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Confiance dans les médias, les Allemands aussi

7 mars 2021

Temps de lecture : 5 minutes
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Confiance dans les médias, les Allemands aussi

Temps de lecture : 5 minutes

Nous reproduisons la traduction de deux articles (17 février et 18 février 2021) de notre confrère Junge Freiheit sur la désaffection des allemands par rapport à leurs médias et sur la présence massive de l’intelligentsia de gauche dans les mêmes médias, la seconde étant sans doute une des causes de la première.

La majorité des Allemands voit d’un œil critique le travail des journalistes

Franc­fort-sur-le-Main — L’Alle­magne a per­du con­fi­ance en ses médias et ses jour­nal­istes : 59% des Alle­mands esti­ment que les médias n’ont pas fait du bon tra­vail en 2020 (en matière de reportages objec­tifs et non par­ti­sans), selon le « Trust Barom­e­ter 2021 », le baromètre de con­fi­ance de l’a­gence de com­mu­ni­ca­tion Edel­mann, basée à Francfort-sur-le-Main.

En out­re, 43% des per­son­nes inter­rogées ont déclaré croire que les jour­nal­istes essaient inten­tion­nelle­ment d’in­duire le pub­lic en erreur. Par ailleurs, 42% pensent que les agences de presse sont plus soucieuses de soutenir une idéolo­gie ou une posi­tion poli­tique que d’informer.

Selon l’en­quête, la demande en infor­ma­tions fiables aurait con­sid­érable­ment aug­men­té et les Alle­mands attacheraient actuelle­ment plus d’im­por­tance à la lutte con­tre la dés­in­for­ma­tion qu’à la pau­vreté dans leur pro­pre pays, au change­ment cli­ma­tique ou à l’amélio­ra­tion du sys­tème éducatif.

Le gouvernement devient pour la première fois l’institution la plus digne de confiance

Pour la pre­mière fois, le gou­verne­ment est en tête de liste en tant qu’in­sti­tu­tion la plus digne de con­fi­ance. Par rap­port à l’an­née dernière, il a gag­né 14 points et atteint 59%. Vien­nent ensuite les entre­pris­es (54%), les médias (52%) et les organ­i­sa­tions non gou­verne­men­tales (46%).

« Une ‘infodémie’ s’est dévelop­pée. Non seule­ment en Alle­magne, mais au niveau mon­di­al. Sans sources dignes de con­fi­ance, les gens ne savent pas où ils peu­vent obtenir des infor­ma­tions fiables », a déclaré Chris­tiane Schulz, direc­trice générale d’Edel­mann, com­men­tant ces résultats.

Les Allemands ont perdu confiance en leurs médias

D’autres enquêtes ont égale­ment révélé récem­ment que la con­fi­ance des Alle­mands dans les médias avait chuté pen­dant la crise générée par la pandémie. Selon Allens­bach, 40% des per­son­nes inter­rogées voient «les reportages et arti­cles d’un œil plus cri­tique qu’a­vant la crise». À l’au­tomne, une enquête de l’Insa a mon­tré qu’une majorité rel­a­tive d’Alle­mands fait moins con­fi­ance à la radiod­if­fu­sion de ser­vice pub­lic qu’il y a cinq ans.

Le patron d’ARD (n.d.t : l’une des grandes chaînes du ser­vice pub­lic), Tom Buhrow, quant à lui, a déclaré fin jan­vi­er que les médias alle­mands avaient agi de manière exem­plaire dans la  crise du Corona.

Allemagne : la grande majorité des journalistes à gauche

Leipzig — « Une nette majorité de jour­nal­istes est posi­tion­née à la gauche du cen­tre », a déclaré Chris­t­ian Hoff­mann, uni­ver­si­taire spé­cial­iste de la com­mu­ni­ca­tion, à un quo­ti­di­en suisse, le Neue Zürcher Zeitung. Selon son analyse, le cœur de la la majorité des jour­nal­istes bat­trait à gauche en Alle­magne. Cepen­dant, il faudrait dif­férenci­er entre le posi­tion­nement poli­tique des jour­nal­istes, leurs écrits et con­tri­bu­tions et la manière dont ces derniers sont reçus.

La majorité des jour­nal­istes seraient donc de gauche, «et ce posi­tion­nement se reflète chez les lecteurs, audi­teurs ou téléspec­ta­teurs par un mécon­tente­ment asymétrique y cor­re­spon­dant. Cela sig­ni­fie qu’à droite, le mécon­tente­ment à l’é­gard de l’of­fre des médias de masse est net­te­ment plus impor­tant qu’à gauche du cen­tre », explique Hoffmann.

Moins de journalistes à droite pour des raisons financières

Con­cer­nant les pro­duits jour­nal­is­tiques, l’analyse des don­nées ne serait pas si sim­ple. Selon cer­tains ana­lystes, même, il ne serait pas pos­si­ble de déter­minier une ten­dance vers la gauche. Une posi­tion tenue par ceux qui reje­tent toute dis­cus­sion sur les ten­dances poli­tiques des jour­nal­istes — un débat fac­tice, selon eux. Pour eux aus­si les con­vic­tions poli­tiques des jour­nal­istes n’au­raient pas d’im­por­tance car elles n’af­fecteraient pas leur travail.

Cepen­dant Hoff­man serait arrivé à la con­clu­sion qu’il y aurait suff­isam­ment de preuves que, d’une part, la majorité des jour­nal­istes alle­mands pense à gauche, et que, d’autre part, cela se reflète égale­ment dans leur travail.

Selon l’u­ni­ver­si­taire, il y a plusieurs expli­ca­tions pour lesquelles les jour­nal­istes ont ten­dance à être poli­tique­ment de gauche : «Le recrute­ment par­mi les  uni­ver­si­taires est cer­taine­ment un fac­teur cen­tral, la majorité d’en­tre eux se posi­tion­nant à gauche. Un autre fac­teur est la crise économique du jour­nal­isme. Pour les con­ser­va­teurs et les libéraux, les moti­va­tions matérielles sont plus impor­tantes lors du choix d’une car­rière.» De plus, «la cri­tique des puis­sants» en tant que norme pro­fes­sion­nelle spé­ci­fique, cor­re­spond plus à une atti­tude de gauche.

Débat public sur la radiodiffusion

Hoff­mann com­prend la cri­tique des libéraux et des con­ser­va­teurs au sujet de la radiod­if­fu­sion publique. « Des médias, financés par tous les con­tribuables, indépen­dam­ment de leurs idées, doivent représen­ter l’ensem­ble des opin­ions poli­tiques. Un dou­ble défi pour les radios : le droit du pub­lic à des arti­cles, émis­sions et reportages équili­brés d’un côté, de l’autre, des jour­nal­istes à gauche de con­frères encore plus à gauche. »

Il estime égale­ment que la radiod­if­fu­sion de ser­vice pub­lic alle­mand est à la traîne des autres pays européens sur cette ques­tion. En Scan­di­navie et en Grande-Bre­tagne, par exem­ple, une réflex­ion appro­fondie est menée sur la manière dont les posi­tions con­ser­va­tri­ces et libérales peu­vent être pris­es en compte.

Tra­duc­tion : AC

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