Sur Radio France vous pouvez mettre une moustache à la Hitler à Éric Zemmour comme l’a fait Charline Vanhoenacker, vous pouvez traiter Jésus de PD comme l’a fait Frédéric Fromet, vous aurez une tape sur la main. Mais si vous avez envisagé (sans même commencer) d’écrire un livre pour Jordan Bardella, vous serez licencié, avec l’approbation ravie de vos confrères.
Achilli, victime expiatoire
Jean-François Achilli est réputé pour avoir été proche de Nicolas Sarkozy. S’il avait été proche de Raphaël Glucksmann (compagnon de Léa Salamé) ou de Bernard Guetta (ex journaliste devenu n°2 de la liste Renaissance aux élections européennes), il aurait eu une chance de s’en tirer.
Mais il a aggravé son cas, émettant des avis et faisant des retours sur un manuscrit écrit par Jordan Bardella, retraçant l’itinéraire de ce dernier. Un ouvrage non terminé, sobrement intitulé (titre provisoire) « Jordan » et sous-titré « venu d’ailleurs, devenu d’ici » en référence à ses origines italiennes.
Dénonciation des confrères
Convaincu d’intelligence avec l’ennemi, Achilli a été convoqué puis licencié fin avril 2024 pour manquement à la déontologie. Remarquons au passage que c’est une dénonciation du journal Le Monde que l’affaire a démarré en mars avec le relais d’un article sous forme d’exécution de Libération paru le 17 avril. Ajoutons qu’aucun confrère, aucun syndicat de journalistes n’est venu le défendre. Ni aucun mouvement politique, ce qui n’est pas le cas de Guillaume Meurice largement soutenu.
Guillaume Meurice, récidiviste et adulé par ses confrères
Une des cautions gauchises de France inter, Guillaume Meurice s’est fait connaître par des micro-trottoirs où les blagues sont aussi adolescentes que les idées politiques qui les sous-tendent. Du haut de sa chaire de bouffon, il fulmine avec un sourire en coin sur le bon sens populaire français à la manière de Charlie Hebdo, sa matrice idéologique à tous égards. Traitant à l’antenne, le 29 octobre 2023, le premier ministre israélien de « nazi mais sans prépuce » l’amuseur provoque un scandale qui ne lui vaut qu’un simple avertissement de sa direction. Il récidive en 2024 et est cette fois-ci suspendu provisoirement d’antenne et convoqué pour une sanction.
En rangs serrés les habituels censeurs des idées conservatrices ont exprimé leur solidarité avec le trublion. Sandrine Rousseau, la LFI Manon Aubry (tête de liste aux élections européennes de juin), et même Clément Beaune de Renaissance sont venus à son secours au nom d’une liberté d’expression qu’ils dénient aux autres. Sa compagne de radio Charline Vanhoenacker consacrera une émission entière à le défendre. Mieux, un mouvement de grève est prévu dimanche 12 mai pour « la fin de la répression de l’insolence et de l’humour ». Achilli n’aura pas eu droit à tant de sollicitude.
Voir aussi : Guillaume Meurice, portrait
Chloé Morin conclut
Laissons le mot de la fin à la politologue Chloé Morin, compagne de Jean-François Achilli, dans Le Figaro :
« Quand un homme est à terre, quand il ne peut pas riposter, deux attitudes sont possibles : lui tendre la main, l’écouter, ou lui foutre un coup de pied dans la gueule. Les caractères et la valeur des hommes et des femmes se révèlent dans ces moments-là avec une grande clarté. Le temps viendra bientôt où Jean-François Achilli pourra dire publiquement sa vérité, et placer son employeur, Radio France, comme ses procureurs médiatiques face à leurs responsabilités. Pour ma part, je tiens à dire mon horreur et mon dégoût devant ce que nous sommes collectivement en train de faire de ce bien précieux qu’est le débat public. L’atmosphère de cet espace où se déroule la bataille d’idées, celle-là même qui fait la vie de notre démocratie, est de plus en plus irrespirable. Il n’est pas étonnant que par millions, des Français se disent fatigués de tant de bassesses, de tant de médiocrité, et de tant de violence ».
Voir aussi : Jean-François Achilli, portrait