C’est dans le cadre des États généraux de l’information initiés par le président Emmanuel Macron que le Syndicat des éditeurs de la presse magazine (SEPM) a formulé ses vœux en faveur d’une « information libre, fiable et indépendante ».
Les propositions sont aussi fracassantes que le comité de pilotage des États généraux de l’information (EGI) est politiquement neutre : dans le cadre de cette consultation, le Syndicat des éditeurs de la presse magazine a formulé douze propositions qui espèrent atteindre l’objectif d’une « information libre, fiable et indépendante ». Un mot d’ordre qui correspond à celui lancé par les EGI, qui entendent « garantir l’indépendance de l’information » et s’interroger sur les conditions permettant de « retrouver la confiance en l’information ».
Secret des sources et légalité des écrits de presse
Tout comme leur comparse de la presse indépendante (ndlr. qui avait formulé leurs propositions le 30 novembre dernier dans le cadre de leurs propres États généraux), la limitation du champ des exceptions au secret des sources constitue une préoccupation du SEPM ; en proposant la limitation de l’autorisation du juge d’en lever le secret dans le seul cas « d’impératif prépondérant d’intérêt public » et en encourageant l’accès aux journalistes aux documents administratifs publics pour faciliter leurs recherches (proposition II), le syndicat entend renforcer les pouvoirs des journalistes. Suivant leurs propositions, c’est au pouvoir judiciaire que reviendrait exclusivement l’appréciation du caractère licite d’un écrit de presse, au détriment d’instances extrajudiciaires (proposition I).
Des p’tits sous, des p’tits sous encore des p’tits sous
On comprend assez bien les motivations du SEPM à encourager la création d’un crédit d’impôt à l’abonnement (proposition VI), accessible pour tout abonnement et pour tous les Français, le crédit d’impôt pour abonnement à la presse actuel étant conditionné aux revenus du foyer (qui doivent être inférieurs à 24 000 euros par mois), excluant par ailleurs les kiosques numériques (le crédit d’impôt ne peut servir qu’à un abonnement relatif à l’information politique ou général) et n’étant accordé qu’une seule fois pour un même foyer fiscal. C’est la même aspiration a priori non dénuée d’intérêts qui guide ses propositions sur l’intégration au Pass culture des abonnements papiers et numériques, de la vente au numéro de la presse certifiée (CPPAP) (proposition IV). Par ailleurs, le Syndicat espère une augmentation de l’enveloppe de soutien public de la distribution de la presse au numéro pour tous les titres de presse d’information de politique générale (proposition XII). Une aide qui devra s’adapter de manière forfaitaire à la périodicité ou autres caractéristiques spécifiques du titre.
« Indépendance » et « transparence »
La transparence quant à la propriété du média compte également parmi les vœux du Syndicat, qui propose l’instauration d’une obligation de publication (sur le site d’information politique et générale des éditeurs) des actionnaires détenteurs d’au moins 5 % du capital (proposition VIII). Le SEPM entend aussi réaffirmer la liberté du propriétaire du média quant à la gestion de sa ligne éditoriale, liberté conditionnée à la transparence des chartes déontologiques des entreprises de presse visées, rendues publiques (proposition III).
GAFAM, IA : la peur de l’autre et du lendemain
Aspirant à encadrer l’intelligence artificielle en matière de propriété intellectuelle (proposition VII) notamment, le Syndicat semble appréhender l’immixtion de l’IA dans le monde des médias : il propose ainsi une enquête sur les effets de l’IA en matière de concurrence entre les GAFAM, les opérateurs d’IA et les éditeurs de presse (proposition IX). Il souhaiterait aussi qu’une étude sur le référencement des titres de presse appartenant à la Commission paritaire des publications et des agences de presse (CPPAP) sur les plateformes de recherches soit effectuée (proposition X). Des propositions qui reflètent, si ce ne sont les craintes du Syndicat des Éditeurs de la presse magazine, sa volonté de faire « contribuer » les GAFA, dont le président du SEPM considérait qu’il s’agissait de leur « devoir », « à financer la presse dans sa qualité et sa vérité ».