Rediffusion. Première diffusion le 17 janvier 2018
DOSSIER — Début septembre, l’OJIM vous présentait la couverture médiatique de la crise migratoire pendant l’été. Depuis cette période, la pression migratoire ne s’est pas relâchée, bien au contraire, tout comme sa couverture par les médias. Alors que l’été avait été marqué par l’annonce par le Président Macron de l’augmentation des capacités d’hébergement des clandestins et demandeurs d’asile, cet automne a été placé sous le signe d’un discours de fermeté du Ministre de l’intérieur et l’annonce d’une Loi sur l’asile en 2018. Cet infléchissement déplait non seulement aux associations d’aide aux migrants et à leurs supporters, mais aussi à une large frange de la classe médiatique. Les uns et les autres peuvent se réjouir des premiers reculs du gouvernement. Revue de presse thématique des informations dispensées à ce sujet dans les médias.
Quelques manifestations de la pression migratoire
Porte de la Chapelle à Paris, comme ailleurs, l’afflux incessant de migrants ne tarit pas. Le Parisien cite le « tuyau » que se donnent les débouté du droit d’asile en Allemagne : « Il faut aller porte de la Chapelle ». Avec l’espoir d’être hébergé et pris en charge. Le Figaro du 14 décembre 2017 estime à 300 000 les déboutés du droit d’asile en Allemagne. Le journaliste fait le constat qu’« ils arrivent massivement en France » et représenteraient « près de 40% des migrants enregistrés en Préfecture depuis le début de l’année ».
Les médias relatent les arrivées de clandestins en différents points du pays : La Croix nous informe que deux campements d’africains se sont constitués à Chambéry. À Annecy, 600 migrants ont débarqué dans la ville en septembre selon France 3. À Reims, selon France 3 Régions, « les tentes de fortune du “camp Eisenhower” ne désemplissent pas ». L’Union nous informe que le campus Croix-Rouge a été envahi par des « réfugiés » en septembre. À Brest, le 115 sature. En cause : « un accroissement des appels de migrants » selon Le Télégramme. À Rennes selon Breizh Info tout comme à Nantes selon France Bleu, il y a pénurie de logements face à l’afflux de migrants. Certains sont à la à la rue. À Lyon, « des migrants (se sont) abrités à l’université, la direction tient à laisser faire » nous informe BFMTV le 23 novembre.
À Lille, « les Restos du Cœur ne peuvent plus nourrir tous les migrants », « de plus en plus nombreux à la friche Saint-Sauveur » selon France 3 Régions. « Au point que les associations sont débordées ». Libération nous informe le 18 décembre que « de 1 500 à 2 000 migrants arrivés d’Italie ont tenté une dangereuse traversée des Alpes depuis trois mois » par le Col de Montgenèvre. « Ils arrivent du Sénégal, du Cameroun ou du Mali ».
À Vintimille, le maire estime dans une interview dans l’édition de décembre de Causeur que près de 60 000 migrants sont passés par sa commune. Ils souhaitent se rendre en France, bien que « la Vénétie affiche un des taux de chômage les plus bas d’Europe (6,8%) », ajoute le journaliste.
Selon Nice Matin, « une vague d’immigration tunisienne a été stoppée en novembre à la frontière italienne ». « Des faits d’agressions, de vols, ont été relevés ». « Le parquet de Nice indique que cette immigration a cessé brutalement (…), après que le tribunal correctionnel de Nice a infligé des peines relativement lourdes ».
Outre-Mer, la situation à Mayotte fait l’objet d’une interview d’un député LR dans Causeur de décembre. L’élu estime le nombre de clandestins à un tiers de la population de l’île et le nombre d’immigrés réguliers à un autre tiers. « 74% des naissances sont issues de mères étrangères ». « On est au bord de l’implosion ». « Les forces de l’ordre s’interposent entre les mahorais et les clandestins devant la Préfecture ». France Info nous informe que « La Guyane face à une vague migratoire sans précédent », etc.
La situation dans le Pas de Calais
Outre les accidents qui surviennent fréquemment sur la rocade du littoral calaisien, plusieurs rixes impliquant des migrants ont eu lieu durant le deuxième semestre 2017. La relation de ces événements par les medias est purement factuelle : Europe 1 nous informe que fin août, à Divion, « un jeune est mort lors d’une rixe avec des migrants dans un foyer d’insertion ». À Calais, il y a eu « cinq blessés dans une nouvelle rixe entre migrants, vingt-sept interpellés » selon La Voix du Nord. Le quotidien nordiste informe qu’en dépit du « démantèlement » de la jungle, à fin septembre, « il y aurait actuellement à Calais entre 450 (chiffre de la préfecture) et 600 (chiffre des associations) migrants à Calais, en majorité des Érythréens, Éthiopiens et Afghans ». Sans compter les autres regroupements dans le département et jusqu’en Normandie.
Plus globalement, le Figaro du 14 décembre indique dans un dossier sur les migrants que le nombre de demandeurs d’asile a doublé de 2010 à 2017, pour atteindre 100 000, alors que le nombre d’éloignements des déboutés est passé de 36 000 en 2012 à 28 000 en 2017. Comme précisé dans l’édition du 9 janvier 2018, c’est sans compter « les « dizaines de milliers de demandeurs (d’asile) passés sous le statut des accords de Dublin, c’est-à-dire ceux qui ont déjà tenté leur chance dans un pays de l’Union, comme l’Allemagne ou l’Italie, par exemple, et qui repassent au guichet en France ». Ni les clandestins qui ne font pas de demande d’asile et qui sont par définition difficiles à évaluer.
Dans un autre article de l’édition du 14 décembre du Figaro consacré à l’hébergement, on apprend que malgré les 123 000 places dans les différents centres et systèmes d’accueil, saturés, de 15 000 à 25 000 places d’hôtels seraient occupées par des étrangers en situation irrégulière.
Logement social
L’accès au logement social est parfois facilité pour les migrants. Ce qui selon Le Parisien provoque la colère du maire d’Asnières qui « ne veut pas des 70 migrants », censés être hébergés sur la commune à partir de cet été. « Ils seront logés dans des logements sociaux de Paris Habitat ». Pour justifier sa position, le maire met en avant les quelque 3 800 demandes de logements sociaux sur la ville. « Je ne me vois pas dire à quelqu’un qui attend un logement depuis dix ans : “Passez votre tour, un migrant vient d’arriver” ». Libération nous informe le 6 décembre que suite à l’occupation de locaux de l’université à Nantes, «quarante chambres» en cité universitaire vont être réservées «prioritairement aux migrants étudiants» à partir du 1er février 2018. « La présidence prendra à sa charge leurs frais d’inscription et leurs frais de restauration seront assumés par le CROUS. Le flot ne se tarit pas, loin s’en faut : il y aurait 300 jeunes mineurs isolés étrangers à Nantes, dont une soixantaine à la rue ».
Breizh Info décrit la stratégie à l’œuvre « parfaitement rôdée » en Bretagne comme ailleurs de certaines associations pro migrants pour parvenir à leurs fins : logements et papiers pour les clandestins. Les occupations d’universités se multiplient, soutenues par des associations d’extrême gauche, les medias offrent de la visibilité à la pratique du fait accompli. Des solutions sont ensuite trouvées. Bis repetita. Libération du 18 décembre indique que le Ministre de l’intérieur annonce le 22 décembre la mobilisation de 20 000 logements pour les migrants.
Autre sujet d’actualité, « en même temps », pour paraphraser le journaliste J.P. Pernaut rappelé à l’ordre par le CSA, France 3 évoque le 26 décembre le sort des 140 000 sans-abri en France au travers de l’itinéraire de Frank, à la rue et au chômage. Totalement hors sujet ?
Quelques réactions locales
Les réactions des habitants hostiles à l’arrivée de migrants relatées dans les journaux sont rares, alors que les sondages montrent invariablement une majorité de français opposée à l’accueil massif des migrants. Dans le nord, à Nédonchel, des habitants se réunissent pour dire « Non aux migrants », nous informe La Voix du Nord. À Villars-les-Dombes (01), France 3 évoque l’arrivée prochaine d’une centaine de migrants « hébergés dans un ancien hôtel » qui scandalise des habitants qui se sentent mis devant le fait accompli.
Les collectivités en appellent à l’aide de l’État
Concernant les migrants mineurs, un scenario semble se répéter un peu partout en France, à l’image de ce qui se passe en Mayenne. Ainsi, le site d’information Laval ma ville relate le 30 août un afflux de mineurs étrangers. La grosse majorité vient du Mali ou de Guinée. « Ceux qui les envoient leur disent de venir à Laval car il y a déjà une communauté » indique le président du conseil départemental de la Mayenne. « Ils arrivent à la gare, souvent sans billet, et viennent directement au conseil départemental ou ils sont récupérés par la police et le 115. Le logement relève ensuite de notre responsabilité, car ils sont mineurs. ». Pour les loger, « des hôtels ont été sollicités ».
Plus à l’ouest, le Télégramme indique le 10 octobre qu’ « ils n’étaient qu’une poignée, voire une dizaine, dans chaque département breton il y a seulement quelques années ». « Au 31 août, les quatre conseils départementaux prenaient en charge 1 316 mineurs isolés étrangers ». « Une part importante des personnes se présentant comme mineures sont en fait majeures. Être mineur étranger et isolé (sans famille) permet une prise en charge totale et automatique par les Départements. Et un mineur est inexpulsable et peut plus facilement obtenir un titre de séjour à sa majorité ».
Causeur évoque en décembre la situation dans le département des Hautes Alpes qui a enregistré 882 arrivées de « mineurs » depuis le début de l’année. « 35% ont été considéré comme majeurs ». Loin des clichés misérabilistes, un journaliste du mensuel souligne que la récente croissance économique des pays subsahariens accélère les départs, « des parentèles africaines se cotisant pour financer les départs ». « L’émigration est considérée comme une filière économique à part entière ».
Dans Le Figaro du 14 septembre, le constat du président de l’Assemblée des départements de France (ADF) est le même. Selon lui, le nombre de prises en charge des mineurs étrangers isolés explose partout en France et les structures sont en voie de saturation. Dans cette édition du Figaro, il est estimé que « le nombre de mineurs isolés arrivés en France entre 2015 et 2017 a augmenté de 100 % ». « Ces mineurs étrangers coûtent 1 milliard d’euros par an aux départements ». « Pour chaque département, cela représente environ 50 000 euros par an et par individu en moyenne ». Chiffre revu à la hausse (60 000 euros par jeune par an) dans une interview à France 3 Régions.
Le Président du département du Nord affirme au micro de RMC ne plus avoir les moyens d’accueillir de jeunes nordistes « car priorité est donnée aux mineurs non accompagnés étrangers », « qui arrivent à raison de 100 par semaine ». Il indique que certains trouvent de faux papiers en arrivant à Lille. Le journaliste de RMC évoque la loi en Grande Bretagne où les migrants mineurs ne bénéficient pas d’un accueil inconditionnel comme en France mais doivent pour rester sur le territoire bénéficier du statut de réfugié.
Concernant les migrants majeurs, le 16 décembre, le journal Le Monde publie dans une tribune de plusieurs maires de grandes villes dont Martine Aubry (Lille, PS) et Alain Juppé (Bordeaux, LR), qui demandent à l’Etat d’en « faire plus ». Les hébergements des « demandeurs d’asile, pilotés par l’Etat, souvent avec l’appui de nos collectivités, sont en effet complètement saturés, et ce malgré l’augmentation régulière du nombre de places ». « Il y a urgence à venir en aide aux déboutés du droit d’asile qui malgré tout restent sur notre territoire ». Des extraits de cette tribune sont reproduits dans de nombreux journaux.
Le magazine d’opinion Valeurs actuelles dans son édition du 21 décembre est un des seuls organes de presse à critiquer cette démarche : « que réclament à l’État ces élus qui n’en peuvent plus ? une politique énergique et courageuse de maitrise des flux migratoires ? Pas du tout. Ils demandent “un véritable plan d’accueil des migrants” ».
Un discours de fermeté sous les feux médiatiques de la critique
Probablement sous le coup de l’assassinat de deux jeunes femmes à Marseille par un clandestin, le Président Macron indique en octobre lors d’un entretien télévisé largement diffusé dans les journaux d’informations qu’il sera intraitable avec les clandestins… délinquants.
Puis ce sont les déboutés du droit d’asile et clandestins que le chef de l’Etat entend faire reconduire dans leur pays ou dans un pays sûr. Le Huffington Post nous explique « pourquoi la politique sur les migrants a basculé dans une ligne “dure” » : « après avoir affiché un visage bienveillant pendant la campagne présidentielle, Emmanuel Macron ne veut laisser aucun espace à la droite ».
Peu après, le Ministre de l’intérieur annonce en septembre dans la lignée du chef de l’Etat qu’il entend recenser les clandestins dans les centres d’hébergement d’urgence.
La bronca des associations d’aide aux migrants est largement relayée dans les médias
Le Monde indique le 20 novembre que « le monde associatif lance des Etats généraux des migrations ». « 470 associations et collectifs d’aide aux migrants (…) espèrent ensemble peser face à la politique du gouvernement ». L’Opinion estime que « Gérard Collomb défie les associations » et que « la ligne rouge est franchie ». Selon La Nouvelle République, le Ministre de l’intérieur engage un « durcissement vis-à-vis des sans-papiers ». Ce qui est selon Actu Orange le 19 décembre “une victoire politique” pour le FN.
Le 20 décembre, à 7h45, sur France inter, le renvoi des déboutés du droit d’asile est qualifié de « rafle », le recensement des clandestins dans les dispositifs d’hébergement d’urgence de « tri ».
Une expression également utilisée par le directeur de la Cimade sur France Info à l’occasion de la journée des réfugiés. Les éléments de langage semblent partagés. Le point Godwin — par des références aux heures les plus sombres de l’histoire — est atteint. Ce procédé qui interrompt une discussion, et insidieusement tend à interrompre le processus de réflexion lui-même.
À tel point que le Ministre de l’intérieur se croit obligé de confesser : « J’en ai marre de passer pour le facho de service ». Le camp du bien et celui du mal sont désormais connus. On comprend l’empressement de certains à faire le bon choix.
De nombreux journaux relaient les tribunes en faveur d’un accueil encore plus large des migrants. Selon le point de vue, c’est un pilonnage en règle ou une simple campagne d’opinion. Dans Le Monde le 30 novembre, « « La nasse libyenne a été en partie tissée par la France et l’Union européenne », dans Les Échos le 7 décembre, « Pourquoi nous avons besoin des migrants », dans Mediapart le 18 décembre, « L’humanité de demain se construit par l’accueil des migrants aujourd’hui », dans Libération le 21 décembre, une lettre ouverte au Président de la république dénonçant « un accueil des migrants indigne des valeurs et de l’histoire de la France », relayée le 29 décembre par L’Express, etc.
Le 10 janvier 2018, à la veille d’être reçues par le Premier Ministre, Le Parisien nous informe que « les associations mettent la pression avant un rendez-vous à Matignon. 26 d’entre elles vont contester devant le Conseil d’Etat une circulaire sur le recensement des migrants ». Et le journaliste de conclure : « la polémique vire désormais au bras de fer ».
Le Figaro indique dans un article sur les migrations qu’en 2050, l’Afrique aura doublé sa population. En écho, un sociologue italien interviewé par L’Obs estime que l’accueil de migrants permettra d’enrayer le déclin démographique de l’Europe. Des propos en phase avec le commissaire européen chargé de l’immigration dans une tribune du 21 décembre sur le site de Politico : « nous devons tous être prêts à accepter l’immigration, la mobilité et la diversité comme nouvelle norme et à adapter nos politiques en conséquence ».
Le journal Le Monde donne à l’occasion de la journée des réfugiés le 18 décembre la parole à sa spécialiste des questions de migrations. Le doute ne la traverse pas : « Tous les économistes constatent que les migrants “rapportent” plus qu’ils ne coûtent ». « L’ouverture des frontières fluidifie les passages et ne bloque pas dans le pays d’exil ». Le Monde, quotidien de référence ou journal d’opinion ?
Sans surprise, La Croix estime que « catholiques et protestants dénoncent les mesures d’Emmanuel Macron ». Libération indique qu’après l’homélie de Noël du Pape préconisant davantage d’accueils de migrants, « la presse approuve le Pape et craint la surdité des croyants ». Le journaliste s’appuie sur de nombreux éditoriaux de quotidiens favorables à l’homélie du Pape et à un plus large accueil de migrants : Sud-Ouest, La Presse de la Manche, Le Républicain Lorrain, Le Courrier picard, La Montagne/Centre France, L’Union, Le Journal de la Haute-Marne. Les admonestations se succèdent au gré des articles.
Sur France Inter, l’heure est à la mobilisation. Le 6 janvier l’émission Comme Un Bruit « vous invite au Procès de l’Europe des frontières devant le Tribunal Permanent des Peuples ». On ne peut être plus clair. Rassurez- vous, il ne s’agit que d’un « tribunal de conscience ». Par opposition à ceux qui n’en ont pas ? « Le verdict sera rendu dimanche 7 janvier 2018 à l’occasion de la clôture du Moussem-Festival de l’Immigration et de la Tricontinentale ». Un festival où des invités provoquent un malaise selon Le Parisien. Le 10 janvier, lors de l’émission « le téléphone sonne », la députée LREM est bien seule face à des associatifs, des élus et l’animatrice, tous d’accords pour nier la distinction entre réfugié politique et clandestin et estimer insuffisant l’accueil de « 30 000 migrants » (relocalisés NDLR). Un chiffre souvent mis en avant pour critiquer l’accueil de la France alors qu’il ne représente qu’une partie des arrivées. Pour présenter son émission du 11 janvier L’heure bleue, Laure Adler évoque l’« ode aux migrants » de ses deux invités.
La contradiction semble bien rare, voire parfois inexistante sur ce sujet, comme l’OJIM l’avait déjà constaté en 2016.
De son côté, L’Obs tire à boulet rouge sur E. Macron dans son édition du 11 janvier. Comme le décrit un journaliste de France Inter, la couverture représente « Emmanuel Macron au visage fermé, les lèvres pincées, le regard métallique, un visage en noir et blanc qui monte la garde derrière des barbelés, et ce titre d’une ironie morbide, “Bienvenue au pays des droits de l’homme” ». Le lyrisme et l’émotion sont à leur comble.
Les premiers reculs sous l’effet conjugué du lobbying associatif et médiatique
La « victoire » d’une ligne dure selon Valeurs actuelles, à peine adoptée par Emmanuel Macron, a déjà du plomb dans l’aile. Sous la pression des associations d’aide aux migrants et d’un intense battage médiatique, le Ministre de l’intérieur bat en retraite.
Le renvoi des déboutés du droit d’asile dans un pays tiers et sûr par lequel ils ont transité est abandonné. Le Huffington Post nous informe que « Gérard Collomb renonce à l’idée du “pays tiers sûr” dans sa loi sur l’immigration ».
Puis, le 3 janvier 2018, en « off » de sa conférence de presse, c’est selon France Info le Président de la République qui réduit l’objectif de la circulaire Collomb. Il ne s’agit plus de recenser les clandestins et déboutés du droit d’asile dans les centres d’hébergement « en vue de l’éloignement effectif ». L’objectif est désormais de permettre aux fonctionnaires de la préfecture d’aller dans les centres d’hébergement pour faciliter les démarches administratives. Les médias comptent les points. À ce stade, c’est : associations 2, gouvernement : 0.
Comme le résume Europe 1, « la pression est donc mise sur le gouvernement qui, déjà, a commencé à abandonner certaines pistes envisagées. ». Dans Libération le 20 décembre, le directeur général de France Terre d’Asile et soutien d’E. Macron pendant la présidentielle affirme qu’il « a encore d’autres points probables du texte (projet de Loi sur l’asile présenté en 2018, NDLR) dans le viseur »…Les tribunes ne risquent pas de manquer dans les medias. Le lobbying des associations est « en marche », comme le décrit 20 Minutes.
On le constate, la ligne maximaliste en faveur de l’accueil inconditionnel a de fervents supporters dans le monde médiatique et associatif. Les voix discordantes qui se font entendre – ou que l’on écoute ‑sont rares. Avant même le débat sur la Loi sur l’asile et l’immigration prévu début 2018, Breizh Info s’appuie sur la Loi de Finance 2018 pour souligner que les crédits de lutte contre l’immigration clandestine connaitront une baisse de 5 millions d’euros en 2018. Tout ce buzz médiatique pour ça ? Alors que, comme l’indique La Voix du nord, le budget 2018 consacré à l’asile, l’immigration et l’intégration sera porté en 2018 à 1,3 milliard d’euros, en hausse de 26 % par rapport à 2017.
On trouve rarement dans les différents articles sur le sujet les principaux enjeux :
- L’abandon du règlement Dublin, qui prévoit la réadmission dans le premier pays européen où les demandeurs d’asile sont arrivés. Ce qui revient à remettre en cause l’application par le France d’un texte normatif européen, pour une fois…
- Le respect des conditions de séjour en France.
- Alors que comme l’indique Ouest-France et Le Monde, certains pays comme l’Allemagne ou l’Autriche plafonnent le nombre des demandeurs d’asile à leurs capacités d’accueil, des associations, de rares élus et une large frange des medias plaident pour…que les clandestins puissent rester en France. Ainsi, la distinction entre réfugié politique et économique est qualifiée de « nauséabonde » dans un blog de Mediapart. C’est une « facilité de langage » pour un universitaire qui s’exprime dans L’Express.
À peine envisagées, les mesures visant au respect des règles de séjour ont fait l’objet d’un tir de barrage par médias interposés. Les termes du débat posé dans les organes d’information qui semblent donner le tempo sont réduits à tout ou rien, toute mesure restrictive étant stigmatisée. A l’image de ce journaliste de France Culture pour qui « la question qui est posée est donc bien celle du coût humain de toutes ces mesures destinées à couper l’Europe du reste du monde ». Une coupure bien peu visible ces derniers temps…
Crédit photo : VOA — Nicolas Pinault via Wikimédia (cc)