Emmanuel Hoog avait été élu pour la première fois Président de l’AFP en mai 2010, il y a presque huit ans. Cet ancien Conseiller chargé de la Culture et des Médias de Laurent Fabius à la présidence de l’Assemblée Nationale, suivra son chef au Ministère de l’Economie et des Finances. Après avoir présidé l’INA (Institut National de l’Audiovisuel) depuis 2001, il interrompt en mai 2010 son second mandat au profit de la présidence de l’AFP. Sa candidature, soutenue par le ministre de la Culture de l’époque Frédéric Mitterrand, passe au premier tour avec le soutien des voix de l’administration. Il est alors préféré à Louis Dreyfus ancien directeur général de Libération et du Nouvel Observateur (maintenant au Monde), ainsi qu’à Philippe Micouleau de La Tribune.
Rapports de force fluctuants
Dans une conférence de presse du 13 octobre 2017 dont nous avions rendu compte, il avait défini les priorités de l’agence pour les prochaines années, plus de sport et d’international, plus de vidéos, indiquant par là qu’il briguerait sans doute un nouveau mandat. Ce qu’il avait confirmé en février 2018 de manière officielle.
Si Hoog avait eu le soutien de l’administration (qui dispose de trois sièges sur 17 au conseil d’administration, mais dont le pouvoir d’influence va bien au-delà) pour sa première élection puis sa réélection, il semble que cet appui lui ait fait défaut lors du vote du mercredi 11 avril 2018 pour élire le nouveau président. Il est apparu que les pouvoirs publics ne voteraient pas pour lui, ce qui a conduit Hoog à retirer sa candidature.
Fabrice Fries, candidat venu du privé (Havas, Atos, Publicis) n’avait pu recueillir au premier tour les 13 voix nécessaires. Il l’a finalement emporté au troisième tour. Ancien membre du cabinet de Jacques Delors à la Commission Européenne, il apparaît plus que compatible avec l’entourage d’Emmanuel Macron et la politique de ce dernier.
D’autres remplacements à venir ?
Comment interpréter ce lâchage du soldat Hoog ? Loué pour les nouveaux déploiements de l’agence dans la vidéo et à l’étranger, il était critiqué pour sa gestion financière. Des difficultés récurrentes de trésorerie l’avaient contraint à demander à l’État une avance sur 5 ans de 60 millions d’euros pour financer dette, coûts sociaux et investissements. Pour ne pas parler de l’évidente partialité de l’agence toujours politiquement correcte dans le sens libéral-libertaire et prenant bien des libertés avec le réel. L’AFP avait d’ailleurs reçu un Bobard d’or d’honneur pour l’ensemble de son œuvre en mars 2018. Au-delà des problèmes de gestion, ce remplacement s’inscrit dans la volonté du Président Macron de renouveler les têtes de l’audio visuel public. Après Marie-Eve Malouines éjectée de LCP au profit du Macron compatible Bertrand Delais, après le départ de Matthieu Gallet de l’INA, d’autres départs sont possibles comme ceux de Marie-Christine Saragosse à France Médias Monde, (France24, RFI) ou de Delphine Ernotte à France Télévisions. Petit à petit le Président de la République met ses hommes en place.