir sur les récentes désinformations de l’AFP; notamment vis à vis du 11 novembre en Pologne ?
Claude Chollet (OJIM) : L’AFP n’a rendu compte que d’un aspect, celui de « la traque des migrants » en réalité des clandestins. Et a repris le thème de l’accusation des polonais qui d’agressés sont devenus agresseurs. Tout ceci est recopié par La Croix, France Info, Le Figaro dans la bonne tradition du journalisme de copie.
On pourrait également citer le titre de la dépêche de l’agence après l’attaque de la réunion d’Éric Zemmour à Nantes par des « antifas ». « Heurts entre pro et anti Zemmour à Nantes », une véritable infox reprise par Le Point, Nice-Matin et le Huffpost entre autres. L’AFP est parfois une agence de désinformation.
Source : breizh-info.com