Les médias convenus sont toujours attentifs à rendre compte de ce qui déplaît à leur idéologie, y compris en cette période de pandémie, insistant par exemple sur les supposées incompétences de tel ou tel « populiste », Trump ou autre, avec des reproches qui pourraient aussi bien être faits à Emmanuel Macron. Pour d’autres gouvernements peu aimés chez nous, comme celui de la Pologne, la médiatisation varie entre passage sous silence ou accusations. Petit tour d’ horizon.
Dans le contexte de la pandémie du coronavirus, les médias français s’intéressent à très peu de pays : en gros, la France, l’Italie, l’Espagne, l’Angleterre, l’Allemagne. Un peu les pays scandinaves, quand cela peut appuyer la politique gouvernementale française. Beaucoup plus le Brésil ou les États-Unis, toutes les occasions étant bonnes, même les plus sordides, pour s’attaquer à qui dirige autrement. La question n’est évidemment pas de défendre ou d’être en accord avec les politiques de Trump ou de Bolsonaro mais simplement de s’étonner que ce genre d’hommes politiques, aux yeux des médias français, ne parvient jamais, mais alors jamais, à mettre en oeuvre la plus petite décision politique qui pourrait apparaître comme positive dans nos médias — quel que soit le domaine.
Il en va de même avec les pays d’Europe de l’Est en cette période, à ceci près que globalement le silence s’ajoute à l’absence de vision éventuellement positive de politiques menées. Un exemple avec la Pologne dans nos médias ces derniers temps.
Elle et Libération, la Pologne ils n’aiment pas ça
Pour Elle, le 15 avril 2020, l’information cruciale serait celle-ci :
« Covid-19 : le Parlement polonais tente de restreindre l’avortement et l’éducation sexuelle ».
Le lien entre le covid-19 et les questions liées à la sexualité et à l’avortement n’est pas de prime abord bien clair. L’information provient en réalité de Libération daté du même jour :
« Ce jeudi, la Diète devait se pencher sur un texte qui vise l’interdiction totale de l’avortement en cas de graves malformations de l’embryon. Des manifestations ont eu lieu dans la rue, malgré le confinement, et sur Internet. »
Dans cet article, Libération montre qu’une simple erreur de mot a parfois de lourdes conséquences :
« Sous la pression de la rue, le projet de loi populaire « Stoppons l’avortement » avait été poussé en commission parlementaire en 2018, ce qui revenait à le geler. Sorti du frigo en plein confinement, le texte, rédigé par l’ultra-catholique institut Ordo Iuris pour la culture juridique (abrégé Ordo Iuris), prévoit de durcir la loi sur l’avortement, pourtant déjà l’une des plus restrictives d’Europe, résultat d’un compromis entre l’Église et l’État en 1993. »
Le mot « populaire » est une erreur manifeste, il remplace de façon erronée le mot « populiste » : si le projet de loi avait l’aval du peuple polonais, ce que Libération ou Elle ne peuvent en aucun cas imaginer, il n’y aurait pas lieu de porter le fer. Sauf à ne pas faire œuvre de démocratie, ce dont ne sauraient être soupçonnés deux organes de presse de cette réputation. Dans Elle :
« La députée de l’opposition, Barbara Nowacka, engagée en faveur des droits des femmes, craint l’utilisation du coronavirus pour engager un retour en arrière. « Nous avons vraiment peur qu’ils utilisent le fait que les citoyens polonais soient concentrés sur leur futur et leur santé maintenant, et non sur leurs valeurs, l’éducation sexuelle, les droits des femmes », a‑t-elle déclaré au quotidien britannique « The Guardian », hier. En effet, le droit à l’avortement ne sera pas le seul sujet débattu par le Parlement polonais. Il pourrait également être question de supprimer les cours d’éducation sexuelle. »
La question n’est pas ici d’exposer une opinion pour ou contre l’avortement mais :
- de trouver étonnant que les raisons pour lesquelles tous les êtres humains n’y sont pas immédiatement favorables ne puissent en aucune manière faire l’objet d’un compte rendu honnête dans les médias français. Une question idéologique ;
- de remarquer ce qui est passé sur silence. Par exemple, dans les pays les plus ouverts sur le plan de l’éducation sexuelle à l’école, depuis longtemps, la France par exemple, cette éducation ne fait reculer ni le nombre d’avortements ni les violences sexuelles. Par contre, l’éducation sexuelle est utilisée à des fins partisanes pour diffuser une autre idéologie, la théorie du genre, par le biais d’association automatiquement financées par des fonds publics.
La Pologne ne souhaite peut-être pas ressembler à la France, il devrait être possible dans des médias d’en interroger le pourquoi.
La Pologne ? Un pays qui ne ressemble en effet pas à la France
Le 19 avril 2020, Le Parisien, rapportant les chiffres de l’université américaine Johns-Hopkins pour l’ensemble des pays du monde, indique que : « Au 19 avril 2020, 347 décès dus au coronavirus ont été rapportés en Pologne. Cela représente 15 nouveaux décès par rapport au 18 avril 2020). Pour 100 cas, cela représente 3,97, tandis que le rapport est de 5,52 en Chine, 13,2 en Italie et 12,6 en France. »
Voilà donc un pays et un gouvernement que nos médias qualifient habituellement d’ultra-conservateur et d’extrême droite mais qui d’évidence est d’une efficacité sans commune mesure dans sa lutte contre le covid-19, comparativement à la France. Le lecteur s’attend donc à trouver des analyses dans les médias français, des comparaisons, autres que celles avec les pays cités plus haut, pour comprendre comment un pays comme la Pologne parvient à réaliser ce que nous sommes incapables de faire : protéger un peu mieux sa population (le Maroc serait intéressant aussi, lui qui produit autant de masques par jour que la France par semaine).
Mais pas un mot ou plutôt pas une analyse sur tout cela. L’imaginer, simplement, revenant déjà à remettre en question tous les dogmes officiels et ceux de nos médias en particulier.
Pourtant, le réel revient parfois au galop.
Le Journal de 13 heures de France 2, relayé par Franceinfo, indique le 18 avril que les masques sont déjà obligatoires en Pologne. Le gouvernement, qui soudain n’est plus ultra-conservateur ni d’extrême droite…, installe des distributeurs automatiques, chacun peut s’en procurer et les polonais sont très contents d’en porter. Ce même jour Franceinfo va encore plus loin dans la bienveillance à l’égard de la Pologne :
« Concernant les applications pour smartphones permettant à un utilisateur de savoir s’il a été en contact avec une personne infectée par le coronavirus, le gouvernement polonais a, en mars dernier, mis en place une application utilisant la géolocalisation et la reconnaissance faciale pour vérifier si une personne placée en quarantaine la respecte bien. Bien évidemment les Polonais ont, pour l’instant, le libre choix de la télécharger, dans ce cas, la personne est susceptible de répondre à des demandes officielles concernant son « confinement ».
Le lecteur, étant peu habitué, est surpris que le média n’accuse pas le gouvernement polonais de mesure liberticide. D’ailleurs le PiS au pouvoir n’est décidément plus d’extrême-droite ni ultra. Il est simplement « conservateur »… Franceinfo conclut sur le risque de voir arriver au pouvoir le parti Droit et Justice lors de prochaines élections présidentielles, parti quant à lui ici qualifié « d’ultra conservateur ». Tant qu’à choisir, la Pologne actuelle pourrait bien plaire à la majorité des médias convenus français, à l’exception de vieilleries comme Libération ou Elle ?