L’entre soi exclusif, le copinage systématique en cercle (très) fermé, le sens de la caste, les retrouvailles d’un monde hors sol, tels sont les reproches que font les gilets jaunes – et bien d’autres – à une bonne partie du petit monde journalistique. L’anniversaire fêtant les 70 ans du JDD (Journal du Dimanche) est une parfaite illustration de ce mélange des genres, comme nous l’apprend Marianne du 28 novembre 2018.
Petite sauterie entre soi
Tel est le sous-titre de notre confrère. Il y a peu d’endroits où Valérie Pécresse se retrouve avec Arnaud Montebourg, où la directrice de Closer papote avec Sarkozy, où François Barouin fraternise avec l’équipe Lagardère. Encore plus charmant on pouvait y voir Alexandre Benalla en grande conversation avec Richard Ferrand. Peut-être un nouvel emploi pour le gentil Alexandre auprès du non moins gentil Richard ? La France d’en haut ne laisse pas tomber les copains.
Joyeux anniversaire au #JDD qui fête ses 70 ans! Hervé Gattegno et Constance Benqué s’apprêtent à souffler les bougies. 🎂 pic.twitter.com/KKNeqCS7xU
— Stéphanie Belpêche (@StephBelpeche) November 27, 2018
Les quelque part contre les nulle part
On y retrouvait aussi un certain Marc Francelet, l’inspirateur du plan de communication d’Alexandre Benalla. Le communicant jurait (sans rire) ses grands dieux que Benalla était là « par hasard ».
Illustration in vivo de la fracture qu’a identifié l’écrivain britannique David Goodhart (The Road to Somewhere, C.Hurst éd., non traduit, 2017) entre les gens qui sont de « quelque part » et ceux qui sont de « nulle part ». Un cocktail parisien dans un grand journal rassemble des « anywhere », ceux qui sont hors sol, gagnants par KO (contre les « quelque part ») de la mondialisation. Ils ont des carrières florissantes, habitent les meilleurs quartiers des grandes métropoles, vivent au mieux la société de marché, revendiquent la « société ouverte » chère à George Soros qui leur garantit domesticité extra européenne et salaires bon marché. Ils méprisent de plus en plus ouvertement les participants des manifestations populaires, vécues comme une contestation des privilèges qui leur sont dus. Il n’est pas certain que ce genre de réunion soit à même de combler le fossé grandissant entre les journalistes et les médias d’un côté et la masse du public de l’autre. Les gilets jaunes pourraient y voir un nouvel exemple de copinage ; un copinage officiel, exposé, sans vergogne et qui exaspère.