Pan sur le bec, comme on dit au Canard. L’hebdomadaire satirique paraissant le mercredi a pris un coup sur son appendice, blessé dans son honneur de gauche bien-pensante par d’impertinents canetons syndiqués qui ne respectent plus les vieux anatidés.
Cinquante ou quarante-neuf et demi ?
La différence est ténue mais avec cinquante salariés une société est tenue à un certain nombre d’obligations. Après franchissement du seuil, doivent être constitués un comité d’entreprise, un comité d’hygiène, de sécurité et des conditions de travail. Le comité d’entreprise doit disposer d’un local avec le matériel nécessaire, recevoir une subvention de fonctionnement indexée sur la masse salariale, plus une subvention pour la gestion des activités culturelles et sociales. Enfin l’employeur doit laisser aux membres du temps (pris sur le temps de travail) pour exercer leurs fonctions. Malin, le directeur de la publication a bloqué les embauches à 49,5 équivalents temps plein, comme dans n’importe quelle entreprise qui ne veut pas s’encombrer d’un CSE de plein droit. D’où certaines amertumes.
La vieille garde meurt mais ne se rend pas
Il est vrai que le volatile est dirigé par une volière dont les ailes commencent à s’user sérieusement. Le président Michel Gaillard est rentré en 1966 au journal, 56 années de bons et loyaux services au compteur et nul souhait d’aller planter ses choux à la campagne. De son côté, le directeur de la publication 71 ans – cinquante ans d’ancienneté et toutes ses dents — ne marque pas une volonté farouche de passer la main.
La jeune garde, sans doute plus woke, plus féministe, plus numérique se rebelle et crée – horresco referens aurait gémi Virgile dans l’Enéide – une section syndicale à laquelle auraient déjà adhéré une quinzaine de salariés. Et une section CGT qui plus est ! Les rouges sont aux portes avec leur fameux couteau entre les dents. Qui sait, ils pourraient toucher au solide magot des réserves financières du volatile (plus de 120M€). Les canetons sont plus #Metoo, plus climat-inquiets, plus transgenres dans les palmes, ça cacarde sec et il y a du crêpage de plumes dans l’air. Tous à la mare, et au pas du canard (le pas de l’oie serait mal vu).
Voir aussi : Une taupe soviétique au Canard enchaîné