Il dirige la banque Lazare et possède des journaux bienpensants mais se rêve en révolutionnaire qui fait « vomir le bourgeois » – son client et son lecteur. Quand l’époque devient vraiment confuse…
Tycoon médiatique, propriétaire des Inrockuptibles, du Monde (avec Bergé et Niel), de L’Obs, de Radio Nova et du Huffington Post, le directeur de la banque Lazard qui ne cache pas ses visées expansionnistes dans les médias se lâche dans le numéro de décembre de GQ. Il y confie ses rêves sous l’étendard sang et charbon de la révolution.
Interrogé par le magazine branché sur ce qu’il lui reste encore à vivre, le milliardaire répond avec vivacité : “Honnêtement ? la révolution (…) ou l’insurrection, à défaut de la révolution” ! Sans imaginer une seule seconde qu’une véritable révolution le verrait suspendu à un lampadaire, notre banquier-révolutionnaire estime que “dans la vie, il faut mettre le feu”. Et le voilà qui cite dans la foulée le Comité Invisible, auteur de L’Insurrection qui vient (2007) : “quand le pouvoir est dans le caniveau, il faut le piétiner”. Il apprécie : “belle phrase !” Pas sûr, pourtant que les anarchistes dudit Comité invisible apprécient l’hommage du prédateur…
Pigasse en profite également pour faire état de tout le bien qu’il pense de ses lecteurs, puisqu’on peut difficilement estimer que le Huffington Post ou L’Obs s’adressent aux masses populaires et font grand cas des travailleurs. Paraphrasant Flaubert, il affirme en effet : “j’agis pour faire vomir le bourgeois”. Et au passage, il en profite pour tenter de salir ce qu’il ne sera pour le coup jamais : “et je vomis l’aristocratie”.
Le banquier richissime drapé dans l’étendard de la vertu révolutionnaire se pose en modèle : “je ne possède rien, car j’investis la totalité de mes actifs pour essayer de changer les choses. Je vis dans l’ascétisme”. À 5 millions d’€ par an c’est un ascétisme qui ne prend pas grand-risque, bref un ascétisme somme toute très bourgeois…