Licenciée pour n’avoir pas voulu appliquer les consignes éditoriales après le crash de l’A320 de l’Egyptair, une journaliste du quotidien belge Le Soir a poussé un coup de gueule sur les réseaux sociaux.
« Aujourd’hui, je ne suis plus la correspondante au Caire du journal Le Soir », a annoncé Vinciane Jacquet dans ce qu’elle appelle un « pavé colère ». En effet, suite à la disparition de l’avion Egyptair reliant Paris au Caire au large des îles grecques, sa direction lui aurait demandé « de ne pas proposer d’article “factuel”, mais d’insister sur la “tristesse des familles” et de parler (remettre en cause) la sécurité de la compagnie aérienne égyptienne ».
La journaliste a refusé cette demande étant donné qu’elle n’a eu « aucun accès aux familles », qui ont refusé de parler aux médias, et que « la cause de l’accident n’étant pas connue (nous n’avons même pas d’indices), je ne pouvais accuser ni suggérer la responsabilité d’Egyptair ». Aujourd’hui, la voici « remerciée » car « pas opérationnelle ».
Et celle-ci de s’indigner : « Dans ce temps où les gens accusent les journalistes de mentir, d’amplifier, de maquiller, de couvrir les responsables, bref, ne leur font pas confiance, j’ai décidé de dire non, et de ne pas céder au journalisme de sensation au mépris du journalisme d’information et de son éthique. Et tout ça, si j’ose le dire, pour un salaire dérisoire. »
Ne regrettant rien, se disant même « fière » de son acte, elle conclut : « Il est primordial que nous, journalistes, freelance ou pas, sachions dire non et nous souvenions que nos mots, nos angles, peuvent avoir des conséquences dévastatrices sur les individus. Il est primordial que nous soyons ceux qui restaurions la confiance perdue des lecteurs. Les rédactions ne le feront apparemment pas, ou peu. »
Dans le même temps, en France, un autre licenciement fait des remous : celui d’Aude Lancelin, directrice adjointe de la rédaction de L’Obs. Convoquée vendredi 20 mai pour un entretien préalable à un licenciement, celle-ci a été largement soutenue par l’intersyndicale du magazine. « Nous avons demandé l’arrêt de la procédure en cours. Les raisons managériales invoquées par Matthieu Croissandeau pour justifier un “éventuel” licenciement le 18 mai sont inacceptables », peut-on lire dans le communiqué.
Et de poursuivre : « Si licenciement il devait y avoir, il serait particulièrement choquant au moment où ont filtré dans la presse et au conseil de surveillance de L’Obs des raisons politiques à l’éviction de cette journaliste. » En l’occurrence, d’après un article de presse traitant de ce licenciement, Aude Lancelin aurait été écartée car « trop à gauche » par rapport à la ligne éditoriale du magazine.
Pas de quoi arranger la situation interne de L’Obs. La semaine dernière, une motion de défiance a été votée à 80 % contre Matthieu Croissandeau, directeur de la rédaction. Une première dans l’histoire de l’hebdomadaire.