Dans les « quartiers » les dealers ne respectent pas le confinement. Dans une France à l’arrêt les « jeunes » (les guillemets sont indispensables) poursuivent le trafic tant bien que mal, et les témoignages médiatiques sont désormais abondants.
En ces temps de confinement, la difficulté pour les dealers est d’accéder à leurs clients. Le trafic de stupéfiants n’a pas cessé dans les quartiers nord de Marseille comme le révèle Médiapart le 30 mars « Les clients se font rares mais ils n’ont pas totalement disparu. Certains viennent avec des gants, une écharpe en guise de masque. » Ce n’est visiblement plus le cas dans le secteur Delaunay-Belleville à Saint-Denis ou une habitante témoigne à RT France le 23 mars « Les points de deal restent ouverts, mais sont déserts. On entend de nouveaux les oiseaux, mais plus les cris des guetteurs. Ça ne vend plus ». Si les dealers ne se confinent pas, leurs clients sont selon plusieurs témoignages plus prudents. Il faut donc aller à leur rencontre. Le 19 mars Breizh info révélait qu’à Nantes les dealers n’étaient pas contrôlés sur la place du Commerce. Dans l’agglomération d’Annecy les dealers continuent leurs trafics comme le révèle France Bleu le 29 mars, sauf qu’ici la police a arrêté deux trafiquants dont un albanais en possession d’héroïne.
Des dealers à Strasbourg portent « des gants bleus et des masques chirurgicaux »
Entre crises d’approvisionnement et hausse du nombre de contrôles policiers, les dealers font face à une situation inédite. Stéphanie Cherbonnier, patronne du nouvel office de lutte contre la drogue, a évoqué pour Le Parisien le 5 avril les conséquences du confinement pour les organisations criminelles « L’approvisionnement en cannabis s’est tari ». Elle craint une montée de la violence entre les différents groupes criminels pour s’emparer des stocks de stupéfiants et des points de vente. Le 31 mars, Guillaume Krempp pour Rue89 publie les témoignages de dealers strasbourgeois, ils décrivent une augmentation des prix et du deal dans les grandes surfaces. Un dealer, que le journaliste de Rue89 a renommé Kévin, explique les difficultés liées au confinement avec les contrôles policiers plus fréquents, qui empêchent des livraisons « Les gens ne comprennent pas que je ne peux plus me déplacer en dehors de Strasbourg. Je me suis déjà pris une prune, c’est fini ». Dans le même article on apprend que des dealers à Strasbourg portent « des gants bleus et des masques chirurgicaux », pour éviter les contaminations. Il n’y aura pas d’explications sur la provenance de ces gants et de ces masques.
« Le confinement n’a rien changé. Il n’est pas du tout respecté. »
Dans certains quartiers les trafiquants rendent la vie difficile aux habitants, et les autorités apparaissent impuissantes. Le quotidien régional La Nouvelle République Centre-Ouest révèle que l’insécurité règne autour du centre commercial de La Rotonde à Tours. L’article datant du 3 avril décrit une absence totale de confinement autour du centre commercial. Un commerçant témoignant sous anonymat déclare au quotidien régional que le confinement n’a absolument rien changé « Le confinement n’a rien changé. Il n’est pas du tout respecté. La quantité de dealers est toujours aussi importante. Ils sont installés devant les commerces et attendent les clients. Un vrai drive ! ». L’article cite aussi une source policière qui s’inquiète de la situation des quartiers où « ça commence à bouger ». Même inquiétude dans un article du Point datant du 21 mars et intitulé « Confinement en banlieue : les cités vont craquer ». Il montrait une situation presque ingérable à Grigny et Bondy. Enfin l’impuissance des autorités face aux dealers dans certaines zones, évidente depuis plusieurs années déjà, est toujours la même pendant le confinement. L’article de la Nouvelle République Centre-Ouest met en avant le témoignage d’un commerçant décrivant l’impunité des dealers « Ils ne se cachent même plus, ne craignent pas les amendes. », et la police est donc impuissante « Vous savez, à trois policiers contre parfois une trentaine, qu’est-ce qu’ils peuvent faire ».
Le confinement ne s’applique pas pour tout le monde de la même façon. Et rappelons que Laurent Nuñez a déclaré que le respect du confinement dans les banlieues n’était pas une priorité…
Comme le note le criminologue Xavier Raufer si le trafic continue, la délinquance a diminuée, mais il met en garde contre un « effet rebond » en particulier après la libération au petit bonheur la chance de milliers de détenus par Madame Belloubet.