Depuis le meurtre dans la Drôme du jeune Thomas Perotto à Crépol, dans la nuit du 18 au 19 novembre, l’information semble être toujours un sujet un peu tabou, et parfois tue par certains médias. Voici la liste de ces jeunes placés en garde à vue suite au meurtre de Thomas : ils s’appellent Ilyes, Chaïd, Yasir, Mathys, Fayçal, Kouider et Yanis (source : JDD).
Pour les journaux mainstream, si des Français et Européens comme Thomas se font massacrer par des coups de couteaux, l’origine des auteurs n’est pas importante, tandis que lorsqu’il s’agit de l’attaque de Mourad au cutter, il devient crucial de rappeler que son auteur est Yannick, un Français “de souche”.
Injonction à l’omerta
Pour Crépol, c’est différent. Il faudrait faire taire le profil des agresseurs. A cet effet, Le Figaro, plus proche du réel que beaucoup de ses confrères, titre “Attaque mortelle à Crépol : la diffusion du prénom des suspects, une délicate question” ou encore Boulevard Voltaire “Crépol : le profil des agresseurs, un secret bien gardé”. Comme le rapporte Charlotte d’Ornellas dans le JDD : “l’information est devenue un enjeu idéologique et politique” et a ajouté que “pour les obtenir, nous avons multiplié les demandes et constaté la crainte de tous les acteurs qui pourraient livrer l’information. Jusqu’à tomber sur l’un d’eux, qui peut être issu du monde politique, de la justice ou des forces de l’ordre, et qui ne supporte plus « ce qu’il se passe, et ce que personne n’assume de dire ».
Le prénom, vecteur d’identité
Le parquet de Valence a décidé de ne pas diffuser l’identité des suspects : “un prénom n’apporterait aucune justification utile” a justifié sans rire un procureur au Figaro. Cette injonction au silence dans un tel sujet cristallisant autant de tensions en a agacé plus d’un, notamment Damien Rieu, qui dans un Tweet a révélé les prénoms des suspects. Il a également ajouté dans un post suivant : “Je pense qu’ils ne vont pas me rater pour avoir sorti ça. Tant pis. J’assumerai devant cet État qui persécute tous ceux qui dénoncent son inaction. Mais on ne se taira plus. La vérité doit triompher pour tous les #Thomas d’hier, d’aujourd’hui et de demain.”
Je pense qu’ils ne vont pas me rater pour avoir sorti ça. Tant pis. J’assumerai devant cet État qui persécute tous ceux qui dénoncent son inaction.
Mais on ne se taira plus.
La vérité doit triompher pour tous les #Thomas d’hier, d’aujourd’hui et de demain.— Damien Rieu (@DamienRieu) November 24, 2023
Condamnations antérieures des suspects
Rappelons que sur les suspects, cinq ont déjà eu affaire avec la Justice. Le suspect principal, un individu de 20 ans, présumé responsable du coup mortel, cumule deux condamnations antérieures. La première concerne un délit de recel de vol, la seconde le port d’une arme blanche ou incapacitante de catégorie D sans motif légitime (Boulevard Voltaire).
Stanislas Rigault gagne son pari
Le président de Génération Z, Stanislas Rigault, dès le 21 novembre avait pris la parole sur BFMTV prenant le pari que les suspects “auront des noms à connotation issue de l’immigration”.
Je prends le pari que les responsables de la mort de #Thomas seront issus de l’immigration. De très nombreux éléments l’indiquent déjà, et ce n’est pas la première fois que ça arrive.
Je suis venu sur ce plateau vous en parler des dizaines des fois.
Quand est-ce qu’on se… pic.twitter.com/tfvW3gIImL
— Stanislas Rigault (@stanislasrig) November 21, 2023
Les prénoms constituent un marqueur d’identité et dans l’affaire de Crépol ils “sont le caractère visible d’un lien existant parfois entre immigration, délinquance et criminalité.” (Le JDD).
La maire de Crépol défie l’omerta
Dans le Figaro électronique du 28/11/2023, Marie-Hélène Thoraval rappelle quelques vérités premières : il s’agissait d’«une centaine de jeunes avec un noyau dur particulièrement violent». Celui-ci tenterait de créer dans la Drôme «une zone de non droit en occupant le territoire». «C’est tout un territoire qui est touché». Avant d’ajouter : «Il faut arrêter de pratiquer la culture de l’excuse».
Concernant les prénoms des suspects, la maire de Romans-sur-Isère a affirmé que le fait de « ne pas communiquer les prénomsplus tôt était indécent ». «Pourquoi lorsqu’il s’agit d’un autre drame on communique le nom et le prénom tout de suite ? Là, les prénoms ont circulé sur les réseaux avant d’être confirmés par les autorités. (…) Pourquoi on n’a pas cette notion de transparence dès le départ ? Ça ne fait que renforcer la stigmatisation».
BFMTV préfère le silence
Néanmoins, certains journalistes choisissent volontairement la cécité en demandant sur un plateau de BFMTV à Tugdual Denis « Ça veut dire quoi, ressembler à des jeunes de cités ? Je ne comprends pas. » ce dernier lui répond “Euh, bah disons qu’environ 60 millions de Français voient à peu près à quoi cela renvoie. “
- « Ça veut dire quoi ”jeunes de cité” ? »
- Euh, bah disons qu’environ 60 millions de Français voient à peu près à quoi cela renvoie. #Crepol pic.twitter.com/mBIsN4jGOr
— Tugdual Denis (@TugdualDenis) November 22, 2023
Depuis plusieurs années, les français ne font plus l’autruche et constatent par eux-mêmes les ressorts ethnoculturels contribuant à la violence dans notre pays. Pour rappel, les agresseurs de Crépol auraient dit vouloir “planter des blancs” (Dauphiné libéré).
Pourquoi une telle cécité ?
On peut se demander : pourquoi choisir de fermer les yeux ? Faudrait-il éviter de ressasser la sacro-sainte idéologie du “vivre ensemble” mise en avant depuis des années ? Le gouvernement selon le criminologue Alain Bauer « a‑t-il peur d’un « Nahel à l’envers », d’une réaction extrêmement violente contre les quartiers, les cités ?” (Boulevard Voltaire).
Cette stratégie n’empêche pas une partie des français de réagir comme l’illustre la descente plutôt inopportune – et peut-être manipulée opportunément par la police — des militants lourdement condamnés d’« ultra droite » à Romans-Sur-Isère.
Certains syndicats comme la Cocarde Etudiante s’indignent : “Hier Thomas, demain toi ?” Enfin, Philippe de Villiers évoque quant à lui «Les larmes d’un peuple qui rentre en résistance».
Deux conceptions du journalisme s’opposent. Respecter le réel, reconnaître l’information et la traiter, ou faire fi de la réalité en la falsifiant, offrant au lecteur une lecture biaisée. On peut voir qui a choisi la première option et qui a opté pour la seconde.
Voir aussi : Tragédie de Crépol, rixe ou agression ?