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Coup d’état au Parti démocrate : les médias suivent

25 août 2024

Temps de lecture : 5 minutes
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Coup d’état au Parti démocrate : les médias suivent

Temps de lecture : 5 minutes

Le sénile octogénaire Joe Biden avait magistralement gagné contre Trump en 2020, du fond de son sous-sol mais suspendu aux bretelles du très brillant et démolisseur docteur Fauci l’horloger du Covid. Fort de 16 millions de voix de plus que le très populaire Barak Obama lors de la précédente élection, Joe avait fini par croire avec son épouse qu’il était un président « pour de vrai ». Ils n’avaient pas saisi qu’ils étaient simplement de passage à la Maison Blanche, et que Joe jouerait le rôle de Kagemusha. (1)

Pre­mière dif­fu­sion le 27 juil­let 2024
L’OJIM prend ses quartiers d’été : du dimanche 28 juil­let au dimanche 25 août nous repub­lions les arti­cles les plus sig­ni­fi­cat­ifs du pre­mier semestre.

Joe Kagemusha Biden

L’élimination physique de Trump n’ayant pas réus­si, et ce dernier menaçant de faire débar­quer les hordes de la démoc­ra­tie con­sti­tu­tion­nelle ver­sion 1776 à l’intérieur des fron­tières du « swamp » (le marécage wash­ing­tonien), le dan­ger était clair. Tous les murs ayant cédé con­tre le retour du bon sens, il fal­lait se débar­rass­er de Joe Kage­musha, quand bien même il avait déjà été élu lors des pri­maires. Il aura fal­lu que Nan­cy Pelosi, Chuck Schumer et Barak Oba­ma mon­tent à l’attaque.

Biden a résisté, puis il a sans doute négo­cié (les casseroles qu’il traîne depuis des années pour­raient l’engloutir lui et sa famille), puis enfin s’est fait vol­er son élec­tion comme un vul­gaire « dan­ger pour la démoc­ra­tie ». Mais pas au point de quit­ter sa sinécure actuelle de Prési­dent des États-Unis. Car pour­suiv­re la dis­so­lu­tion du pays jusqu’à jan­vi­er 2025 (asser­men­ta­tion du futur prési­dent), c’est impor­tant. Et con­tin­uer de décon­sti­tu­tion­nalis­er la con­sti­tu­tion avant l’élection de novem­bre, ça aus­si c’est majeur ! Sans oubli­er qu’il faut main­tenir en place la machine bel­li­ciste, la seule insti­tu­tion qui fonc­tionne effi­cace­ment à plein régime sous cette admin­is­tra­tion Blinken (par­don, Biden !). Surtout ne rien changer !

Biden sénile pour gouverner, pas pour se représenter

Le très démoc­ra­tique « par­ti démoc­rate » avait déjà la capac­ité d’influencer ses élec­tions pri­maires grâce à son bloc votant et indépen­dant du peu­ple de 15% de super-délégués (les élites du par­ti, les élus démoc­rates du con­grès, les gou­verneurs démoc­rates, un échan­til­lon­nage de « per­son­nal­ités » etc). Il se donne aujourd’hui le droit de ren­vers­er directe­ment une élec­tion pri­maire, à quelques semaines de la rat­i­fi­ca­tion par la Con­ven­tion du par­ti. Et en pleine con­tra­dic­tion optique: Biden serait suff­isam­ment sénile pour se faire sor­tir de l’élection, mais pas assez pour devoir démis­sion­ner de la prési­dence du pays.

C’est selon les médias une grande mar­que de patri­o­tisme .

Le jeu de piste des médias

Et tous de se dis­pers­er sur les pistes du futur « tick­et » prési­den­tiel : qui va gag­n­er la coupe? Ah Kamala qu’elle est for­mi­da­ble ! Mais non, avec Gretchen With­mer ce serait mieux ! Mais il faudrait un homme dans tout ça, non? Oui, mais alors juste la vice-prési­dence! Mais bon sang arrê­tons de faire du sex­isme, il faut juste deux per­son­nes de valeur : pourquoi pas deux femmes? Ain­si babil­lent les étoiles luisantes qui ne savent pas encore qu’elles ont implosé il y a des mil­lions d’années.

Dans cette cacoph­o­nie, Oca­sio Cortez, la plus gauchiste du camp démoc­rate, estime que l’establishment du par­ti veut réini­tialis­er la course avec un nou­veau tan­dem où Kamala Har­ris ne fig­ur­era pas non plus. Atten­dons-nous une vig­i­lance de l’escouade des élus propales­tiniens à la prochaine convention.

Quelques hypothèses

N’étant pas dans les secrets du « Prési­dent invis­i­ble » Barak Oba­ma, nous ne pour­rons que for­muler que des hypothèses :

  • Le par­ti unique a com­pris que Trump ne va pas se tir­er de balle dans les pieds face aux minus démoc­rates dont on par­le au sein du bruit de fond médi­a­tique. Certes, le pire enne­mi de Trump, c’est Trump. Mais il est aujourd’hui mieux entouré, et surtout il a tout com­pris depuis son atten­tat man­qué. C’est désor­mais la guerre totale
  • L’attentat l’a immu­nisé con­tre les petites attaques. Il faut donc trou­ver autre chose que l’habituelle qual­i­fi­ca­tion « pervers-autoritaire-menteur-narcisse »
  • Il est tout à fait exact que Trump est un « dan­ger exis­ten­tiel »… pour l’oligarchie du par­ti unique! Bien au-delà de Trump, sa vic­toire garan­tit, con­sti­tu­tion­nelle­ment, un boule­verse­ment socié­tal : douze ans de trump­isme à la prési­dence (Trump + deux man­dats suiv­ants de Vance), douze ans de nom­i­na­tions de juges à la Cour suprême et dans le sys­tème judi­ci­aire, plus de gou­verneurs répub­li­cains élus ce qui sig­ni­fie la pos­si­bil­ité d’organiser de mul­ti­ples « con­ven­tions of states » (voir ici)
  • Les think tanks dits con­ser­va­teurs comme la très con­nue Her­itage Foun­da­tion ont de leur côté œuvré dans l’ombre, influ­ençant l’aile con­ser­va­trice. Ils ont pon­du un énorme pavé (dans la mare), leur pro­jet pour 2025 (Project 2025) qui décrit com­ment, dans le cadre con­sti­tu­tion­nel, ren­dre le pou­voir au pays après une élec­tion. Il s’agit d’un doc­u­ment « obamiste à l’envers », de type trot­skiste con­ser­va­teur. C’est ce que les démoc­rates et les néo­con­ser­va­teurs nom­ment « instau­r­er la dic­tature ». Et ce que les trump­istes pour­raient qual­i­fi­er de « drain the swamp technocratique »
  • Or, ici, Trump est en dan­ger, car le texte du pro­jet 2025 peut évidem­ment faire l’objet à l’envi de cita­tions dénaturées. Il s’en est dis­tancé d’ailleurs. Erreur ou finesse stratégique? Nous verrons.

Le trumpisme au-delà de Trump

Ce doc­u­ment va donc servir de creuset à la cam­pagne prési­den­tielle. Pour le par­ti unique il ne s’agit plus désor­mais de se débar­rass­er de Trump, mais du Trump­isme vu col­lec­tive­ment. La per­son­ne Trump ne compte plus. Les vieux mythes du par­ti démoc­rate non plus. Il va fal­loir faire peur aux mous sur l’après-Trump. La seul ressource du par­ti unique (qui a gros à per­dre poli­tique­ment et « socié­tale­ment », mais aus­si et surtout économique­ment) sera de se mobilis­er con­tre « un nou­veau Mein Kampf » – le sin­istre pro­jet 2025 – , et pour cela il fau­dra une équipe forte, d’apparence bipar­ti­sane et de salut pub­lic. Faute de cela…

Bonnes vacances et à suivre…

Note

Dans le film Kage­musha d’Akira Kuro­sawa, un seigneur tué lors du siège d’une place forte enne­mie est rem­placé par un sosie qui s’identifie peu à peu à son rôle, mais sera démasqué et fini­ra misérablement.