Ce cinquième article poursuit le focus entamé dans les précédents articles du dossier que l’OJIM consacre à la recension du rapport sur les grands enseignements tirés par les auteurs du rapport du CESE de la participation citoyenne aux États généraux de l’information (EGI).
Complétant le quatrième article dédié aux réponses apportées aux trois premières questions ouvertes par les participants à cette consultation en ligne, il porte sur celles apportées aux deux dernières.
Quelle action prioritaire pour protéger le droit à l’information ?
S’il ne fallait retenir qu’une seule action à mettre en place pour protéger le droit à l’information, quelle serait-elle ?
Un tiers des participants estime prioritaire de lutter contre les manipulations de l’information, dont le détail des thèmes sous-jacents est indiqué page suivante.
Le pluralisme est également un sujet de préoccupation (23%), notamment du point de vue de la concentration médiatique et de la liberté d’expression.
La protection du droit à l’information passe également par l’éducation aux médias (21% des participants), et ce dès le plus jeune âge.
Groupes thématiques | % de participants[1] | Sous-groupes thématiques |
Les manipulations de l’information | 33% | Garantir l’indépendance de la presse (20%) ; Séparer les rédactions des actionnaires (5%) ; Sanctionner plus sévèrement la manipulation (4%) ; Lutter contre les fake-news des réseaux sociaux (4%) ; Supprimer l’anonymat des réseaux sociaux (2%) |
Le pluralisme des médias | 23% | Réguler la détention des médias (8%) ; Soutenir la liberté d’expression médiatique (6%) ; Assurer le pluralisme de l’information (6%) ; Renforcer le service public de l’information (3%) |
L’éducation aux médias et le pouvoir d’agir | 21% | Développer la formation et l’EMI (17%) ; Créer un véritable programme d’EMI (2%) ; Élaborer un droit de regard citoyen (1%) ; Rendre l’information de qualité accessible (1%) |
Les contenus | 17% | Lutter contre la désinformation (6%) ; Encourager la vérification des sources (5%) ; Sécuriser l’éthique des journalistes (3%) ; Limiter le monopole de l’opinion (2%) ; Renforcer la place du travail d’investigation (1%) ; Améliorer la neutralité de la presse (1%) ; Favoriser le journalisme local (0%) |
La protection des journalistes et de leurs sources | 8% | Renforcer la protection des journalistes (6%) ; Protéger les sources et les lanceurs d’alertes (1%) |
La viabilité économique des médias | 7% | Soutenir financièrement les rédactions (3%) ; Être transparent sur le financement médiatique (2%) ; Diversifier les ressources de financement (1%) ; Conditionner le financement public des médias (1%) ; Soutenir économiquement les rédactions indépendantes (0%) ; Supprimer la publicité (0%) ; Privatiser les médias publics (0%) |
Autres | 3% |
Verbatims
Parmi les verbatims formulés par les participants à l’égard de cette question, le rapport relève ceux-ci :
- « L’État a le devoir d’offrir à tout citoyen l’accès à une information libre et indépendante à un coût accessible. C’est une nécessité démocratique. Pour cela, il doit mettre en place les conditions : protéger les médias des concurrences des plateformes en légiférant et défendant les droits et obligations (responsabilité des plateformes, droits voisins…), permettre aux citoyens d’accéder à l’info par un crédit/réduction d’impôt. »
- « Faire connaître à l’utilisateur la bulle informationnelle induite par les algorithmes. Ceux-ci devraient mieux valoriser le consensus scientifique sur la question et mettre en avant les paroles d’experts, car non, tous les discours ne se valent pas et leur popularité n’est pas gage de qualité. »
Le journalisme en 2035, les principaux items
Écrivons ensemble le futur de l’information.
Imaginez-vous en 2035 : à quoi ressemble le journalisme de demain ?
L’indépendance des médias occupe encore une très grande place dans le corpus. Ainsi, les sujets liés aux manipulations de l’information sont une importante source de préoccupation pour les participants (29%).
Les répondants se sont également particulièrement projetés sur les contenus de demain (28%), imaginant une information plus fiable, et un journalisme qui prend plus le temps de creuser les sujets en évitant de tomber dans le sensationnalisme.
Enfin, 17% des participants ont imaginé plus précisément les outils et supports du futur : ils interrogent notamment le rôle de l’IA et imaginent un monde médiatique toujours plus personnalisé, grâce aux outils numériques.
Le sujet du pluralisme a également été abordé par les participants (15%).
Alors que la majorité des réponses dépeint un futur positif, certains participants en ont une vision bien plus pessimiste.
Cette question fait donc à la fois surgir les souhaits et les inquiétudes des participants pour l’avenir.
Groupes thématiques | % de participants[2] | Sous-groupes thématiques |
Indépendance, éthique et fiabilité | 33% | Il repose sur une presse indépendante (12%) ; Il est factuel et objectif, fiable (8%) ; Il propose des informations sourcées, vérifiées, transparentes (6%) ; Il fait preuve de déontologie (4%) ; Il est davantage surveillé pour limiter les fausses informations (3%) ; |
Pluralisme et objectivité | 23% | Il propose davantage de critiques et d’investigations (5%) ; Il garantit une information neutre et apartisane (4%) ; Il respecte un certain pluralisme (4%) ; Il est moins sensationnaliste (4%) ; Il laisse la place au débat et à la nuance (3%) ; Il présente plusieurs points de vue (2%) ; Il est accessible à tous (1%) |
Proximité et engagement | 16% | Il est pensé sur le temps long, moins dans l’immédiateté (4%) ; Il a une approche de proximité (2%) ; Il met en avant des informations positives (2%) ; Il se fait sur le terrain (2%) ; Il est orienté vers les solutions (1%) ; Il laisse plus de place à l’expertise (1%) ; Il est plus engagé sur les questions environnementales (1%) ; Il est engagé (1%) ; Il est humain et bienveillant (1%) ; il s’ouvre à davantage de sujets et à l’international (1%) ; Il donne la parole à tous (0%) |
Nouvelles technologies et numérique | 15% | Il est assisté par l’IA (5%) ; Il repose sur l’interactivité et une expérience personnalisée (3%) ; Il s’appuie sur les outils numériques (3%) ; Il est humain, sans utilisation de l’IA (1%) ; Il revient au papier et s’éloigne des réseaux sociaux (1%) ; Il est phagocyté par l’IA (1%) ; Il est protéiforme et multicanal (1%) ; Il est dématérialisé (moins de papier) (1%) ; Il est moins sur le terrain (0%) |
Education aux médias et pouvoir d’agir | 10% | Il est participatif et citoyen (4%) ; Il est complété par une EMI renforcée (3%) ; Il est porté par des professionnels bien formés (1%) ; Il contextualise l’information et reconnaît ses biais (1%) ; Il recrée un lien avec les citoyens (1%) |
Viabilité économique | 5% | Il est financé par l’État au nom de l’intérêt public (2%) ; Il est davantage financé par ses lecteurs (1%) ; Il propose un meilleur modèle de rémunération des journalistes (1%) ; Il offre un accès gratuit à l’information (1%) |
Protection des journalistes | 3% | Il protège les journalistes dans leur exercice (2%) ; Il protège ses sources (1%) ; Il protège les lanceurs d’alerte (0%) |
Manipulations de l’information | 5% | Il est manipulé et instrumentalisé (4%) ; Il est menacé par les réseaux sociaux (1%) |
Le journalisme en 2035, les verbatims
Parmi les verbatims formulés par les participants à l’égard de cette question, le rapport relève celui-ci :
« 2035 : le journalisme est devenu pluriel, engageant et… patient. Il n’est pas amnésique de la nouvelle d’avant-hier et hypermnésique de la nouvelle du jour. Il présente des points de vue contrastés sur une même information, en “tournant” à 360 degrés autour du sujet traité. Il sait varier les formats (slow journalism, nouveaux vecteurs…) et a fait le choix de l’interactivité afin d’être moins descendant (journalisme participatif mobilisant les citoyens pour identifier les sujets d’intérêt). Il a également diversifié son pool d’experts afin de mettre un terme à la pratique des “bons clients” des plateaux. Il donne la parole à des voix nouvelles, transgénérationnelles (jeunes et moins jeunes), originales, inattendues. Bref, le journalisme de 2035 surprend. Enfin, il est tourné vers les solutions, au-delà des constats et des diagnostics qui monopolisent l’essentiel de la production médiatique aujourd’hui. »
Un sixième article clôt cette recension en présentant, d’une part, une évaluation succincte des modalités comme des résultats de cet exercice de consultation en ligne articulé sur les questionnements évoqués ci-avant, et d’autre part, une appréciation globale de ce qu’il ressort de cet exercice des EGI à ce stade de son déroulement.
Patrice Cardot
[1] Les données sont exprimées en pourcentage des participants ayant répondu à la question. Par ailleurs, un participant peut indiquer plusieurs réponses : le total des pourcentages des idées peut donc dépasser les 100%.
[2] Les données sont exprimées en pourcentage des participants ayant répondu à la question. Par ailleurs, un participant peut indiquer plusieurs réponses : le total des pourcentages des idées peut donc dépasser les 100%.