Les problèmes de management au Média, la télé de Mélenchon qui se garde bien d’en convenir, ont conduit au départ prématuré de Sophia Chikirou. Ils ont quelque chose à voir avec la tenue des finances, croit savoir Mediapart. En effet, Le Média perd de l’argent, et beaucoup plus que ce qui a été annoncé à ses sociétaires (socios). Ceux-ci n’ont du reste que peu de droits et de possibilités d’agir…
En effet le 14 juin la directrice du Média avait présenté aux 19 000 socios l’état des lieux : 184 395 € par mois de dépenses, contre 152 508 € de recettes, soit 31 797 € de pertes par mois (et 381 564 sur un an). Face à Gérard Miller qui estimait que l’entreprise était « sur le fil du rasoir », elle avait estimé que c’était « un petit gap ». Quand on aime, on ne compte pas l’argent du peuple, et surtout en novlangue managériale !
Problème : devant son équipe réunie en séminaire, elle a reconnu que les chiffres présentés aux socios « n’étaient pas les bons », assène Mediapart. Les dépenses dépassent en effet les 200 000 € par mois, ce qui a le don d’exaspérer un Gérard Miller qui vient justement d’emprunter cette somme pour renflouer le Média. « On ne peut pas dépenser 205 000 ou 210 000 par mois vu ce qu’il y aura comme rentrées » a confirmé Gérard Miller. Le communisme, c’est fini, et l’URSS n’épongera plus les dettes.
Résultat des courses, Gérard Miller a annoncé sa démission d’ici vendredi de la présidence de l’association Le Média, l’entité qui chapeaute et le média, et la production audiovisuelle, tout en recevant les cotisations des socios. Autre problème : personne ne s’est porté responsable pour le remplacer, sauf Matthias Enthoven dont Sophia Chikirou ne veut pas entendre parler à ce poste…
À ces problèmes de gouvernance s’ajoutent des soucis patents de management. « Il y a ici une ambiance détestable. Il y a des tensions, du malaise, de la souffrance », a estimé Jacques Cotta qui anime une émission. D’autres ont parlé de « comportements détestables », et de « malaise humain et professionnel ». Quant à Aude Lancelin, elle estime que si le Média continue à fonctionner à rebours des idées qu’il entend défendre, il se trouvera en « position d’imposture ».
Celle-ci pointe un turn-over exceptionnel (60% en six mois) d’autant que quatre des 13 journalistes qui composent la rédaction pourraient partir à court terme. Elle vient de prendre ce 5 juillet la présidence de la société de presse – sans avoir à s’occuper de la partie commerciale – et souhaite renforcer l’équipe tout en arrêtant le journal de 20 heures au moins deux jours par semaine pour faire des économies. Quant à l’entrée de partenaires industriels ou issus de l’économie sociale et solidaires, Aude Lancelin temporise : « avant de penser à se prostituer, il faudrait peut-être faire du journalisme ». Tout ce que Le Média, alias Télé-Mélenchon ne fait pas. Dur, dur d’être la Pravda !