C’est entendu, l’affaire Hanouna/Boyard, prise de bec entre l’animateur et l’ancien employé de TPMP relève de l’écume médiatique, de l’anecdote. Ce qui est moins anecdotique ce sont les commentaires d’une ancienne responsable du CSA sur Libération et la prise de position de l’ARCOM.
Première diffusion le 20 novembre 2022
L’OJIM prend ses quartiers d’été : du dimanche 28 juillet au dimanche 25 août nous republions les articles les plus significatifs du premier semestre.
Nathalie Sollac et Libé au secours du pauvre Louis Boyard
Nathalie Sollac, professeur des Universités, a été membre du CSA de 2015 à 2021. Elle publie une tribune sur Libération le 16 novembre 2022, « Cyril Hanouna, symptôme d’un dangereux dérèglement médiatique » qui est une attaque en règle contre les « périlleux » moments de liberté dans les médias. Nous regrettons comme elle les grossièretés, les insultes, la vulgarité et notre portrait de Cyril Hanouna n’est pas particulièrement tendre. Mais à partir de là on retrouve le discours culpabilisant qui appelle à la vigilance citoyenne et médiatique, comprenez à la censure :
“Dérivés de la révolution technologique et d’usages, les médias sociaux sont arrivés dans un climat de crise de confiance des citoyens envers leurs institutions, sans garde-fous, ils laissent place au complotisme, à la circulation de fausses informations et aux discours haineux, ils se nourrissent de nos émotions, de nos peurs et de nos angoisses.”
On retrouve le vocabulaire classique justifiant la censure : les « fausses informations » (comprenez celles qui ont permis l’élection de Trump, le Brexit, l’arrivée de Meloni en Italie, les succès du Rassemblement National etc), le complotisme (nier les complots ne serait-il pas une forme de complotisme ?) et bien entendu les « discours haineux » qui justifient toutes les censures sur les réseaux sociaux. On comprend qu’il faut isoler le bon peuple des fous (complotistes, haineux etc) par les fameux « garde-fous ». En fin d’article elle appelle la « sphère médiatique » à agir. Elle fût entendue par l’ARCOM qui s’est auto-saisi.
L’ARCOM à la rescousse contre Bolloré
L’ARCOM c’est le cadeau du premier janvier 2022 : le Conseil Supérieur de l’Audiovisuel (CSA) et la Haute Autorité pour la diffusion des œuvres et la protection des droits sur intenet (Hadopi) fusionnent pour devenir l’Autorité de régulation de la communication audiovisuelle et numérique (ARCOM).
Le « collège » de l’ARCOM est composé de 9 membres nommés par décret pour un mandat de 6 ans non renouvelable. 3 membres sont nommés par le président de l’Assemblée Nationale, 3 par le président du Sénat, un par le conseil d’État et un par la Cour de Cassation. Son président est directement nommé par le président de la République.
Le président de l’Assemblée nationale est un pilier de LREM, la majorité présidentielle, le président du Sénat est un opposant bien débonnaire, le président du Conseil d’État est es qualités le Premier ministre ou le ministre de la Justice, la Cour de Cassation est présidée depuis 2019 par Chantal Arens supposée neutre. Le président de l’ARCOM et ex-président du CSA, Roch-Olivier Maistre, est réputé pour avoir l’échine particulièrement souple. Au total 5 membres sur 9 au minimum dont son président n’ont rien à refuser à l’oligarchie libérale libertaire.
Bolloré comme cible
L’ARCOM a décidé de transmettre le dossier au rapporteur indépendant, membre du Conseil d’État. C’est donc à lui qu’appartiendra de décider d’engager des poursuites et d’instruire le dossier. Ce n’est pas la première fois que C8 est dans la ligne de mire du CSA devenu ARCOM. Hasard, c’est Vincent Bolloré qui possède C8. Nouveau hasard, Louis Boyard, ancien employé de TPMP/C8 est membre de LFI qui veut déposer une proposition de loi ad hoc dirigée explicitement contre Vincent Bolloré le 24 novembre. CQFD.